Les dix noms de famille les plus fréquents au Japon et leurs origines
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1/ Satô
Une hypothèse pour la racine de ce nom le fait remonter à Fujiwara no Hidesato, un général descendant de la branche aristocratique Hokke, ou branche du Nord, du clan Fujiwara qui vit naître Fujiwara no Michinaga, un des personnages les plus influents de la période centrale de l’époque de Heian (794-1185). La branche Hokke des Fujiwara est la plus prospère de cette lignée, et Hidesato est un héros légendaire qui a sauvé des vies humaines en capturant le mille-pattes géant qui vivait sur le mont Mikami, aussi connu sous le nom du Fuji de la province d’Ômi (ce qui correspond aujourd’hui à la préfecture de Shiga).
Parmi les descendants de Hidesato figure Fujiwara no Kinkiyo, né en 1166 et nommé en 1180 saemon no jô, c’est-à-dire chef de la garde de la porte de gauche du palais impérial. Il devint alors connu comme « Saemon [porte de gauche] no Fujiwara », bientôt abrégé en Satô [sa signifiant gauche, et tô étant la lecture chinoise du caractère fuji].
Parce que les descendants de Kinkiyo semblent s’être beaucoup ramifiés dans la région du Tôhoku (nord-est), ce nom est fréquent encore aujourd’hui dans les préfectures d’Akita et de Yamagata. Il y a beaucoup d’exemples de descendants de la lignée Fujiwara qui ont fait comme Kinkiyo et ont choisi Satô pour nom de famille, notamment la lignée Fujiwara qui s’est installée à Sano dans l’ancienne province de Shimotsuke (qui correspond à l’actuelle ville de Sano dans la préfecuture de Tochigi. Elle s’est d’abord appelée « Sano-no-Fujiwara », puis Satô, tandis qu’une autre lignée Fujiwara, celle de Sado (aujourd’hui ville de Sado dans la préfecture de Niigata), a aussi adopté ce nom.
C’est ainsi qu’environ deux millions de Japonais portent aujourd’hui ce nom de famille à travers le pays. Parmi les Satô célèbres, figure Satô Eisaku, l’ancien Premier ministre qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1974.
2/ Suzuki
Les racines de ce nom se trouvent dans l’ancienne province de Kii, l’actuelle préfecture de Wakayama. À l’origine, le nom était Hozumi. Il figure dans la « Généalogie des hatamoto [gardes des shoguns] et des daimyô [seigneurs féodaux] » (Kansei Chôshûshokafu), compilée et rédigée à l’ère Kansei (1789-1801).
Les Hozumi étaient un clan puissant qui contrôlait la région éponyme dans l’ancienne province de Yamato (aujourd’hui ville de Tenri dans la préfecture de Nara), dont le chef de famille s’installa plus tard à Kumano, dans la province de Kii et adopta le nom Fujishirosuzuki. À Kumano, on appelait alors susuki les épis de riz [normalement appelés inaho], et on les considérait comme sacrés parce qu’une divinité y résidait : c’est l’explication la plus influente pour expliquer le changement de nom en Suzuki.
Ces Suzuki se sont dispersés dans tout le pays pour diffuser la culture shintoïste de Kumano. Une partie d’entre eux s’installa dans l’ancienne province de Mikawa (qui correspond à l’est de la préfecture d’Aichi), formant la lignée Mikawasuzuki qui devint vassale de Tokugawa Ieyasu. Lorsque celui-ci réussit à unifier le pays, la lignée s’étendit plus encore. Parmi ses membres les plus connus figure Suzuki Shigeyoshi, qui devint en 1618 karô, c’est-à-dire officier et conseiller samouraï de haut rang, du fief de Mito.
Aujourd’hui encore, c’est le nom le plus répandu dans les préfectures d’Aichi, Shizuoka, Ibaraki, Tochigi, Saitama et Kanagawa. Les régions du Kantô et du Tôkai sont celles où l’influence des Tokugawa a été la plus forte.
Parmi les porteurs célèbres de ce nom, mentionnons Suzuki Osamu, PDG de Suzuki Motors, et Suzuki Ichirô, célèbre joueur de baseball qui fit une longue carrière aux États-Unis dans la Major League Baseball.
3/ Takahashi
La plus ancienne mention de ce nom se trouve dans le Nihon Shoki (Annales du Japon), ouvrage écrit en chinois au Japon, achevé en 720.
