Reportage à la centrale nucléaire de Fukushima : neuf ans plus tard, rien n’est résolu

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Kaida Naoe [Profil]

Neuf années se sont écoulées depuis le séisme et le tsunami de mars 2011 dans le nord-est du Japon. Pour de nombreux Japonais, la catastrophe n’affecte quasiment plus leur quotidien et l’accident nucléaire a cessé d’être une source de frayeur. Mais sur le terrain, rien n’est terminé pour autant. Où en est la centrale Fukushima Daiichi, neuf ans plus tard ? Reportage de Nippon.com.

Du corium toujours radioactif

Ensuite, toujours en voiture, nous nous rapprochons des bâtiments abritant les réacteurs 1 à 4. Nous sommes maintenant au pied des bâtiments que nous surplombions quelques minutes plus tôt. Échafaudages, plateformes, engins mécaniques… à première vue, on se croirait sur un chantier de construction. Les murs qui ont été soufflés sont épais, mais des structures métalliques tordues en émergent. C’est un rappel de la puissance de l’explosion et de notre manque de connaissance et d’intérêt vis-à-vis de cette installation gigantesque construite à plus de 200 kilomètres de la capitale qu’elle approvisionnait en électricité.

Le réacteur 3 est coiffé d’une structure en forme de dôme.
Le réacteur 3 est coiffé d’une structure en forme de dôme.

Les traces de l’explosion d’il y a neuf ans subsistent encore dans cette structure métallique déformée
Les traces de l’explosion d’il y a neuf ans subsistent encore dans cette structure métallique déformée.

Les réacteurs 1 à 3, entrés en fusion lors de l’accident, abritent toujours leur cœur fondu, le corium. Dans le réacteur 2, des dépôts de la taille d’un caillou ont été identifiés au fond de la cuve en janvier 2018 et certains ont pu être recueillis par une machine lors d’une mission d’enquête en février 2019. De ce fait, la feuille de route du démantèlement révisée en décembre 2019 par le gouvernement prévoit la collecte expérimentale de ces dépôts de corium du réacteur 2 à partir de 2021. On manque néanmoins, dans l’immédiat, d’informations concrètes sur la composition, la quantité et la forme de ces débris. L’échéancier a été révisé un grand nombre de fois et rien n’assure que les délais seront tenus.

À droite, le bâtiment réacteur 2 ; au premier plan, un engin destiné à découper la tour de ventilation.
À droite, le bâtiment réacteur 2 ; au premier plan, un engin destiné à découper la tour de ventilation.

Un dosimètre installé sur le site
Un dosimètre installé sur le site

Le corium continue à émettre de la chaleur. De ce fait, les cuves doivent être arrosées en permanence pour les refroidir, ce qui produit continuellement de l’eau contaminée, chargée de substances fortement radioactives. Tout est fait pour éviter la contamination de la nappe phréatique et de l’eau de pluie qui pénètrent dans les bâtiments réacteurs, notamment par l’érection d’un mur de glace souterrain autour des bâtiments 1 à 4.

Le réacteur 4, le seul à avoir été vidé de son combustible
Le réacteur 4, le seul à avoir été vidé de son combustible

Un mur de glace souterrain entoure les réacteurs 1 à 4 ; un gel à – 30 degrés circule dans les tuyaux pour congeler la terre et bloquer les eaux de la nappe phréatique qui circulent de la montagne vers l’océan.
Un mur de glace souterrain entoure les réacteurs 1 à 4 ; un gel à – 30 degrés circule dans les tuyaux pour congeler la terre et bloquer les eaux de la nappe phréatique qui circulent de la montagne vers l’océan.

Suite > Que faire de l’eau traitée ?

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Kaida NaoeArticles de l'auteur

Editrice en chef pour Nippon.com. En poste depuis avril 2018, après avoir travaillé pour l’agence de presse Jiji, Japan Business Press et l’Institut Ricoh pour une économie durable.

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