Les virus, ennemis mortels de l’humanité

Stopper le coronavirus : une question de vie ou de mort pour les PME japonaises

Économie Société

La menace du coronavirus s’amplifie, les mouvements des hommes et des produits s’interrompent et la situation économique se dégrade très rapidement. Alors que bon nombre de sociétés japonaises doivent déplorer une baisse de leur chiffre d’affaires, les PME font face à un problème de vie ou de mort. Nous sommes allés dans l’arrondissement d’Ôta, à Tokyo, qui compte de nombreuses entreprises de ce type et nous avons interrogé leurs administrateurs sur leurs inquiétudes à l’heure actuelle.

Une course contre la montre

L’état d’urgence a été décrété le 7 avril dans certaines régions dont celle de Tokyo, puis étendu dans tout le pays quelques jours après, mais l’on ne voit toujours pas la fin du tunnel. Les PME pourront-elles vraiment résister ? À cette question, les réponses des directeurs d’entreprise sont plutôt négatives.

Le patron de la blanchisserie, M. Tanaka, prévoit : « Nous pourrons nous en sortir si la situation se calme dans les deux mois qui viennent. Mais ça semble peu probable. » Si les déplacements des gens continuent à être freinés ainsi, la pleine saison du changement d’habit avant la saison des pluies va être totalement escamotée « et la moitié de la profession va probablement disparaître d’un seul coup », déclare-t-il, le visage assombri.

M. Yoshimoto qui tient un bar à proximité de la gare JR de Kamata où les sorties des gens le soir se sont interrompues, a vu son chiffre d’affaires de mars diminuer de moitié. D’après son expérience de la crise financière de 2008, il s’inquiète car « dans le secteur de la restauration, il faut du temps avant que les gens reviennent et cette fois-ci aussi, il faudra peut-être attendre un an avant de revenir à la normale. »

Le remboursement des crédits exceptionnels de l’arrondissement d’Ôta commencera vers le mois de septembre, après un délai de six mois. Jusqu’à quel point les clients seront-ils revenus d’ici là ? Les inquiétudes des débiteurs vont en s’intensifiant.

Des craintes de faillites et de fermetures

La situation difficile dans l’arrondissement d’Ôta est la représentation à petite échelle de ce qui se passe dans l’ensemble du pays. D’après l’enquête menée par la Chambre de commerce et d’industrie de Tokyo auprès des entreprises de la totalité du territoire, 52,7 % des PME interrogées ont répondu « avoir ressenti l’impact » déjà en février, au moment où l’épidémie a commencé à progresser au Japon, et 40 % du total avaient enregistré une baisse de plus de 10 % de leur chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente. Avec les annulations d’événements, les abstensions de sortie et les fermetures d’école, il est inévitable que les chiffres baissent encore au mois de mars.

Les entreprises ayant fait faillite en raison du Covid-19 étaient au nombre de 17 au 30 mars. Parmi les secteurs visés, les auberges japonaises (ryokan) touchées par la diminution de la clientèle chinoise, les sociétés de gestion de navires de croisière, les agences de voyage et les restaurants de sushi, entre autres. L’enquête de la Chambre de commerce analyse et prévoit que « le nombre de faillites va inévitablement progresser à l’avenir. Et pour les petites et moyennes entreprises déjà confrontées au problème de leur succession, ce sera pour certaines le moment de fermer leurs portes. « 

Kumano Hideo, économiste en chef à l’Institut de recherche Dai-ichi Life, approuve les mesures d’aide pour les fonds de roulement des PME prises par le gouvernement et les collectivités locales, mais déclare qu’il serait nécessaire, en tant que solutions radicales, « de lever les inquiétudes en pratiquant systématiquement des tests PCR, et d’indiquer rapidement les perspectives de la fin de la contamination ». Il craint que si cette situation se poursuit encore longtemps « ce ne soit dramatique pour l’emploi » quelle que soit la taille de l’entreprise.

Le gouvernement a formé un budget supplémentaire et va prendre des mesures économiques d’urgence s’appuyant sur deux axes, des dons en espèces destinés aux individus et aux entreprises affectés par la dégradation de la situation économique et le renforcement des aides aux petites et moyennes entreprises ayant préservé leurs emplois.

(Article rédigé par Mochida Jôji, éditeur en chef  de Nippon.com. Photo de titre : le carrefour de Shibuya à Tokyo le 28 mars, bien moins fréquenté que d’habitude après l’appel à rester chez soi de la gouverneure de Tokyo)

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