Améliorez votre japonais !

Les meilleurs moyens pour apprendre à lire le japonais

Le japonais Livre

Lire le japonais couramment est l’objectif ultime de beaucoup de ceux qui se lancent dans l’apprentissage de cette langue. Voici quelques conseils qui devraient les aider à progresser dans cette voie.

La lecture : le meilleur moyen de progresser

Dans notre série « Améliorez votre japonais ! », nous avons déjà passé en revue les trois types de caractères différents utilisés par les Japonais pour transcrire leur langue. Deux articles ont été consacrés aux syllabaires hiragana et katakana et deux aux idéogrammes (kanji). Pour lire le japonais, il faut bien entendu commencer par maitriser les trois composantes de son système graphique.

On pourrait se laisser facilement griser par le nombre de caractères que l’on a appris. Mais ce n’est pas parce que l’on connaît les quelques 2 000 jôyô kanji « d’usage courant » considérés comme indispensables, que l’on est forcément capable de lire couramment le japonais...

Au bout du compte, rien ne peut remplacer une pratique assidue de la lecture. Au début, les courts extraits inclus dans les manuels d’apprentissage de la langue sont largement suffisants pour faire des progrès. Il arrive toutefois un moment où il faut franchir le pas et se plonger dans les textes écrits pour des lecteurs dont c’est la langue maternelle. On risque alors d’être décontenancé devant la quantité considérable des ouvrages disponibles, au point de ne pas savoir par où commencer. Quand on doit faire un choix, le facteur le plus important à prendre en considération est la motivation. Quelles sont les véritables raisons qui vous poussent à lire et quel profit tirera-t-on de ses lectures ? En clair, pourquoi fait-on cela ? Autant de questions qu’il convient de se poser mais sans jamais oublier le niveau de difficulté. Car un texte trop ardu se traduira inévitablement par une baisse de l’attention et des résultats.

La stratégie la plus efficace consiste à s’orienter vers le genre d’écrits que l’on aime lire dans sa propre langue que ce soit dans le domaine de l’information, des mangas, des jeux, de la fiction ou de la non-fiction. Au cours du périple que j’ai effectué pour apprendre à lire couramment le japonais, j’ai passé beaucoup de temps avec les romans policiers de Higashino Keigo et les romans de Murakami Haruki. Les goûts de chacun ont une telle importance qu’il est difficile de donner des conseils valables pour tout le monde. Mais voici quand même quelques pistes qui devraient vous permettre de vous repérer dans l’océan des matériaux disponibles.

Tenir compte de son niveau

Un des moyens de s’y retrouver est de se connecter à des réseaux sociaux correspondant à ses propres centres d’intérêt. Twitter par exemple, donne accès un flot inépuisable de textes courts qui le cas échéant seront une incitation à lire des articles plus longs. Si on ne sait vraiment pas par où commencer, cela peut aussi constituer une manière de découvrir des sites Internet en japonais que l’on aura envie de consulter de façon régulière. Le jargon de certains utilisateurs de la toile a souvent de quoi décourager, mais il y a aussi des sites qui utilisent un japonais de base à la portée des apprenants, notamment @yasashiinews. Le site Internet NHK News Web Easy propose quant à lui quantité de comptes rendus de l’actualité rédigés dans une langue relativement simple.

Lorsqu’on se trouve en dehors du Japon, se procurer des ouvrages imprimés peut s’avérer compliqué et coûteux. Mais pour ceux qui sont sur place, le choix est immense avec un rapport qualité-prix bien plus intéressant que pour le matériel pédagogique destiné aux étudiants étrangers. En fait, il faut commencer par prendre conscience de son niveau. Certains textes sont conçus pour des élèves des différentes classes de l’école primaire et je dois dire qu’au début de mon apprentissage, je m’en suis beaucoup servi. J’ai aussi compris que les livres de poche (bunkobon) étaient plus adaptés que leurs équivalents reliés (tankôbon) parce qu’ils donnent très souvent la lecture des kanji rares avec des tout petits caractères appelés furigana, placés juste à côté ou au-dessus.

Lecture rapide et lecture approfondie

Quand on veut apprendre à lire couramment, on a le choix entre deux techniques différentes. La première, appelée lecture approfondie, consiste à parcourir un texte relativement court et difficile en s’efforçant de le comprendre parfaitement, quitte à s’interrompre en cours de route pour vérifier soigneusement chacun des mots que l’on ne connaît pas. C’est la méthode la plus employée dans les cours de langue où elle va en général de pair avec des questions permettant de vérifier le degré de compréhension du texte. La traduction relève elle aussi de la lecture approfondie.

La seconde technique est la lecture rapide. Elle permet de se faire une idée d’ensemble d’un texte plus long mais aussi plus simple sans s’arrêter pour l’éplucher et à ce titre, c’est aussi une façon de lire pour le plaisir. Elle a le mérite de privilégier au maximum l’information et d’encourager le lecteur à saisir naturellement le sens des mots dans leur contexte. Mais contrairement à la lecture approfondie, elle ne lui donne pas l’occasion de se confronter à des termes et des expressions difficiles à saisir. Un apprentissage associant les deux méthodes peut s’avérer très efficace dans la mesure où il permet de profiter de ce que chacun de ces deux univers a de meilleur.

D’après certains travaux de recherches, pour lire couramment un texte de façon rapide et instructive, il faut être capable de comprendre 98 % de son contenu. Avant de vous plonger dans un livre qui vous tente, vous pouvez évaluer votre niveau de compréhension en comptant le nombre de mots de la première page que vous ne connaissez pas et en calculant le pourcentage qu’ils représentent par rapport à l’ensemble. Bien qu’il ne s’agisse que d’une indication approximative, si le résultat est égal ou supérieur à 10 %, cela veut dire que l’ouvrage en question risque d’être très difficile à lire et qu’il vaut mieux le réserver à une lecture approfondie.

