Le budget de la défense du Japon : une augmentation exponentielle depuis deux ans
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Un budget qui augmente de plus de mille milliards de yens par an
Les dépenses pour la défense du Japon étaient autrefois plafonnées à 1 % du PIB ou moins. Le premier budget proposé par l’administration de l’ancien Premier ministre Kishida Fumio pour l’exercice fiscal 2022 (avril 2022-mars 2023) s’élevait à 5 100 milliards de yens (31 milliards d’euros), conformément à cette politique. Pour l’exercice 2023, le budget a grimpé à 6 600 milliards de yens (40 milliards d’euros), et il a encore augmenté de mille milliards l’année suivante pour atteindre 7 700 milliards de yens (47 milliards d’euros) en 2024.
Si l’on prend également en compte les dépenses liées aux travaux publics et à la recherche scientifique et technologique qui peuvent également être exploités à des fins de sécurité, le budget de la défense pour l’exercice fiscal 2024 s’élève à 8 900 milliards de yens au total (55 milliards d’euros), ce qui représente 1,6 % du PIB national.
Augmentation des dépenses de défense à 2 % du PIB
L’augmentation du budget de la défense du Japon s’inscrit dans la lignée des annonces des pays membres de l’OTAN, qui ont relevé leurs dépenses pour la défense à 2 % du PIB en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Le gouvernement japonais a indiqué qu’il augmenterait lui aussi son budget (y compris pour le développement des infrastructures) à 2 % du PIB d’ici à l’exercice fiscal 2027. Les dépenses totales liées à la défense devraient ainsi atteindre environ 11 000 milliards de yens (68 milliards d’euros).
Selon le Livre blanc du ministère de la Défense et d’autres sources, la part des dépenses consacrées à la défense nationale par rapport au PIB est de 2,8 % pour les États-Unis, 1,1 % pour la Chine, 3,0 % pour la Russie, 2,5 % pour la Corée du Sud et 1,3 % pour l’Allemagne.
En décembre 2022, le gouvernement a approuvé trois nouveaux documents de sécurité qui prévoient une augmentation substantielle des dépenses de défense et la mise en place de capacités de contre-attaque. Ces documents s’articulent autour de plusieurs axes : une capacité de défense à distance pour attaquer des unités militaires ou des navires hostiles tout en restant hors de portée, des capacités intégrées de défense aérienne et antimissile permettant de contrer les attaques grâce à une détection précoce et une interception en couches, et la production d’appareils non habités dédiés à la collecte de renseignements et au soutien au combat. Certains observateurs estiment que l’introduction de capacités de contre-attaque transformera les principes des Forces d’autodéfense (FAD), jusqu’ici axés exclusivement sur la capacité défensive.
Opposition aux hausses d’impôts liées cette augmentation
Le gouvernement prévoit de financer cette hausse des dépenses à travers des réformes budgétaires et d’autres mesures, tout en compensant les éventuels déficits par des augmentations d’impôts sur les entreprises, les revenus et le tabac. Cependant, ces hausses fiscales rencontrent une forte opposition au sein même du Parti libéral-démocrate, au pouvoir. Des interrogations ont été soulevées quant à l’utilisation adéquate de cette augmentation du budget, notamment à la suite de l’éclatement de plusieurs scandales touchant le ministère de la Défense japonais, tel que les accusations selon lesquelles des membres des Forces maritimes d’autodéfense auraient reçu des fonds secret de la part d’entreprises privées pour leur propre divertissement, ou encore bénéficié d’allocations indues.
(Photo de titre : un lance-missiles surface-mer guidé de type 12 dévoilé au camp des Forces terrestres d’autodéfense de Yufuin, dans la ville de Yufu, dans la préfecture d’Ôita. Ce système devrait renforcer les capacités de défense à distance du Japon. © Kyôdô)