Vers une nouvelle ère impériale, vers un nouveau Japon
La cérémonie des récoltes du 14 novembre 2019 : légendaire, secrète et polémique
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Le 14 novembre : un dernier grand événement impérial pour 2019
L’avènement du nouvel empereur Naruhito a eu lieu le 1er mai 2019. Ce grand événement a été suivi d’une cérémonie officielle d’intronisation le 22 octobre, puis d’une parade en voiture à proximité du palais impérial le 10 novembre afin de recevoir les vœux de bénédiction de son peuple.
En tant que nouveau souverain du Japon, Naruhito doit se plier à un dernier rite majeur pour cette année : la première cérémonie des récoltes, appelée Daijô-sai. Elle se déroule le soir du 14 novembre 2019 jusqu’au lendemain avant le lever du jour. Le souverain remercie les divinités pour la paix dans le pays et des récoltes abondantes en leur faisant des offrandes, notamment du riz et du saké.
Pour choisir quel riz sera donné aux dieux, un rituel divinatoire est pratiqué. Il s’agit de chauffer des carapaces de tortues finement tranchées et de lire à partir des craquelures qui apparaissent. Cette tradition, appelée kiboku, remonterait à l’an 701. Deux endroits ont ainsi été choisis pour la récolte : la préfecture de Tochigi, représentant l'est du Japon, et la préfecture de Kyoto, représentant l’ouest.
Des mystères et des polémiques
La cérémonie des récoltes du 14 novembre se tiendra dans les jardins Est du palais impérial. Un ensemble de bâtiments en bois a été construit spécialement pour cette occasion. À la seule lueur des torches, le nouvel empereur, tout de blanc vêtu, gagnera les salles principales où se déroulera le rituel. Il offrira le riz, mais aussi des ormeaux et du saké. La première partie de la cérémonie aura lieu de 18 h 30 à 21 h 30 dans le pavillon représentant l’est du Japon, le Yukiden, et la seconde à partir de 00 h 30, dans le pavillon représentant l’ouest, le Sukiden, pendant 3 heures également.
L’impératrice et les membres de la famille impériale, eux aussi vêtus de kimonos de cérémonie blancs, seront présents.
Le Daijô-sai remonterait au VIIe siècle, et n’a pas été modifié depuis. Le rituel est ainsi entouré d’une aura de mystère suscitant de nombreuses théories. L’une d’entre elles prétend que c’est en entrant dans les salles principales du rituel, les pavillons Yukiden et Sukiden, où réside la déesse du Soleil, que l’empereur obtient son statut divin. L’Agence de la maison impériale réfute toutefois cette hypothèse.
Il est à noter que l’empereur ne pénètre pas seul dans ces deux salles. Il est accompagné de deux femmes qui l’assisteront. Mais personne ne sait réellement ce qui s’y passe...
La législation concernant la cérémonie des récoltes a été enlevée après la guerre, et il n’en existe aucune actuellement. Étant donné qu’il s’agit d’un rite shintoïste et non d’une cérémonie d’État, le prince Fumihito, le frère du souverain actuel, lors d’une conférence de presse donnée en automne 2018, avait émis des doutes sur l’opportunité de financer cette cérémonie sur les deniers publics ; il a suggéré à demi-mot une célébration plus modeste, ce qui n’a pas été sans susciter une polémique... Les bâtiments construits pour le Daijô-sai ont coûté environ 957 millions de yens (environ 7,5 millions d’euros).
(Photo de titre : les bâtiments construits pour la précédente cérémonie des récoltes, en novembre 1990 dans les jardins Est du palais impérial. Jiji Press)