Les grandes figures historiques du Japon

Shibusawa Eiichi, « le père du capitalisme japonais » et profond humaniste

Économie Histoire

Au cours de sa vie, Shibusawa Eiichi, entrepreneur et dirigeant du monde des affaires de l’ère Meiji, a fondé plus de 500 banques et entreprises commerciales et contribué à leur gestion, ce qui lui a valu la réputation de « père du capitalisme japonais ». Mais il pensait aussi que l’éthique et l’activité économique étaient inséparables et que l’intérêt général devait passer avant le profit. Mettant cette doctrine en pratique, il s’est impliqué dans quelque 600 organismes d’aide sociale. Le Musée mémorial Shibusawa Eiichi de Tokyo retrace l’histoire de cet influent industriel et philanthrope.

Le capitalisme du cœur

Le célèbre dirigeant du monde des affaires Shibusawa Eiichi (1840-1931) a contribué à jeter les fondations de la puissance économique et financière du Japon moderne, d’où son surnom de « père du capitalisme japonais ». Et pourtant, loin de mettre les profits au premier plan, il avait adopté une doctrine qui prônait l’harmonie entre l’éthique et l’économie et encourageait les entreprises commerciales à placer l’intérêt général avant les profits financiers.

 Statue en bronze de Shibusawa Eiichi sur le site de son ancienne résidence à Tokyo.
 Statue en bronze de Shibusawa Eiichi sur le site de son ancienne résidence à Tokyo.

Le Musée mémorial Shibusawa Eiichi, situé dans le Parc Asukayama, au nord de Tokyo, retrace la vie de ce penseur et homme d’affaires influent. Le bâtiment actuel, ouvert en 1998, se dresse sur le site qu’occupait la maison de Shibusawa, une élégante résidence de style occidental où il a passé l’automne de sa vie. Le salon de thé Bankôro et la bibliothèque Seienbunko, deux édifices centenaires qui jouxtent le musée, servaient à Shibusawa pour l’accueil des dirigeants du monde des affaires et des hauts dignitaires. Ces deux édifices sont classés Biens culturels importants.

Le salon de thé Bankôro est doté d’une cheminée en briques de style occidental et d’un mobilier finement décoré.
Le salon de thé Bankôro est doté d’une cheminée en briques de style occidental et d’un mobilier finement décoré.

Depuis peu, la doctrine de Shibusawa, qui accorde la priorité à l’intérêt général, revient sur le devant de la scène à mesure que les membres du monde de l’entreprise sont de plus en plus nombreux à remettre en question les objectifs à court terme, axés sur le profit, qui ont conduit à la crise financière mondiale de 2008.

 Shibusawa Eiichi à l’âge de 70 ans. (Photo avec l’aimable autorisation du Shibusawa Eiichi Memorial Museum)
 Shibusawa Eiichi à l’âge de 70 ans. (Photo avec l’aimable autorisation du Shibusawa Eiichi Memorial Museum)

La bibliothèque Seienbunko, construite en 1925, est ornée d’une façade extérieure en brique et de vitraux.
La bibliothèque Seien bunko, construite en 1925, est ornée d’une façade extérieure en brique et de vitraux.

Selon Inoue Jun, le directeur du musée, le nombre de visiteurs est en hausse régulière depuis quelques années, notamment grâce à la présence parmi eux de dirigeants d’entreprises en provenance de pays voisins comme la Chine, la Corée du Sud et Taiwan. Inoue explique que les idées de Shibusawa, influencées par le confucianisme, suscitent un regain d’attention dans toute l’Asie de l’Est. « C’est particulièrement vrai dans le cas de la Chine, où l’aggravation des difficultés économiques s’est accompagnée d’un renouveau d’intérêt de la jeune génération pour les Analectes de Confucius », dit-il, en soulignant l’accueil chaleureux reçu par l’ouvrage de Shibusawa « Les Analectes et l’Abacus » (Rongo to soroban). Il explique que l’intérêt universitaire pour Shibusawa progresse lui aussi. « En 2006, l’École normale supérieure du Centre de la Chine, à Wuhan, a donné le nom de Shibusawa à un centre de recherche, et l’Université du Missouri, aux États-Unis, a ouvert un cours portant sur sa vie et ses idées. »

(Dans le sens des aiguilles d’une montre à partir d’en haut à gauche) Inoue Jun, directeur du Shibusawa Eiichi Memorial Museum ; façade extérieure du musée ; exposition dans le hall d’entrée du musée.
(Dans le sens des aiguilles d’une montre à partir d’en haut à gauche) Inoue Jun, directeur du Musée mémorial Shibusawa Eiichi ; façade extérieure du musée ; exposition dans le hall d’entrée du musée.

Suite > Priorité à l’intérêt général

Tags

économie histoire international

Autres articles de ce dossier