Où en sont les cantines pour enfants défavorisés au Japon pendant la crise sanitaire ?
Société- English
- 日本語
- 简体字
- 繁體字
- Français
- Español
- العربية
- Русский
Les cantines pour enfants (Kodomo shokudô) sont des services spéciaux offrant aux enfants des familles en difficulté (pauvres, monoparentales, etc.) des repas gratuits ou à bas prix et des lieux de rencontre sûrs dans tout le Japon, gérés par des bénévoles.
Les résultats d’une enquête menée en février 2021 par l’organisme à but non lucratif Musubie, basé à Tokyo, qui soutient ces initiatives, ont montré que seulement environ 10 % des cantines pour enfants fonctionnent normalement durant la pandémie de Covid-19. Dans la plupart des cas, ils ont été remplacés par d’autres services, comme la distribution de boîtes-repas (bentô), mais les résultats de l’enquête montrent également l’apparition de problèmes, comme le déficit du budget ou la pénurie de bénévoles.
Musubie a reçu des réponses provenant de 334 organisations gérant des cantines pour enfants dans 33 préfectures sur l’ensemble du territoire. Interrogées sur la situation actuelle de leur gestion, 6,1 % ont répondu que tous les écoliers prenaient leur repas ensemble dans la cantine comme d’habitude, alors que 5,8 % déclaraient qu’elles préféraient limiter le nombre d’écoliers ou ouvrir leur cantine en plein air. En d’autres termes, seules environ 10 % des organisations offrent actuellement des services de restauration presque inchangés.
Parmi les groupes interrogés, 23,3 % distribuaient des bentô que les écoliers venaient chercher, alors que 35,9 % fournissaient des services associant le fonctionnement de la cantine et la distribution d’ingrédients et de bentô. Environ 10 % des organisations interrogées avaient été obligées d’interrompre totalement leurs services.
Parmi les 343 répondants, 50,7 % ont déclaré qu’ils ne voyaient pas quand la cantine pourrait reprendre normalement ses services avec les enfants prenant leur repas ensemble.
Selon l’enquête menée en juin 2020, 38,7 % des organisations n’avaient pas prévu de reprendre normalement leurs services, et dans l’enquête conduite par la suite en septembre de la même année, le chiffre a grimpé jusqu’à 48,0 %. La principale raison de cette impossibilité de reprise des services était la difficulté de prendre des mesures de protection contre les infections, qui a été citée par 55,4 % des répondants.
Au Japon, les cantines pour enfants sont gérées par divers groupes ou des individus nommés par la communauté, dont les organismes à but non lucratif. Les repas sont préparés dans des établissements publics, des maisons privées, des restaurants ou des magasins vides.
Le problème le plus souvent rencontré par les cantines pour enfants a été le malaise à propos de la pandémie et des solutions pour la prévention des infections (56 %), suivi par la question de prendre en charge des personnes dans le besoin, comme les enfants de familles défavorisées, (51,9 %), puis par la question du budget déficitaire (42,0 %) et par celle de la pénurie de bénévoles (24,4 %).
Le direction de Musubie note la grande difficulté d’offrir des services où les gens doivent nécessairement se regrouper alors que les endroits bondés sont à éviter. Il est également compliqué de fournir des événements interactifs entre les enfants et les bénévoles plus âgés qui sont à plus haut risque d’une contamination sévère. D’autre part, il est extrêmement important de continuer à offrir aux enfants un espace de vie. À l’avenir, Musubie souhaite intégrer, dans ses actions de soutien, le travail avec les administrations locales et l’utilisation des salles publiques ou d’autres installations pour des événements, tout en réalisant des vidéos d’explications montrant comment prévenir l’infection au coronavirus.
Voir nos deux reportages liés à l’initiative des cantines pour les enfants
- La pauvreté infantile au Japon [1] : des cantines au secours des enfants
- La pauvreté infantile au Japon [2] : la faute aux bas salaires des femmes
(Photo de titre : les bénévoles de la cantine pour enfants de Takashima-daira, dans l’arrondissement d’Itabashi, à Tokyo, le 27 février 2020. Jiji Press)