
« Ikebana », l’art floral japonais
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L’épanouissement de l’ikebana
La prolifération des maîtres de l’arrangement floral à l'œuvre vers le milieu du XVIIe siècle a contribué à faire de l’ikebana une forme artistique à part entière. L’école d’arrangement floral Ikenobô, la plus ancienne et la plus prestigieuse, a été fondée par Ikenobô Senkei, un moine de l’époque Muromachi qui exerçait son activité sous le patronage de l’aristocratie. Son disciple Sen’ô a continué à promouvoir l’art de son école, en insistant sur le fait que l’admiration des fleurs ne devait pas reposer sur leur seule beauté, mais que les arrangements devaient inclure des éléments symboliques, tels que tiges fanées et branches tordues, qui témoignent de la grandeur de la nature. L’écrivain Kawabata Yasunari a parlé de cette esthétique en des termes qui sont restés célèbres dans son discours « Le Japon, le Beau et moi », prononcé en 1998 lorsqu’il a reçu le prix Nobel de littérature.
Arrangement du style moribana, où les fleurs sont « empilées » dans un bol suiban large et peu profond. (© École d’ikebana Ohara)
Différents styles son apparus au fil des siècles. On peut citer le style originel rikka et le shôka, qui utilisent de une à trois sortes de matériel floral et sont devenus populaires à l’époque d’Edo (1603-1868). Parmi les autres courants aujourd’hui dominants figurent le heika (fleurs en vase), qui procède à de volumineux arrangements dans des vases étroits, et le moribana, où les fleurs sont empilées dans un récipient suiban large et plat. Il arrive que, pour produire l’effet désiré, l’artiste intègre des pierres, de la mousse et même du métal dans sa composition.
L’étiquette et les manières occupent une place prépondérante dans l’ikebana, dont l’objectif central est le respect de la vie des fleurs et le développement spirituel de la personne qui procède à leur arrangement. La maîtrise d’un style exigeant une longue formation et beaucoup de pratique, la plupart des gens passent des années à étudier auprès d’enseignants chevronnés.
Arrangement dans le style rikka shinputai, créé par Ikenobô San’ei, le 45e maître de la lignée ikenobô, pour une cérémonie célébrée à l’occasion du 50e anniversaire de l’Agence des affaires culturelles. (Avec l’aimable autorisation de l’Ikenôbo Kadôkai)
Les styles prédominants
Les écoles d’ikebana les plus influentes sont l’Ikenobô, la Sôgetsu et l’Ohara. Comparées à l’Ikenobô et ses 550 ans d’âge, les deux autres écoles sont indéniablement des créations récentes, puisqu’elles n’ont guère qu’un siècle d’existence. La Sôgetsu, fondée en 1927 par Teshigahara Sôfû, se caractérise par la prépondérance du respect de l’expression individuelle sur la conformité aux styles établis. L’Ohara, créée à la fin du XIXe siècle, se distingue quant à elle par son adhésion au style moribana.
Ikenobô
Arrangement rikka shinputai créé par Ikenobô San’ei, le 45e maître dans la lignée ikenobô. (© Ikenobô Kadôkai)
Sôgetsu
Arrangement composé de branches de cognassier en fleurs et de tulipes, par Teshigahara Akane, le 4e maître dans la lignée Sôgetsu. (Avec l’aimable autorisation de Megumu Wada ; © École Sôgetsu d’ikebana)
Ohara
Arrangement floral moribana de style Ohara dans un récipient suiban (© Ohara-ryû)
Au Japon, la majorité des communautés proposent des cours d’ikebana, et bien des écoles ont des antennes à l’étranger. À mesure de leurs progrès, les élèves accèdent à différents niveaux de certification et, avec le temps, ils peuvent eux-mêmes devenir des professeurs agréés.
(Photo de titre : arrangement du style shôka shôfûtai composé par Nakamura Fukuhiro. © Ikenobô Kadôkai)