Exploration de l’histoire japonaise

La révolution industrielle du Japon : rattraper les puissances occidentales

Histoire Culture

À partir de la Restauration de Meiji en 1868, le Japon a fait des progrès rapides pour s’industrialiser, en renforçant notamment ses réseaux de transport et de communication et en révolutionnant son industrie légère au tournant du siècle. Pourquoi cette modernisation et comment l’Archipel s’y est-il pris pour rattraper son retard par rapport aux grandes puissances ?

Une économie capitaliste en moins de 30 ans

Des exemples comme les chemins de fer et la filature de soie de Tomioka montrent comment les techniciens et universitaires occidentaux embauchés par le gouvernement ont grandement contribué à la vigueur de l’industrie japonaise. Au total, quelque 3 000 spécialistes étrangers sont venus au Japon, dont plus de 500 à la seule année 1876.

Puisqu’ils étaient hautement qualifiés, leurs services avaient un prix élevé. Par exemple, alors que le haut fonctionnaire japonais Sanjô Sanetomi gagnait 800 yens par mois en tant que grand ministre d’État, l’ingénieur britannique Thomas Kinder recevait un salaire mensuel de 1 045 yens pour son travail à la Monnaie impériale. Les récompenses généreuses offertes aux experts occidentaux témoignent de la détermination du gouvernement japonais à moderniser l’industrie du pays.

Le ministère de l’Intérieur a organisé sa première exposition industrielle nationale en 1877 au parc d’Ueno. Quatre autres se tiendront jusqu’en 1903. Ces rassemblements se sont inspirés des évènements similaires tenus dans d’autres pays, et ont contribué à promouvoir l’industrie et le commerce moderne. La première exposition présentait 84 000 produits dans six catégories, dont l’agriculture, l’horticulture et les machines. Elle a connu un grand succès, attirant 450 000 visiteurs en 100 jours environ.

La première exposition industrielle nationale. Kobayashi Kiyochika, 1877. (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète.)
La première exposition industrielle nationale (Kobayashi Kiyochika, 1877). (Photo avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)

Au début des années 1880, le ministre des Finances Matsukata Masayoshi a introduit des politiques de déflation qui ont fait chuter les prix des produits agricoles et mis en faillite de nombreux agriculteurs. Certains riches investisseurs en ont cependant profité pour acheter des terres agricoles bon marché aux agriculteurs ruinés, et sont alors devenus des « propriétaires parasites », en mesure de récolter de gros bénéfices en louant le terrain à des fermiers. Avec les marchands de la ville, ils ont commencé à acheter et à vendre des actions et à créer de nouvelles entreprises. Les trois années à partir de 1886, en particulier, ont été une période faste pour l’entrepreneuriat.

Matsukata Masayoshi (1835–1924) a exercé plusieurs mandats comme ministre des Finances et a été premier ministre à deux reprises, entre 1891 et 1892, et entre 1896 et 1898. (Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète.)
Matsukata Masayoshi (1835–1924) a exercé plusieurs mandats comme ministre des Finances et a été Premier ministre à deux reprises, entre 1891 et 1892, et entre 1896 et 1898. (Photo avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque nationale de la Diète)

L’industrie du coton et de la soie, ainsi que d’autres industries légères, ont rapidement prospéré. La filature privée d’Osaka a incorporé de nombreuses machines de fabrication britannique, pionnières dans la production mécanisée à grande échelle et à vapeur. Les employés travaillaient en équipe de jour ou de nuit, maintenant la fabrique en fonctionnement 24 heures sur 24, permettant ainsi de produire avec succès de grandes quantités de fil de coton chaque jour. Soit dit en passant, de nombreux employés, travaillant de longues heures pour un faible salaire, étaient les enfants d’agriculteurs en faillite qui avaient été victimes des politiques de déflation.

Comme les fils étaient extrêmement bon marché à produire, d’autres investisseurs ont pris conscience des bénéfices potentiels et ont créé des entreprises similaires ailleurs. L’importance de la production et de l’exportation des fils de coton et de soie a assuré au Japon une véritable révolution industrielle dans l’industrie légère de la fin du XIXe siècle. Moins de 30 ans après la Restauration de Meiji en 1868, le pays avait établi une économie capitaliste.

Suite > L’éducation a favorisé l’industrialisation rapide

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