Parmi les descendants de l’empereur Kôgen, le huitième du Japon, figurait Iwakamutsukari, qui était le chef cuisinier d’un empereur. Aujourd’hui encore, il est vénéré dans des sanctuaires shintô comme la divinité de la cuisine japonaise. Comme c’était lui qui s’occupait de la table impériale, le nom Kashiwade [kashiwade signifiant « table »] lui avait été attribué.
Il est dit dans le Nihon Shoki qu’à la fin du VIIe siècle, ses descendants adoptèrent le nom de Takahashi.
Il existe de fait, dans la ville de Nara, un sanctuaire shintô appelé Takahashi dédié à Iwakamutsukari, Le changement de nom de Kawade à Takahashi serait dû au fait que l’endroit où se trouve ce sanctuaire était appelé « village de Takahashi » [taka signifiant « haut », et hashi, pont].
Par ailleurs, si l’on pose que l’origine de ce nom est simplement « un pont qui se trouve à un endroit élevé », on peut aussi voir ce nom de famille comme se rapportant à un nom de lieu. Le Japon est un archipel montagneux, on y trouve partout des gorges, et un pont qui en enjambe une est un takahashi, d’où ce nom de famille.
Il existe diverses théories sur l’origine de ce nom, et il est impossible de dire laquelle est la bonne, mais l’on peut penser que s’il y a 1,45 million de Japonais qui le portent, c’est parce qu’il a été choisi par des personnes qui vivaient à proximité d’un « haut pont » comme il y en a dans tout le pays.
Parmi les plus célèbres personnalités portant le nom de Takahashi, nous mentionnerons le mangaka Takahashi Kazuki, auteur de Yu-Gi-Oh !, décédé dans un accident tragique l’année dernière.
4/ Tanaka
L’histoire des Tanaka est ancienne : ce nom figure dans le Kojiki (« Chronique des faits anciens »), compilée en 712.
Parmi les descendants de Amatsuhikone, l’une des cinq divinités mâles nées grâce à la promesse échangée entre la déesse du soleil Amaterasu et son jeune frère Susanoo, figure le nom de Yamato-no-Tanaka-no-atai. C’est la première mention historique du nom Tanaka.
Il va sans dire que les faits relatés dans le Kojiki sont légendaires, et on peut penser que comme le nom Tanaka signifie « dans la rizière » [le caractère ta signifie rizière, et celui de naka, dans], il est apparu naturellement. S’il est fréquent dans l’ouest du Japon, c’est parce que la culture du riz venue du continent est d’abord arrivée sur l’île de Kyûshû (sud-ouest), et qu’elle s’est ensuite répandue à partir de l’ouest du Japon.
Parmi les porteurs les plus célèbres de ce nom figure Tanaka Kakuei, Premier ministre de 1972 à 1974.
5/ Watanabe
Minamoto no Tsuna, arrière-arrière petit-fils de Minamoto no Tôru, fils de l’empereur Saga, 52e du Japon, s’est installé à Watanabetsu (aujourd’hui Osaka), et a pris le nom de Watanabe no Tsuna. C’est le premier porteur du nom.
Watanabe no Tsuna est un vassal de Minamoto no Yorimitsu (944-1021), qui excellait dans l’art guerrier, d’où la légende selon laquelle il aurait, avec Yorimitsu, vaincu Shuten-dôji, un chef démon qui habitait le mont Ôe (qui se trouve au nord de ce qui est aujourd’hui la préfecture de Kyoto). Cette légende très connue figure notamment dans Otogi-zôshi [un recueil d’environ 350 récits rédigés principalement pendant l’ère Muromachi (1392-1573)].
Les descendants de Watanabe no Tsuna formèrent le Watanabe-tô, une groupe de samouraïs. On dit que ce groupe aurait pris le parti de Minamoto no Yoshitsune durant la guerre de Genpei (1180-1185) [cette guerre civile confronta les deux grands clans, les Minamoto et les Taira, et vit la défaite du second]. Le « tsu » du nom de Watanabe-tsu, le lieu qui était leur base, signifie « port », et l’on peut penser qu’il s’agissait d’une armée marine qui contrôlait les côtes. C’est la raison pour laquelle ce nom de famille est rare dans les préfectures japonaises qui n’ont aucune côte, comme Gunma ou Nagano.
