Exploration de l’histoire japonaise

L’élaboration de la première constitution du Japon : droits du peuple et inspirations occidentales

Histoire

Après avoir renversé le shogunat, le nouveau gouvernement de Meiji est vite confronté à la question des droits du peuple, au défi de l’instauration d’une assemblée nationale et d’une constitution. Dans cet article, nous allons décrire les différentes étapes et les manœuvres politiques qui, en deux décennies, ont accompagné l’élaboration de la constitution japonaise et permis qu’elle voie le jour en 1889.

Achèvement et promulgation

Tous les éléments d’un système constitutionnel étant en place, Itô et son équipe s’attèlent en 1886 à la rédaction de la constitution. Installés à Azumaya, une auberge traditionnelle située dans le quartier de Kanazawa, à Yokohama et aidés du juriste allemand Hermann Roesler venu leur apporter conseil, ils examinent les différents projets.

Un jour cependant, le sac qui contient leurs ébauches de constitution disparaît. Ce vol provoque stupeur et consternation. Ils craignent par-dessus tout que le groupe de défense des droits du peuple ne prenne connaissance de leur projet. Mais le voleur qui ne s’intéresse qu’aux objets de valeur, s’est débarrassé du sac et de ses documents en les jetant dans un champ voisin.

L’incident les pousse à s’installer dans la villa d’Itô sur l’île de Natsushima, au large de Kanazawa. Là, les quatre hommes peuvent débattre à bâtons rompus, les débats frisent parfois l’invective mais le projet de constitution de Natsushima est achevé en août 1887.

Les délibérations auront été nombreuses au sein du Conseil privé, organe consultatif de l’empereur Meiji nouvellement créé. Mais la Constitution de l’Empire du Japon, aujourd’hui communément appelée Constitution de Meiji, est finalement promulguée le 11 février 1889.

Après quelques retouches, le projet de constitution de Natsushima est achevé en mars 1888. Sur la couverture on distingue la signature de Itô Hirobumi qui, lors des réunions du Conseil privé, aurait annoté le texte au crayon en indiquant les modifications à y apporter. (Avec l’aimable autorisation de la bibliothèque de la Diète nationale)
Après quelques retouches, le projet de constitution de Natsushima est achevé en mars 1888. Sur la couverture on distingue la signature de Itô Hirobumi qui, lors des réunions du Conseil privé, aurait annoté le texte au crayon en indiquant les modifications à y apporter. (Avec l’aimable autorisation de la bibliothèque de la Diète nationale)

Une copie de l’original de la Constitution de Meiji (Kyôdô)
Une copie de l’original de la Constitution de Meiji (Kyôdô)

Conférée au peuple par l’empereur, cette constitution a pour fondement la souveraineté impériale (tennô taiken). L’empereur peut déclarer la guerre, faire la paix, conclure des traités, nommer et révoquer les fonctionnaires, il commande également l’armée et la marine. Le premier article de la Constitution stipule que « l’Empire du Japon sera régi et gouverné par une lignée d’empereurs ininterrompue pour les siècles des siècles. », tandis que le troisième précise « l’Empereur est sacré et inviolable ».

Cette constitution de Meiji est-elle donc un geste antidémocratique pour asseoir le pouvoir dictatorial de l’empereur? Je ne le pense pas et je m’en expliquerai dans un prochain article.

(Photo de titre : le Conseil privé. Fondé en 1888 pour discuter de la Constitution, ce conseil était pendant ’ère Meiji composé d’hommes d’État et de hauts fonctionnaires, l’empereur assistait aux délibérations. « Une réunion du Conseil privé » [Sûmitsuin kaigi no zu] de Yôshû Chikanobu. Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète.)

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histoire culture constitution Edo Meiji

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