L’avenir incertain de Nissan après la rupture des négociations avec Honda

Économie

Inoue Hisao [Profil]

Vers la fin de l’année 2024, il est devenu évident que Honda était en pourparlers avec Nissan en vue d’une éventuelle fusion. Mais maintenant que ces discussions ont échoué, les perspectives d’avenir s’assombrissent pour Nissan, qui se trouve en difficultés. Nous nous penchons ici sur les choix qui s’offrent désormais au troisième constructeur automobile japonais.

Tesla et Foxconn désignés comme candidats

Que vont faire désormais les deux entreprises ? Mibe, de Honda, a déclaré que l’entreprise avait élaboré plusieurs projets. Dans le même temps, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 13 février, Nissan a annoncé son intention de « chercher des opportunités pour des partenariats stratégiques qui augmenteraient de façon significative la valeur de l’entreprise », révélant par là sa volonté de se mettre en quête d’éventuelles nouvelles alliances.

Aux yeux des connaisseurs de ce secteur d’activités, il existe quatre perspectives différentes quant aux futures trajectoires de Nissan et Honda.

Au sein de l’administration gouvernementale, l’hypothèse d’une alliance de Nissan avec une entreprise américaine, éventuellement Tesla, fait l’objet de spéculations. Le bruit court que, lors du sommet Japon-USA du 8 février, le président Donald Trump aurait, par erreur et à trois reprises, mentionné Nippon Steel sous le nom de « Nissan » en parlant de la question de l’acquisition de US Steel. Elon Musk, le PDG de Tesla, est un proche de Trump. Peut-être le président a-t-il en tête le nom de Nissan.

Une autre possibilité serait que le fabricant taiwanais d’électronique sous contrat Foxconn tente ouvertement d’acquérir Nissan. Depuis l’automne dernier, cette entreprise prépare le terrain en engageant avec la banque Mizuho, la banque principale de Nissan, ainsi qu’avec le ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, des pourparlers qui, dit-on, sont toujours en cours.

Véhicule électrique de Foxcom, le Model E (© Images Walid Berrazg/SOPA via ZUMA Press Wire/Kyôdô)
Véhicule électrique de Foxcom, le Model E (© Images Walid Berrazg/SOPA via ZUMA Press Wire/Kyôdô)

Une acquisition conjointe par Honda et Foxconn ?

La troisième possibilité, à mes yeux, serait que Honda et Nissan reprennent les négociations en vue d’une intégration. Comme nous l’avons vu plus haut, une intégration opérée entre les deux entreprises a le potentiel de générer un effet de synergie estimé à 1 000 milliards de yens. Peut-être Honda rechigne-t-il à se retirer tout de suite. Si la gestion Uchida, avec la lenteur de son processus de décision, est remplacée, de nouvelles initiatives en vue de l’intégration pourraient se profiler à l’horizon.

Pour Honda, la production de véhicules à quatre roues reste nettement moins rentable que celle de véhicules à deux roues. Mibe a expliqué au sein de l’entreprise que la décision de continuer sur le chemin de l’intégration a été prise pour la simple raison que, dans les conditions actuelles, la construction automobile ne peut pas survivre de façon indépendante.

Un dernier scénario possible serait que Foxconn et Honda s’orientent vers une acquisition conjointe. Des personnes bien informées remarquent que Honda tient en haute estime Seki Jun, le directeur de la stratégie des VE chez Foxconn.

Lorsqu’il était vice-directeur des opérations (vice-COO) chez Nissan, Seki s’est chargé de la réforme structurelle de l’entreprise. Les opérations internes de Nissan lui sont donc très familières. Il me semble possible que Foxconn et Honda se donnent la main, Seki jouant le rôle de fer de lance des efforts de restructuration, tandis que Honda, Nissan, Foxconn et Mitsubishi Motors se concentreraient sur la stratégie de croissance, avec pour résultat la formation d’une nouvelle alliance nippo-taiwanaise d’entreprises.

Les temps changent rapidement. De grands événements peuvent se produire au printemps 2025, et il n’est pas exclu que des informations en provenance du Japon fassent la une dans le monde entier.

(Photo de titre : le PDG de Nissan Uchida Makoto, à gauche, et le PDG de Honda Mibe Toshihiro, à droite, tiennent séparément une conférence de presse le 13 février 2025, suite à la fin des négociations visant à l’intégration des entreprises. Jiji)

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Inoue HisaoArticles de l'auteur

Journaliste économique. Né en 1964, il fait ses études à l’université de Kyûshû et il est ensuite embauché par un grand fabricant de produits électriques. En 1992, il entre au journal Asahi Shimbun, où il travaille en tant que journaliste économique chargé de l’automobile et de l’électronique. Il démissionne de ce poste en 2004 pour reprendre des études à l’université municipale d’Osaka où il obtient un master en économie, sur le capital-risque. Aujourd’hui, ses sujets de prédilection sont l’industrie automobile et la sécurité économique. Auteur de nombreux livres, dont « Nissan contre Ghosn : 20 ans de conflits cachés » (Nissan vs Ghosn, antô no nijûnen), « Le jour où il n’y aura plus de constructeurs automobiles » (Jidôsha-gaisha ga kieru hi), « Made in Japan : Le prix de l’arrogance » (Made in Japan Ogori no daishô), Invasion chinoise non détectée : les cyber-espions détruisent le Japon (Chûgoku-hatsu mienai shûryaku, cyberspy ga nihon o hakai suru).

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