Les fruits japonais : le goût de la perfection

« Yuzu », « sudachi » et « kabosu » : un zeste d’agrume qui transforme la cuisine japonaise

Gastronomie

L’hiver et le début du printemps sont les périodes parfaites pour apprécier de bons petits plats qui rechauffent le corps. Au Japon, la cuisine de saison met à l’honneur de nombreux agrumes essentiels pour relever la saveur d’un mets. Il s’agit notamment des kôsan kankitsu, ou agrumes aigres. Le Japon en compte plus de 60 variétés extrêmement acides. Partons à la découverte de ces fruits, petits par leur taille mais grands par leur importance dans la cuisine japonaise.

Yuzu, sudachi, kabosu : quelles sont leurs différences ?

Avec autant de noms différents bien difficile de retenir lequel est quoi. S’ils peuvent sembler similaires, ils se distinguent par leur taille, leur parfum et leur saveur. Petit récapitulatif de leurs différentes caractéristiques.

Yuzu (Citrus junos)

Yuzu vert (© Pixta)
Yuzu vert (photo : Pixta)

Roi incontesté des kôsan kankitsu, le yuzu se retrouve partout dans la cuisine japonaise. Il résiste aux températures froides et se prête relativement bien à l’agriculture biologique. Le yuzu jaune, généralement commercialisé vers le mois novembre, est le plus connu, le yuzu vert lui se trouve sur les étalages dès la mi-août jusqu’au mois d’octobre. C’est sous forme de zeste qu’il est le plus couramment utilisé.

Plus gros que le sudachi mais plus petit que le kabosu, il se distingue par sa peau rugueuse. Environ 80 % des yuzu destinés à la consommation intérieure sont cultivés dans les préfectures de Kôchi, Tokushima et Aichi. On les trouve aussi abondamment dans les jardins privés. Lorsqu’ils mûrissent, ils passent du vert foncé au jaune.

Le yuzu apparaît pour la première fois dans le Shoku Nihongi, datant de l’an 771. On y apprend que chez les nobles, ces agrumes, ainsi que du sel, étaient communément servis avec du saké lors des fêtes. Le yuzu était donc vraisemblablement déjà très prisé à l’époque. Il est également maintenant bien répandu dans les pays occidentaux. La saveur du yuzu se distingue nettement de celle du citron vert et du citron.

Même mûr, le yuzu, qui prend une couleur jaune, est assez acide. C’est pourquoi, il n’est généralement pas consommé tel quel, mais son arôme peut facilement donner du relief à un plat. La peau séchée du fruit est également utilisée dans le shichimi tôgarashi, un mélange traditionnel d’épices pimenté. Autre utilisation, les bains de yuzu. Se prélasser dans un bon bain chaud où trempent des yuzu serait le moyen de rester en bonne santé en hiver. Depuis peu, hors de l’Archipel, ils sont utilisés dans des sels de bain. On les retrouve dans des desserts comme des sorbets ou des macarons, ainsi que dans des thés extrêmement parfumés. Les huiles aromatiques contenues dans le zeste du yuzu interviennent également dans la composition nombreux parfums.

Sudachi (Citrus sudachi)

Beaucoup de pépins pour un si petit fruit (© Pixta)
Le sudachi : beaucoup de pépins pour un si petit fruit (photo : Pixta)

Ils sont particulièrement connus pour leur arôme. Le nom sudachi vient de l’ancien mot japonais sutachibana, composés des mots su (vinaigre) et tachibana, le nom d’un autre agrume traditionnel. La quasi-totalité, 90 %, des sudachi est produite dans la préfecture de Tokushima. Avec leur taille pas plus grosse qu’une balle de ping-pong, c’est le plus petit des trois agrumes.

Comme nous l’avons mentionné ci-dessus, des analyses génétiques ont démontré qu’un des ancêtres de ce fruit est le yuzu. Le sudachi a été pour la première fois mentionné en 1709, dans le Yamato honzô écrit par le philosophe Kaibara Ekken, sous le nom de riman. Ils se récoltent de la mi-août à octobre, coïncidant avec celle des champignons matsutake et la prise de brochet et de maquereau. Leur saveur plutôt prononcée se marie parfaitement avec celle des sudachi. Par ailleurs, frais et plus acides, ils sont le petit plus qui viendra agrémenter une boisson alcoolisée comme le shôchû avec soda. Enfin, ils sont utilisés pour parfumer des nouilles comme les soba, les sômen, et les udon.

Kabosu (Citrus sphaerocarpa)

Poulet frit kara-age servi avec sudachi pour l’assaisonnement (© Pixta)
Poulet frit kara-age servi avec kabosu pour l’assaisonnement (photo : Pixta)

Le kabosu a à peu près la taille d’une balle de tennis. Il est donc plus gros que le yuzu et le sudachi. Principalement produits dans la préfecture d’Ôita, ils ont une peau lisse, vert clair et leur chair est de couleur orangée. On les récolte généralement en septembre et octobre.

Les kabosu seraient produits dans la préfecture d’Ōita depuis environ 300 ans. Un médecin local serait allé étudier en Chine pendant la période d’Edo (1603-1867) et en aurait rapporté des plants dont un moine lui aurait fait cadeau. Les kabosu rehaussent les saveurs plutôt que de les masquer, notamment celle du poisson fugu ou d’autres plats de poisson à chair blanche. Riches en jus, on les utilise souvent pour la préparation de marinades, ou de sauces comme le ponzu pour les marmites nabe en hiver, et de boissons. Le kabosu est plus acide que le yuzu ou le sudachi. Il est devenu l’ingrédient indispensable à la préparation du poisson fugu dans l’ouest du Japon.

Un potentiel encore largement inexploité

Ces fruits acides, mais pas trop, sont le complément idéal pour des sashimi par exemple. Toutefois, leur utilisation dans la cuisine internationale reste encore peu répandue, en raison notamment des restrictions sur les importations de ce fruit en vigueur jusqu’à il y a encore peu. Actuellement relativement peu utilisés dans la gastronomie hors de l’Archipel, le moment est peut-être venu pour les grands cuisiniers du monde entier de se réinventer et de revisiter leurs propres plats. Les kôsan kankitsu japonais pourraient être un excellent moyen de le faire. (Voir notre article : La France et l’Espagne se découvrent une passion pour le fruit « yuzu »)

Boissons rafraîchissantes à base de sudachi et de kabosu fermentés dans de l’alcool : un sudachi sawâ (au centre) et un kabosu sawâ (à droite).  Avec la collaboration de Tsukanto Toranomon Hills. (© Nippon.com)
Boissons rafraîchissantes à base de sudachi et de kabosu fermentés dans de l’alcool : un sudachi sawâ (au centre) et un kabosu sawâ (à droite). Avec la collaboration de Tsukanto Toranomon Hills. (Photo de Nippon.com)

(Texte de Doi Emiko, de Nippon.com. Photo de titre : de gauche à droite, sudachi, yuzu et kabosu)

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