Les grandes figures historiques du Japon

Nagayo Sensai, le père du système de santé japonais contemporain

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Revenons sur la vie Nagayo Sensai, l’homme qui a révolutionné le système de santé japonais pendant les années qui ont suivi la Restauration de Meiji. Il a également renforcé les mesures de lutte contre les maladies infectieuses.

Pas de confinement imposé lors des épidémies

Nagayo Sensai a également contribué à l’élaboration de mesures de lutte contre les maladies infectieuses. En 1822 et 1858, à l’époque d’Edo, le Japon est en proie à une grave épidémie de choléra, puis à nouveau à l’ère Meiji, en 1877, 1879, 1882 et 1886. Plus de 100 000 personnes succombent à la maladie en 1879 et 1886. Nagayo Sensai comprend alors que l’infection se propageait par l’eau. En 1883, il fait construire un système de tout à l’égout à Kanda, l’un des quartiers de Tokyo les plus touchés par l’épidémie. Peu de temps après, les villes de Yokohama, Nagasaki, Osaka, Kobe, Hiroshima, pour n’en citer que quelques-unes, sont elles aussi raccordées au tout à l’égout. Nagayo Sensai, qui pensait que gouvernement et citoyens devaient lutter contre la propagation de l’infection ensemble, était fermement opposé à des mesures de confinement, telles que nous les connaissons aujourd’hui. Pour lui, le recours à l’autorité par le gouvernement pour la mise en quarantaine de personnes concernées mettrait à mal le succès de l’administration de l’hygiène publique. La réponse du Japon lors de la pandémie de Covid-19, qui consistait à appeler la population à la retenue, a probablement été influencée par l’approche privilégiée par Nagayo Sensai.

Il a également prôné de manière active l’établissement de zones de baignade désignées sur les plages de Futamiura à Ise, dans la préfecture de Mie, et de Yuigahama à Kamakura, dans la préfecture de Kanagawa, pour attirer l’attention la population sur les gestes sanitaires. Il a également aidé à la construction d’un sanatorium en bord de mer, le Kamakura Kaihin. Nagayo Sensai a largement contribué à la santé et au bien-être de chacun dans son ensemble.

Un découvreur de talents

Nagayo Sensai a également reconnu le talent de Kitasato Shibasaburô, le premier à cultiver le bacille dans un milieu de culture pur. Il a découvert les antitoxines mais à son retour au Japon en 1892, il n’est pas invité à l’Université impériale de Tokyo (maintenant Université de Tokyo) et peine à trouver un travail. C’est là que Kitasato lui vient en aide. Après avoir parlé de sa situation à Fukuzawa Yukichi, avec qui il nouait des relations amicales depuis son passage à Tekijuku, Nagayo Sensai contribue à la fondation de la première installation au Japon pour les recherches menées par Kitasato contre les maladies infectieuses. Il développait l’organisation, tandis que Fukuzawa s’occupait du terrain et du bâtiment en lui-même. Celui-ci se tourne vers Morimura Ichizaemon et sollicite son aide financière, et l’Institut privé pour l’étude des maladies infectieuses voit le jour en 1892. Il sera plus tard nationalisé. En 1914, lorsque la juridiction dont relève l’institut est transférée du ministère de l’Intérieur au ministère de l’Éducation, Kitasato se retire dudit institut pour fonder, avec ses propres fonds, l’Institut Kitasato, un nouveau centre de recherche médicale. Cet institut formera de nombreux chercheurs japonais de premier plan.

Autre grand nom à retenir : celui de Gotô Shinpei. En tant qu’homme d’État, Gotô Shinpei a occupé divers postes, dont celui de ministre des Communications, ministre des Affaires étrangères, maire de Tokyo, ministère des Affaires intérieures et président de l’Institut pour la reconstruction, suite au Grand tremblement de terre du Kantô, en 1923. Cependant, le point d’orgue de sa carrière à succès est le moment où il devient praticien puis chef d’un hôpital avant d’être nommé directeur du Bureau de l’hygiène, après le départ de Nagayo Sensai, à qui il doit sans aucun doute en partie sa carrière à succès.

Des enfants de la balle

En tant que bureaucrate technique, Nagayo Sensai a mis à profit ses connaissances médicales pour la création des systèmes médicaux et d’hygiène encore en place au Japon aujourd’hui. Ses pairs étaient praticiens et nombreux de ses fils ont plus tard suivi les pas de leur père. Son fils aîné Shôkichi a étudié la médecine en Allemagne et a établi le premier hôpital spécialisé dans la gastroentérologie après son retour à Tokyo. Établissement de renom, il admettra Natsume Sôseki pour le traitement d’un ulcère gastrique. Shôkichi était également activement impliqué dans la Dai Nihon Shiritsu Eisei Kai (maintenant Association de santé publique japonaise), fondée par Nagayo Sensai. Ce dernier était convaincu de l’importance de la collaboration des secteurs public-privé pour la mise en place de mesures hygiéniques. Son troisième fils, Matarô, a étudié les pathologies, également en Allemagne. Après son retour au Japon, il devient professeur à l’Université impériale de Tokyo, puis doyen de sa Faculté de médecine. Plus tard, il est choisi comme premier directeur de l’Association de cancérologie du Japon et mène des travaux de recherches contre la maladie.

Le quatrième fils de Nagayo Sensai, Yûkichi, quant à lui, s’est tourné vers le monde des affaires. Il devient le président de la Domei Tsushin, l’agence de presse officielle de l’Empire du Japon. Enfin, son cinquième fils, Yoshirô, devient auteur et dramaturge, membre de la société littéraire Shirakabaha. Parmi ses œuvres les plus célèbres figure notamment « Le Christ en bronze » (Seidô no Christ).

(Photo de titre : portrait de Nagayo Sensai. Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète, collections numériques)

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