Les grandes figures historiques du Japon

Tange Kenzô, architecte monumental du Japon moderne

Architecture

Tange Kenzô, l’un des plus célèbres architectes du Japon de l’après-guerre, est connu pour de grands ouvrages comme le Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima et le Gymnase olympique de Yoyogi. Ses aménagements urbains ont été salués dans le monde entier, et nombre de ses disciples ont suivi ses traces et accédé à leur tour à la renommée internationale. Il est décédé en 2005, mais son héritage est toujours vivant.

Toujours accompagné par Le Corbusier

Tange Kenzô est né en 1913 à Sakai (préfecture d’Osaka), et il a passé son enfance à Imabari (préfecture d’Ehime), où se trouvait la maison de famille de son père. Une fois diplômé de l’École des hautes études de Hiroshima (l’un des établissements qui ont précédé l’Université de Hiroshima), il est entré au Département d’architecture de l’Université impériale de Tokyo (aujourd’hui Université de Tokyo). Il a été fortement impressionné par l’architecte français contemporain Le Corbusier, et c’est toujours avec un livre de lui sous le bras qu’on le voyait arpenter le campus. Une fois diplômé, il a pris un emploi dans un cabinet d’architecture, mais il est ensuite retourné à l’université pour y poursuivre des études supérieures d’aménagement urbain et d’architecture.

Après la Seconde Guerre mondiale, Tange a été embauché comme professeur adjoint au Département d’architecture de l’Université de Tokyo, et il s’est lancé dans la carrière d’architecte en travaillant en dehors de son laboratoire à l’université. Il a alors conçu de nombreux édifices et espaces publics, dont le Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima, le Bâtiment du gouvernement préfectoral de Kagawa, l’Hôtel de ville de Tokyo, le Gymnase olympique de Yoyogi, la Cathédrale Sainte-Marie de Tokyo et le Festival Plaza de l’Exposition universelle d’Osaka en 1970.

La Cathédrale Sainte-Marie de Tokyo, achevée en 1964, est l'un des ouvrages qui ont valu à Tange l'attention de la communauté internationale. (Pixta)
La Cathédrale Sainte-Marie de Tokyo, achevée en 1964, est l’un des ouvrages qui ont valu à Tange l’attention de la communauté internationale. (Pixta)

Arrivé à l’âge de la retraite en 1973, Tange quitta son poste à l’Université de Tokyo. Le travail auquel il s’est livré par la suite relevait moins du métier d’architecte que de celui, pourrait-on dire, de « concepteur urbain ». Reconnu dans le monde entier pour son génie en matière de création de plans destinés à de nouvelles capitales, de planification urbaine et de conception de grands ensembles, il a produit des ouvrages dans des endroits comme les pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient, les pays africains en développement et Singapour.

Dans les plans qu’il a dressés pour le Bâtiment du gouvernement préfectoral de Kagawa, un édifice moderniste achevé en 1958, Tange s’est servi de poteaux et de poutres en béton pour reproduire l’ossature d’un bâtiment japonais traditionnel en bois. (Jiji)
Dans les plans qu’il a dressés pour le Bâtiment du gouvernement préfectoral de Kagawa, un édifice moderniste achevé en 1958, Tange s’est servi de poteaux et de poutres en béton pour reproduire l’ossature d’un bâtiment japonais traditionnel en bois. (Jiji)

Des chefs-d'œuvre architecturaux adaptés à leur époque

Au cours de sa carrière, Tange a conçu un grand nombre d'œuvres architecturales aux quatre coins du monde, mais la majorité de ses chefs-d'œuvre ont vu le jour au Japon, en particulier au cours de la période qui va de 1949, année du début de sa carrière d’architecte, à 1970, année de la tenue d’Expo ’70 à Osaka.

Isozaki Arita, l’un des grands disciples de Tange, observe que « la destinée de l’archipel dévasté était omniprésente dans son œuvre, mais en ce qui concerne les idées et les méthodes qu’il appliquait à l’aménagement urbain et à la conception architecturale, il avait les yeux ouverts sur le monde ». Ici, l’expression « destinée de l’archipel dévasté » fait référence à la reconstruction des villes du Japon détruites à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, et à l’avènement de la période de croissance économique rapide qui s’est ensuivie. On peut dire que les concepts de Tange en matière de villes et d’édifices étaient en adéquation avec la situation qui prévalait à l’époque.

Au nombre des œuvres de Tange qui incarnent cette adéquation, on peut citer le Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima et le Gymnase olympique de Yoyogi. Le parc a été créé en face du Dôme de la bombe atomique. Il a été conçu pour servir à la fois de mémorial consacré aux victimes du bombardement et de site dédié à la construction de la paix. Le gymnase a été érigé sur le site de l’ancien quartier de Washington Heights, qui abritait les membres des forces armées américaines et leurs familles dans les années qui ont suivi la guerre. Cet étonnant édifice a accueilli les championnats de natation et de basket-ball des Jeux olympiques de Tokyo de 1964. Et il a envoyé au reste du monde le message que Tokyo s’était superbement remise des dégâts infligés pendant la guerre.

Le Musée du Mémorial de la Paix de Hiroshima est l'édifice central du Parc du Mémorial de la Paix, achevé en 1949. Cette œuvre constitue le coup d'envoi de la carrière de Tange. (Pixta)
Le Musée du Mémorial de la Paix de Hiroshima est l’édifice central du Parc du Mémorial de la Paix, achevé en 1949. Cette œuvre constitue le coup d’envoi de la carrière de Tange. (Pixta)

Le Gymnase olympique de Yoyogi, coiffé d'un impressionnant toit suspendu, a été achevé en 1964 pour les Jeux olympiques de Tokyo. (Pixta)
Le Gymnase olympique de Yoyogi, coiffé d’un impressionnant toit suspendu, a été achevé en 1964 pour les Jeux olympiques de Tokyo. (Pixta)

Le Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima a aussi servi de tribune internationale pour l’envoi de messages appelant à une paix durable, tels que les discours prononcés par le président des États-Unis Barack Obama et le pape François. Le Gymnase olympique de Yoyogi reste quant à lui très apprécié du public en tant qu’il fait partie de l’héritage physique des Jeux olympiques de Tokyo de 1964, et il continue d’héberger toutes sortes d’événements, avec un calendrier extraordinairement rempli.

Le pape François visite le Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima le 24 novembre 2019. (Jiji)
Le pape François visite le Parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima le 24 novembre 2019. (Jiji)

Suite > Les nombreux éminents disciples de Tange

Tags

architecture personnage

Autres articles de ce dossier