Exploration de l’histoire japonaise

La révolution industrielle du Japon : rattraper les puissances occidentales

Histoire Culture

Kawai Atsushi [Profil]

À partir de la Restauration de Meiji en 1868, le Japon a fait des progrès rapides pour s’industrialiser, en renforçant notamment ses réseaux de transport et de communication et en révolutionnant son industrie légère au tournant du siècle. Pourquoi cette modernisation et comment l’Archipel s’y est-il pris pour rattraper son retard par rapport aux grandes puissances ?

L’éducation a favorisé l’industrialisation rapide

Les bases de la modernisation rapide du Japon au début de l’ère Meiji (1868-1912) ont cependant été jetées pendant la période Edo (1603-1868). En plus de l’élite des samouraïs qui étudiait alors dans les écoles des domaines, un grand nombre de gens ordinaires ont appris à lire et à écrire dans les terakoya (les écoles des temples locaux). L’industrie de l’édition a alors prospéré, permettant une éducation personnelle par la lecture. Le Japon a également développé sa propre forme avancée de mathématiques, appelée wasan. L’enseignement primaire du pays était sans doute le meilleur au monde à l’époque.

Les enfants apprennent dans un terakoya. Issunshi Hanasato, ca. 1844-1848. (courtoisie de la Bibliothèque métropolitaine centrale de Tokyo
Les enfants apprennent dans un terakoya (Issunshi Hanasato, 1844-1848). (Photo avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque métropolitaine de Tokyo)

Le Commodore américain Matthew Perry voulait montrer les merveilles de la civilisation occidentale au Japon lorsque les deux pays ont signé le traité de paix et d’amitié en 1854. Il a offert aux Japonais des armes américaines, un télégraphe et un modèle de train à vapeur pouvant parcourir 32 kilomètres à l’heure. Un an plus tard, le domaine de Saga avait réussi à construire son propre train à vapeur. Satsuma et d’autres domaines auraient produit des moteurs d’essai encore plus tôt. Uwajima a rapidement construit un bateau à vapeur, et Saga a établi des usines d’armement pour fabriquer des armes sur le modèle des derniers canons Armstrong britanniques.

Une réplique d'un fusil Armstrong se trouve au musée d'histoire du château de Saga dans la préfecture de Saga (avec l'aimable autorisation du Musée d'histoire du château de Saga).)
Une réplique d’un fusil Armstrong se trouve au musée d’histoire du château de Saga, dans la préfecture de Saga. (Photo avec l’aimable autorisation du Musée d’histoire du château de Saga)

Ainsi, dans les derniers jours du shogunat, le Japon n’accusait que peu de retard sur l’Occident et a rapidement pu imiter sa technologie. Perry a également vu le potentiel de modernisation du Japon, prédisant qu’après l’ouverture de leur pays, « les Japonais entreraient comme de puissants concurrents dans la course au succès mécanique à l’avenir ». Le système éducatif hautement développé de la période d’Edo a été un facteur clé du virage rapide vers l’industrialisation et vers une économie capitaliste après la Restauration de Meiji, ce qui a peu à peu amené le Japon vers sa position ultérieure en tant que grande puissance mondiale.

(Photo de titre : l’une des figures principales de la Restauration de Meiji, Ôkubo Toshimichi, au centre, s’adresse à l’empereur Meiji et à l’impératrice Shôken lors de la cérémonie d’ouverture de la première exposition industrielle nationale. Yôshû Chikanobu, 1877. Photo avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)

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Kawai AtsushiArticles de l'auteur

Né à Tokyo en 1965. Professeur invité à l’Université Tama. Achève son cursus doctoral en histoire à l’Université Waseda, puis mène ses travaux de recherche et d’écriture sur l’histoire tout en enseignant l’histoire japonaise dans le secondaire. Auteur de plus de 200 textes, dont les ouvrages récents Nihonshi wa gyaku kara manabe (Étudier l’histoire japonaise à rebours) et Isetsu de yomitoku Meiji ishin (Comprendre la restauration de Meiji via les théories dissidentes).

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