
Quatorze ans depuis la catastrophe de Fukushima : le résumé des données
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Première tentative de prélèvement de combustible radioactif
En novembre 2024, la compagnie d’électricité TEPCO annonçait avoir réussi à extraire 0,7 gramme de combustible radioactif du réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi. Quatorze ans après la catastrophe, c’est la première fois qu’un échantillon était prélevé. Il a été transporté dans un laboratoire de l’Agence japonaise de l’énergie atomique pour analyse du matériau.
Le tout premier échantillonnage aurait dû se dérouler en 2021, mais l’opération avait dû être retardée à cause de retards dans le développement des équipements necessaires. On estime à 880 tonnes la quantité de combustible et débris radioactifs encore présents dans les réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale. Le planning des extractions futures, réalisées à grande échelle, dépendra des résultats d’analyse du matériau déjà prélevé.
Un échantillon de 0,7 gramme de débris radioactif prélevé dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi a été stocké dans un conteneur dédié. (Avec l’aimable autorisation de la Tokyo Electric Power Company ; © Jiji)
Rejet continu d’eau traitée
Une grande partie de l’eau contaminée utilisée pour refroidir le combustible nucléaire a été traitée afin d’en éliminer la radioactivité, même si le tritium notamment résiste à cette opération de filtrage. Ces eaux traitées ont fait l’objet d’un rejet continu dans le Pacifique tout au long de 2024. TEPCO indique qu’en date du 5 novembre 2024, un total de 78 285 tonnes d’eau nitritée ont déjà été rejetées. Certains réservoirs ayant ainsi pu être vidés, la compagnie a commencé à les démanteler en février 2025.
Réservoir d’eau contaminée en cours de démantèlement à la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi administrée par TEPCO. Photo prise dans la matinée du 14 février 2025. (Avec l’aimable autorisation de Tokyo Electric Power Company ; © Jiji)
La centrale continue chaque jour de générer de l’eau contaminée qui est traitée par un processus de filtration appelé ALPS (Advanced Liquid Processing System). On estime que le rejet de ces eaux dans le Pacifique continuera encore pendant au moins 20 ans, des mesures efficaces restent nécessaires pour gérer la quantité d’eau contaminée produite.
En septembre 2024, les gouvernements japonais et chinois ont convenu que la Chine participerait à la veille des opérations menées sous l’égide de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Si les instituts de recherche chinois confirment que l’eau traitée est sans danger, une reprise progressive des importations de produits de la mer japonais pourra être envisagée.
Les opérations de décontamination continuent dans les quartiers d’habitation
Si les opérations de décontamination des communes à proximité de Fukushima Daiichi progressent, certains quartiers des sept municipalités restent interdits d’habitation.
La décontamination des « zones à reconstruire et redynamiser prioritairement » a été accélérée. Le gouvernement a commencé en juin 2022 à autoriser le retour permanent des évacués dans les périmètres spéciaux initialement interdits d’habitation pour une durée indéterminée et en mai 2023 les autorités ont acté une nouvelle levée des restrictions dans certaines zones. La reconstruction des infrastructures des communes sinistrées d’Ôkuma ou de Futaba avance, mais seule une poignée d’anciens résidents ont exprimé le souhait de revenir habiter les lieux.
L’ordre d’évacuation n’ayant été partiellement levé qu’en août 2022, les habitants de Futaba sont les derniers à avoir recouvré le droit au retour. En mai 2024, les cavaliers ont paradé en ville au retour du Festival de Sôma Nomaoi. C’est la première fois depuis 14 ans que ce triomphal cortège traditionnel pouvait avoir lieu.
En décembre 2024, le gouvernement a réuni les ministres concernés en vue de planifier la réutilisation ou l’élimination des terres générées par le processus de décontamination de Fukushima Dai-ichi. Par ailleurs, un premier plan d’action sera élaboré d’ici le printemps 2025 afin de traiter la terre de tous les sols décontaminés de zones extérieures à la préfecture de Fukushima, ces opérations devront être terminées avant mars 2045.
Affaires judiciaires et autres développements
En décembre 2024, la cour d’appel de la Haute Cour d’Osaka a cassé le jugement du tribunal de district de Kyoto dans un procès intenté par 166 personnes évacuées à Kyoto à cause de la catastrophe. La décision initiale avait retenu la responsabilité conjointe du gouvernement et de TEPCO, le nouvel arrêt a écarté la responsabilité du gouvernement, estimant que seule TEPCO était coupable et l’a condamnée à payer à elle seule les 100 millions de yens et plus d’indemnisation. Cette évolution s’inscrit dans le prolongement d’une décision de la Cour suprême en 2022 ayant jugé que le gouvernement n’avait pas à être tenu responsable, les décisions judiciaires ultérieures se sont alignées sur cet arrêt faisant depuis jurisprudence.
En octobre 2024, 13 ans et 7 mois après l’accident nucléaire, le réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire d’Onagawa (Tôhoku Electric Power Company) reprenait ses activités. Le mois suivant, la cour d’appel de la Haute Cour de Sendai confirmait la décision du tribunal de district de Sendai actant le rejet de l’action en justice intentée par des résidents demandant l’arrêt de l’exploitation de la centrale en raison d’un plan d’évacuation inefficace en cas d’accident grave.
Le Grand tremblement de terre de l’Est du Japon en chiffres
- Date et heure : le vendredi 11 mars 2011 à 14 h 46
- Épicentre : au large des côtes du Sanriku
- Envergure du séisme : magnitude 9,0
- Shindo (échelle d’intensité sismique japonaise) : 7, le maximum (ville de Kurihara, au nord de la préfecture de Miyagi)
- Tsunami : plus de 9,3 mètres dans la ville de Sôma (préfecture de Fukushima) ; plus de 8,6 mètres dans la ville de Ishinomaki (préfecture de Miyagi) ; plus de 8,5 mètres dans la ville de Miyako (préfecture de Iwate)
- Nombre de décès : environ 15 000 (le 20 juin 2011)
- Nombre de disparus : environ 7 500 (idem)
- Nombre de blessés : environ 5 440 (idem)
- Nombre total de victimes, y compris les décès liés au séisme : 19 775
- Nombre d’habitations totalement détruites : 122 039
- Nombre de personnes évacuées immédiatement après le séisme : 470 000
- Nombre de logements temporaires : environ 124 000 (en période de pointe)
- Nombre d’évacués en février 2025 : environ 30 000
(Voir également notre article : Mise au point sur le démantèlement et les radiations : reportage à la centrale de Fukushima Dai-ichi)
(Photo de titre : un cortège de cavaliers à Futaba dans la préfecture de Fukushima, lors du festival Sôma Nomaoi. Photo prise le 26 mai 2024, 14 ans après l’arrêt forcé des festivités. Jiji)