Les différents types de château au Japon
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Yamajiro, les châteaux de montagne
Ce type de construction en terrain montagneux a été à une époque le plus favorisé au Japon. Bâtir en hauteur permettait d’apercevoir l’ennemi avant même qu’il n’attaque, et la difficulté à escalader les pentes menant au château présentait un avantage considérable face à lui.
De nombreux châteaux de ce type ont été construits pendant la guerre d’Ônin (1467-77). On dit même qu’entre 30 000 et 40 000 de ces yamajiro auraient été construits durant la période des Provinces en guerre (1467-1568).
À l’époque, tout le Japon était secoué par des conflits internes. Les batailles se déroulaient partout. C’est dans cette conjoncture que les chefs de guerre, qui avaient jusque-là résidé dans des palais au pied des montagnes, se sont mis à ériger des forteresses temporaires carrément à leur sommet. Par conséquent, ils se sont mis à alterner entre les palais sur terrain plats en période de paix et les forteresses sur les montagnes en période de guerre.
Avec la montée des conflits, les seigneurs ont fortifié leurs yamajiro, les étendant parfois le long des crêtes en reliant les diverses parties.
Souvent, des forteresses étaient construites à mi-hauteur de la montagne et puis reliées au sommet. Dans ces cas-là, c’était bien plus que des édifices temporaires, mais toute la montagne qui était fortifiée.
Les châteaux d’Iwamura (préfecture de Gifu), de Takatori (préfecture de Nara) et de Bitchû Matsuyama (préfecture d’Okayama) sont les trois grands yamajiro du Japon. Dans ces structures de montagne, le donjon principal était relié aux autres fortifications. Le château de Bitchû Matsuyama, l’un des douze châteaux d’époque construits avant 1868 qui conserve toujours son donjon d’origine, est celui édifié le plus en altitude.
Les châteaux en terrain plat
Pays très montagneux, le Japon avaient de nombreux châteaux de montagne yamajiro. Mais là où le terrain était plat, sans aucune colline aux alentours, ils étaient construits en plaine. On appelait ces châteaux hirajiro (hira signifie « plat »). Dans ces cas-là, les constructeurs compensaient le manque d’altitude en utilisant au maximum les rivières, marécages et étangs pour les douves, ce qui rendait le château plus difficile à attaquer.
On dit souvent que les yamajiro étaient les architectures de premier choix pendant la période des Provinces en guerre tandis que les hirajiro étaient plus répandus dans l’époque pré-moderne. Mais de nombreux hirajiro avaient été construits sur des marécages à cette époque. Là où les yamajiro avaient un avantage défensif, les hirajiro étaient bien plus faciles pour l’approvisionnement et pour gérer des armées importantes. De nombreux chefs de guerre ont donc fait le choix de construire les deux types de châteaux.
Le château de Yamagata (préfecture de Yamagata) est un bon exemple de hirajiro. Le daimyô (seigneur féodal) Mogami Yoshiaki a construit l’édifice dans sa forme actuelle en 1592, vers la fin de la période des Provinces en guerre.
Hirayamajiro, les châteaux hybrides
La fin de la période des Provinces en guerre a vu la construction de châteaux hybrides. Ces hirayamajiro étaient édifiés sur des collines ou petites hauteurs dans des zones de terrain plat. Le château de Marugame (préfecture de Kagawa) en est un bel exemple. Il est construit sur une hauteur de 66 mètres au centre de la partie nord de la plaine de Marugame. Il surplombe toujours la ville de Marugame aujourd’hui.
De nombreux châteaux datant du début de l’ère moderne, tels les châteaux d’Osaka, de Himeji, de Sendai et de Kumamoto, sont des hirayamajiro. Après la fin de la période des Provinces en guerre, ces châteaux sont devenus les chefs-lieux des seigneurs, d’où ils géraient leurs domaines.
Les châteaux auxiliaires shijô
Alors que les trois grands types de château devaient leur construction à la topographie, les deux autres types, les shijô et le jinshiro, étaient des constructions stratégiques.
Les shijô étaient des châteaux auxiliaires bâtis autour du château principal où résidait le daimyô. Au sens large, ils pouvaient même être des forteresses. Un seul château ne pouvait pas toujours assurer la protection de toute un territoire, et on érigeait donc de multiples shijô pour former un cordon défensif.
Le clan Hôjô était réputé pour ses shijô. Le hirayamajiro d’Odawara (préfecture de Kanagawa) était le chef-lieu du clan, mais le cordon de shijô s’étendait jusqu’à Gunma au nord, le nord de Chiba à l’est, Nagano à l’ouest, et Shizuoka au sud. Il comprenait le Tokyo moderne et les sept préfectures avoisinantes.
Avec les Tokugawa et les Sanada à l’ouest, et les Uesugi au nord, ce réseau de shijô était essentiel pour la gestion du vaste territoire appartenant au clan Hôjô.
Les campements fortifiés jinshiro
Il existait aussi des campements fortifiés ponctuels construits pendant les sièges, et le seigneur Toyotomi Hideyoshi se servait beaucoup de ce modèle.
En assiégeant le château de Tottori en 1581 par exemple, il avait fait construire un cordon de jinshiro qui faisait douze kilomètres de long pour empêcher le ravitaillement du château.
De nombreuses personnes sont mortes de faim au château de Tottori. Ce sont les jinshiro de Hideyoshi qui ont rendu possible ce siège qui reste l’un des épisodes les plus épouvantables de la période des provinces en guerre. Hideyoshi était passionné de châteaux qu’il construisait les uns après les autres, selon ses besoins du moment, et puis abandonnait quand il n’en voyait plus l’utilité. D’autres chefs de guerre ont fait de même mais jamais à l’échelle de Hideyoshi.
On peut dire sans hésitation que les jinshiro de Hideyoshi ont joué un rôle crucial dans l’unification du Japon.
(Photo de titre : le château de Matsumoto est un exemple typique de hirajiro. Pixta)