L’importance de la motivation

Après la progression régulière caractéristique de leurs débuts, les apprenants de niveau moyen sont confrontés à une phase de stagnation où ils ont l’impression de ne plus guère progresser. Le moment est venu de passer à autre chose de plus difficile à lire que les manuels de langue. Pour les étudiants adultes, cette période risque de s’avérer particulièrement ardue et pleine de tâtonnements. Il falloir en effet qu’ils disposent en permanence et en quantité suffisante de textes à la fois attirants et du niveau adéquat. (Et je sais par expérience ce que cela veut dire.)

Pour finir, je voudrais insister à nouveau sur l’importance de la motivation. D’une manière générale, la lecture permet de se familiariser avec toutes sortes de structures grammaticales difficiles à mémoriser en dehors d’un contexte. Pour ma part, je me suis régalé en lisant les romans policiers de Higashino Keigo et en même temps, ces ouvrages m’ont aidé à comprendre les textes très divers, depuis des rapports d’entreprise jusqu’à des articles politiques, auxquels j’étais confronté dans ma vie professionnelle. À mon avis, mieux vaut se contenter pour l’essentiel de lire des textes que l’on aime et que l’on trouve motivants plutôt que de se laisser obséder par l’idée de ce que l’on devrait lire, en particulier pendant la phase d’acquisition des aptitudes de base.

Moyens à disposition

Voici un ensemble de suggestions concernant les moyens dont on dispose pour apprendre à lire couramment le japonais. Cette liste, loin d’être exhaustive, est essentiellement centrée sur l’information et sur les livres, en particulier les ouvrages de fiction.

Japonais facile (yasashii nihongo) sur Internet

NHK News Web Easy

Matcha (essentiellement des articles en relation avec les voyages)

Withnews (yasashii Nihongo series) et son compte @yasashiinews

Hukumusume (un site dédié aux contes, Contes et légendes japonais, et autres histoires pour chaque jour de l’année)

Sites d’informations sur Internet

Il y a aussi bien évidemment notre site multilingue Nippon.com qui comporte une version en japonais. La quasi totalité de ses articles sont d’abord mis en ligne en japonais avant d’être traduits et édités en anglais et dans d’autres langues. (Il suffit de cliquer sur日本語 dans la liste des langues figurant en tête de chaque article pour avoir accès à sa version en japonais.)

Yahoo News et NHK News (pour trouver les articles les plus lus, cliquer sur rankings [ランキング]).

Journaux

Les versions imprimées des quotidiens comme le Yomiuri Shimbun et le Asahi Shimbun sont particulièrement recommandées pour ceux qui aiment annoter les textes sur lesquels ils travaillent. Les articles de ces journaux ne sont pas écrits dans une langue simplifiée, mais ils ne s’éloignent pas non plus du japonais standard, ce qui contribue tout même à faciliter leur lecture.

Livres pour enfants

Si vous êtes au Japon, l’idéal consiste à explorer le rayon enfants d’une librairie (toutefois, avec l’épidémie de coronavirus qui sévit à l’heure où j’écris ces lignes, mieux vaut éviter les magasins bondés). Quand vous aurez trouvé un auteur ou un éditeur à votre goût, vous aurez moins de mal à choisir le livre suivant. Je vous conseille les éditions Poplar Pocket Bunko (ポプラポケット文庫). Elles proposent un large éventail d’ouvrages de fiction et de non-fiction avec indication du niveau de difficulté au dos de chaque livre.

Outils pédagogiques

Ce type d’ouvrages peut s’avérer très précieux pour acquérir du vocabulaire dans différents domaines. Par exemple ceux qui concernent la « société » (社会, shakai), notamment l’histoire et la géographie, ou les « sciences » (理科, rika). Si vous préparez les examens d’entrée au collège, essayez くらべてわかるできる子図鑑 (Kurabete wakaru dekiru ko zukan). Les  manuels officiels 漢検漢字学習ステップ (Kanken kanji gakushû step) pour le Test d’aptitude en kanji  (Kanji kentei) peuvent se révéler étonnamment efficaces pour faire des progrès dans la lecture intensive des phrases courtes.

Livres pour adultes

Ils sont vraiment très nombreux. À mon avis, des écrivains comme Higashino Keigo et Murakami Haruki sont non seulement agréables mais aussi relativement faciles à lire. Si vous souhaitez travailler avec une traduction, prenez Konbini ningen de Murata Sayaka, traduit en français  par Mathilde Tamae-Bouhon, et paru chez Denoël sous le titre Konbini, en 2018. Ou bien le roman de science-fiction Pengin haiuei  (« L’autoroute des pingouins ») de Morimi Tomihiko, publié en français sous forme d’un manga intitulé « Le Mystère des pingouins » aux éditions Nobi nobi, en 2019. Mais je vous conseille une fois plus d’explorer les rayons d’une librairie, dans la mesure du possible.

Éditions bilingues

Plusieurs ouvrages ont été publiés avec une traduction en anglais (peu existe en français) en vis-à-vis et des notes. Certains sont relativement faciles à lire, notamment Japanese Stories for Language Learners (« Histoires japonaises pour les étudiants »), paru chez Tuttle, ou les deux volumes de nouvelles et d’essais intitulés Read Real Japanese (« Lire du japonais dans le texte »), publié par les éditions Kôdansha. D’autres sont en revanche d’un niveau de difficulté nettement plus élevé, en particulier Breaking into Japanese Literature (« Introduction à la littérature japonaise »), publié également par Kôdansha et consacré à des grands classiques de la littérature moderne.

(D’après un article en anglais du 25 mars 2020. Photo de titre : tkc-taka/Pixta)

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