Au nom du mensonge : les fausses informations diffusées par le Quartier général impérial japonais pendant la guerre

Histoire

Tsujita Masanori [Profil]

Pendant la Guerre du Pacifique, les victoires japonaises étaient annoncées à la nation l’une après l’autre par les communiqués de l’état-major de l’armée. Au début du conflit, ces communiqués transmettaient la réalité objective, mais avec la détérioration de la situation militaire, plus la défaite se rapprochait et plus les falsifications et les fabrications sont devenues une habitude. Quelle était la nature de ces communiqués ? Quels facteurs ont mené à devoir propager ces mensonges ?

Les leçons à tirer pour aujourd’hui

Les médias japonais n’ont naturellement pas toujours été à la botte de l’armée. Entre l’ère Taishô (1912-1926), et le début de l’ère Shôwa (1926-1989), de nombreux journaux ont adopté une ferme position critique vis-à-vis de l’armée, dans le contexte de la « démocratie Taishô » et de la tendance mondiale à la démilitarisation qui prévalait alors.

Tout a changé avec l’incident de Mukden. De nombreux médias avaient envoyé des correspondants de guerre afin d’obtenir des scoops. L’armée s’est montrée opportuniste face à eux. Cela a conduit à la formation d’une relation de coopération entre les deux parties. Cette relation est devenue encore plus étroite avec le début de la guerre sino-japonaise en juillet 1937. Il va sans dire que les médias qui se sont opposés à cela ont été l’objet de la censure ainsi que de différentes pressions comme des restrictions de fourniture de papier.

Ce système ingénieux de carotte et de bâton a placé les médias japonais à la botte du pouvoir militaire et les ont amené à collaborer avec lui pendant toute la Guerre du Pacifique, incapables de jouer le rôle de contrôle des autorités.

La leçon que nous enseigne l’histoire des communiqués du Quartier général impérial est le danger de la fusion des médias avec le pouvoir, parce qu’ils ont le devoir important de contrôler ce qu’il fait. Le mépris de l’information et les ravages du sectionalisme entraînent les autorités dans une direction qu’elles ne doivent pas prendre. Nous ne devons pas oublier cette leçon de l’Histoire parce que nous vivons une époque où cela risque de se produire à nouveau.

(Photo de titre : le service des communiqués du Quartier général impérial annonce le début de la Seconde Guerre mondiale en décembre 1941. Kyôdô News)

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média guerre information Seconde Guerre mondiale

Tsujita MasanoriArticles de l'auteur

Essayiste et chercheur en histoire contemporaine. Né en 1984 à Osaka. Il s’intéresse aux liens entre la politique et la culture, et ses articles, enquêtes, critiques ou interviews en traitent. Auteur de nombreux livres, dont « Les communiqués du Quartier général impérial » (Daihonei happyô, éditions Gentôsha shinsho, 2016), « Nouvelle Théorie de la propagande » (Shin propangada-ron, ouvrage collectif, éditions Genron, 2021), « Les Questions historiques et la culture » (Kyôyô toshite no rekishi mondai, éditions Tôyô Keizai Shinpôsha, 2020).

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