30 ans depuis l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo : une victime face aux séquelles

Société

Le 20 mars 2025 marque le 30e anniversaire de l’attentat au gaz sarin perpétré par des membres de la secte Aum Shinrikyô dans le métro de Tokyo. Cet attentat a causé la mort de 14 personnes et en intoxiqué plus de 6 000. Sakahara Atsushi, victime de l’attaque et réalisateur de films, revient sur ces 30 années de lutte contre les séquelles.

Une nouvelle organisation est créée dans le but de soutenir les victimes

Lorsque j’ai appris par un avocat que l’Association des victimes de l’attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo refusait tout nouveau membre, je me suis souvenu des paroles de mon père, aujourd’hui décédé, qui m’avait dit de « créer ma propre organisation ». J’ai donc fondé l’Association des victimes du gaz sarin en 2021. Les objectifs sont de fournir un forum aux victimes de cet attentat pour qu’elles puissent interagir entre elles, de diffuser des informations (au Japon et à l’étranger) pour éviter que l’incident ne tombe dans l’oubli, et de fournir un soutien financier et une aide à l’autonomie. Chaque année, nous déposons des fleurs sur le site de l’incident. L’association est désormais répertoriée sur le site web de l’Agence nationale de la Police comme l’une des organisations d’aide aux victimes d’actes criminels.

Mon film est sorti en salle le 20 mars 2021, en pleine pandémie de coronavirus. Ce n’a pas été un succès au box-office, mais il a été très apprécié dans les festivals de films documentaires du monde entier et il a 100 % d’avis favorables sur certains sites agrégateurs de critiques de films. Il a remporté le Grand Prix du festival du film documentaire EDIF en Corée du Sud. Il a été le seul film asiatique à être présélectionné pour le prestigieux prix de l’Association internationale du documentaire, souvent considéré comme le précurseur des Oscars pour les longs métrages documentaires.

Garder la lumière de l’espoir vivante pour les générations futures

En mars 2000, j’ai fait une annonce au Club de la presse du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, disant que je voulais diffuser sur Internet des séquences vidéo des témoignages des victimes de l’attaque au gaz sarin. Je voulais que les gens sachent que de nombreuses personnes souffrent encore des séquelles et serrent les dents.

Certains ont utilisé le mot « synchronicité » pour parler de la conjonction entre la mort de mon ami et de l’attaque au gaz sarin, mais ce que je sais, c’est que les cicatrices invisibles en moi étaient plus profondes que je ne l’avais imaginé, et je ne trouvais pas d’espace pour vivre uniquement avec l’énergie très relative, les connaissances et les capacités en anglais encore plus relatives qui étaient les miennes.

Malgré tout, en 2022, j’ai cofondé une entreprise de nouvelles technologies de l’éducation avec l’un de mes anciens étudiants chargé de cours à temps partiel à l’université métropolitaine d’Osaka. J’ai reçu une éducation formidable et je me suis fait beaucoup d’amis. C’est ce que je veux transmettre à la génération suivante. Mon étudiant doit obtenir son diplôme ce printemps, et l’entreprise est sur le point de prendre son envol.

Je me suis également inscrit au programme de doctorat de l’université d’Utsunomiya et je devrais obtenir mon doctorat en ingénierie en mars prochain. Mes recherches s’articulent autour du thème de la reformulation de la dialectique que mon ami aujourd’hui décédé m’avait fait découvrir à l’époque où nous étions élèves dans une école de préparation à l’université.

Avec la coopération de professeurs d’université, je prépare un dispositif pour rendre mon film utile à l’enseignement des arts et sciences humaines. Je prévois de reverser la moitié de mes bénéfices personnels des projections liées à ce projet pour aider d’autres victimes. J’ai également décidé d’écrire ce manuscrit et de mettre moi-même en ligne mon film AGANAI, l’attaque du métro au Sarin, et moi, en visionnage contre paiement.

J’ai toujours été un peu différent des autres, mais après avoir été victime de l’attaque au gaz sarin, mon horizon s’est élargi. À l’avenir, j’espère voyager à l’étranger et m’essayer au stand-up en anglais. Je veux faire de mon mieux dans divers domaines, tels que l’éducation, la création d’entreprises avec la prochaine génération, l’écriture et la production cinématographique, et vivre pleinement ma vie. Puisqu’après tout, j’ai survécu.

(Photo de titre : un wagon de métro contaminé par le gaz sarin est nettoyé par des membres des Forces d’autodéfense, le 20 mars 1995. Photo avec l’autorisation des Forces d’Auto-Défense. Jiji)

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