Kishida Fumio, le 100e Premier ministre du Japon : le profil du nouveau chef du gouvernement

Politique

Après son élection à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir) le 29 septembre, Kishida Fumio deviendra le 100e Premier ministre du Japon le 4 octobre. D’où vient-il et quelles sont ses positions politiques ? Comment voit-il les relations à l’international, ou encore l’avenir du nucléaire ? Un journaliste nous éclaire sur plusieurs points cruciaux.

Un retour du désarmement nucléaire sur le devant de la scène ?

Une fois au pouvoir, Kishida sera en outre en mesure de se débarrasser de son image de personnage trop conciliant. En ce qui concerne la Chine, notamment, il va sans doute promouvoir une diplomatie enracinée dans des valeurs telles que l’état de droit, tout en cherchant à « opposer la force à la force » via diverses initiatives, dont le renforcement des prérogatives de la Garde côtière japonaise. Suite à l’incapacité récente du Japon à procéder au rapatriement de son personnel présent en Afghanistan alors même que les États-Unis se retiraient de ce pays, il va aussi réfléchir à la meilleure façon d’amender la Loi sur les Forces d’autodéfense (SDF) de façon à faciliter le déploiement du personnel nécessaire. La version actuelle de la loi, élaborée par le gouvernement de Miyazawa Kiichi, entérine une attitude traditionnelle du Kôchikai, consistant à contourner les blocages constitutionnels en envoyant les SDF à l’étranger non pas pour y faire la guerre mais pour aider les citoyens japonais. Mais en l’occurrence, Kishida vise à renforcer sa propre stature en menant le débat sur les questions de sécurité.

Le désarment nucléaire est un domaine où l’on peut s’attendre à ce qu’il définisse clairement sa propre démarche. En 2016, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, il a contribué à l’orchestration de la visite historique effectuée à Hiroshima par le président des États-Unis Barack Obama pour commémorer le bombardement atomique de cette ville. Aujourd’hui, alors que la Chine, à l’instar des États-Unis et de la Russie, affiche sa volonté de renforcer son arsenal nucléaire, une tâche majeure qui attend Kishida consistera à servir de lien entre les puissances nucléaires et les États non nucléaires. En rejoignant les parties prenantes au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires avec le statut d’observateur — une éventualité que Kishida n’a pas exclue —, le Japon serait en mesure de jouer un rôle de courroie de transmission des préoccupations de ces pays à son allié, les États-Unis.

Kishida Fumio : une dynastie politique

Kishida Fumio est né en 1957 dans une famille de politiciens basée à Hiroshima. Kishida Masaki, son grand-père, était membre de la Chambre des représentants. Son père, Kishida Fumitake, était fonctionnaire au ministère du Commerce extérieur et de l’Industrie (aujourd’hui ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie) avant son élection à la chambre basse, où il s’est élevé au rang de commissaire de l’Agence des petites et moyennes entreprises. Véritable dynastie politique, la famille Kishida est aussi liée par le sang à l’ancien Premier ministre Miyazawa.

Après l’obtention de son diplôme universitaire, Kishida a travaillé quelque temps pour une banque, avant de se porter candidat à la chambre basse et d’y être élu en 1993. En 2007, il a accédé à son premier poste ministériel, en étant nommé ministre des affaires d’Okinawa et des Territoires du Nord. À cette charge a succédé un bref passage à la tête du ministère des affaires de consommation, au cours duquel il a supervisé le lancement de l’Agence des affaires de consommation en 2009. De 2009 à 2012, quand le Parti libéral-démocrate était dans l’opposition, il a travaillé assidûment au renforcement de ses réseaux personnels à la tête de la Commission des affaires parlementaires du parti. Après le retour du PLD au pouvoir en décembre 2012, il a été nommé ministre des Affaires étrangères, cumulant pendant une brève période cette charge avec celle de ministre de la Défense. D’août 2017 à septembre 2020, il a dirigé le très influent Conseil de recherche politique du parti. Au cours de ce mandat, qui allait devenir le plus long dans l’histoire du PLD, il a contribué à l’élaboration de la réaction du parti à la pandémie de Covid-19.

Lorsqu’on l’interroge sur sa philosophie politique, il lui arrive d’évoquer son désir de passer « de la division à la coopération » — un signe, peut-être, de sa volonté de contribuer à l’élimination de certaines inconsistances de la société japonaise d’aujourd’hui. Il jouit de liens solides avec de nombreux acteurs du monde politique et d’un fort soutien de bien des clans du PLD, deux atouts qui se sont avérés précieux pour lui dans sa course vers la présidence. Il sera toutefois intéressant d’observer l’évolution de ce soutien dans les jours à venir.

Jusqu’à quel point Kishida Fumio aura-t-il les coudées franches dans le choix des membres de son premier gouvernement et des responsables des postes essentiels au sein du parti ?

(Photo de titre : Kishida Fumio s’adresse à des membres du PLD après son élection en tant que prochain président du parti. Photo : AFP/Jiji)

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