Parmi les porteurs célèbres de ce nom, mentionnons l’acteur Watanabe Ken, ou encore Watanabe Yûta, basketteur de la NBA.
6/ Itô
Le second idéogramme de ce nom de famille étant celui de « glycine » [qui se lit fuji en lecture japonaise, et tô en lecture sino-japonaise], l’origine de ce nom remonte aussi à la lignée Fujiwara. Après l’installation dans l’ancienne province d’Ise (actuel préfecture de Mie) de Bitô Motokage, un membre d’une faction de la branche Hokke des Fujiwara, le nom Itô aurait été formé en associant le caractère i de « Ise » à tô [qui est comme nous l’avons vu plus haut, la lecture sino-japonaise du caractère fuji].
La lignée Itô était au service du clan Taira, mais après la défaite de celui-ci dans la guerre de Genpei, elle se dispersa dans les anciennes provinces d’Owari (actuelle préfecture d’Aichi) et de Mino (actuelle préfecture de Gifu). Aujourd’hui encore, le nom est très fréquent dans les préfectures de Mie, Aichi et Gifu.
Itô Hirobumi, le premier Premier ministre du Japon, est un porteur illustre de ce nom.
7/ Yamamoto
Ce nom tire son origine de l’expression yama no fumoto, c’est-à-dire « au pied de la montagne ». Les montagnes et collines occupant 70 % du territoire japonais, le nom Yamamoto est porté partout.
Le styliste Yamamoto Yohji est l’un des Yamamoto célèbres.
8/ Nakamura
On suppose que ce nom a été choisi par les habitants du centre des villages, car naka signifie « dans », et mura, « village ». On pense que les gens portant le nom de Nakamura vivaient dans la partie des villages au milieu des rizières, dont la caractéristique était qu’il y avait beaucoup de familles de samouraïs parmi eux.
Nakamura Shunsuke, ancien international japonais de football est un Nakamura célèbre.
9/ Kobayashi
Un nom lié à la topographie, qui signifie « petite forêt ».
Selon certaines sources, il est possible que l’origine des Kobayashi du Kantô (Tokyo et ses environs) ait un lien avec le clan guerrier Kobayashi-tô, des descendants de l’empereur Kammu, qui, à l’époque de Kamakura (1185-1333) était basé à Kobayashi dans la ville de Fujioka (préfecture de Gunma). Mais le nom de lieu Kobayashi apparaît aussi dans la ville d’Iida (préfecture de Nagano), ou encore dans celle de Mobara (préfecture de Chiba). On pense que de puissantes familles Kobayashi contrôlaient ces villes.
Parmi les Kobayashi célèbres figure le réalisateur Kobayashi Masaki (1916-1996), connu pour son film Harakiri.
10/ Katô
Fujiwara no Kagemichi, de la branche Hokke de la lignée Fujiwara, est le premier porteur de ce nom. Kagemichi qui avait brillé pendant la guerre de Zenkunen (1051-1062), dont le cadre était la province d’Ôshû dans le nord-est du Japon, fut nommé dignitaire de la province de Kaga (aujourd’hui préfecture d’Ishikawa), et prit le nom Kaga no Fujiwara, qui devint ensuite Katô [ka de Kaga, et tô, lecture sino-japonaise du caractère fuji de Fujiwara]. Ses descendants s’installèrent ensuite dans la province de Mino, puis vers l’est du Japon, et ce nom est aujourd’hui plus fréquent dans les régions du Chûbu, du Kantô, et du Tôhoku que dans la préfecture d’Ishikawa d’où il est en réalité originaire.
Parmi les Katô célèbres, mentionnons par exemple Katô Daijrô, pilote de moto.
Rang | Nom de famille | Million de Japonais |
---|---|---|
1 | 佐藤 (Satô) | 2 |
2 | 鈴木 (Suzuki) | 1,75 |
3 | 高橋 (Takahashi) | 1,45 |
4 | 田中 (Tanaka) | 1,35 |
5 | 渡辺/渡邊 (Watanabe) | 1,15 |
6 | 伊藤 (Itô) | 1,10 |
7 | 山本 (Yamamoto) | 1,09 |
8 | 中村 (Nakamura) | 1,07 |
9 | 小林 (Kobayashi) | 1,04 |
10 | 加藤 (Katô) | 0,87 |
(Photo de titre : Pixta)