Vers une nouvelle ère impériale, vers un nouveau Japon

Tournées en province des deux derniers empereurs : une visite à Okinawa lourde de sens

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Durant ses trente années de règne, l’empereur s’est rendu deux fois dans chacune des 47 préfectures du Japon. Outre ses visites dans les zones sinistrées, il a assisté tous les ans à trois grandes fêtes, organisées chaque fois dans une préfecture différente. Parmi celles-ci, Okinawa porte un douloureux passé, car elle a été le théâtre de combats meurtriers qui ont fait 188 000 victimes du côté japonais pendant la guerre du Pacifique. C'est de plus la dernière préfecture que l'empereur Hirohito n'avait pas visitée.

Il y a trente ans, un voile de tristesse

À l’automne 1988, quand l’état de santé de l’empereur Hirohito s’est dégradé, un voile de tristesse a recouvert le Japon. Les fêtes d’automne et festivals des sports ont été annulés en de nombreux endroits, tandis que les chaînes de télévision supprimaient leurs émissions de divertissement et que de nombreux événements étaient suspendus. Le 13 octobre, la première bise d’automne soufflait à Tokyo, annonçant l’hiver.

C’est dans ces conditions que le festival national des sports s’est ouvert le 15 octobre, presque sans aucun changement si ce n’est l’annulation du feu d’artifice. Mais l’Agence de la maison impériale avait dû adopter nombre de mesures sans précédent. Il était déjà prévu que la participation au festival revienne au prince héritier, mais au vu de l’état de santé de l’empereur, il ne pouvait quitter Tokyo. C’est donc le prince Naruhito (l’actuel prince héritier) qui a assisté à la cérémonie, avant de repartir immédiatement pour la capitale.

Hirohito et Okinawa

L’année précédente, en octobre 1987, le festival des sports avait eu lieu à Okinawa, un événement impossible à passer sous silence lorsqu’on évoque les dernières années de l’empereur Hirohito. Son souhait ultime était en effet de se rendre dans cette préfecture, car elle avait été le théâtre de combats meurtriers qui ont fait 188 000 victimes du côté japonais pendant la guerre du Pacifique, et la dernière qu’il n’avait pas encore visitée. L’heure était donc arrivée. Une visite de 5 jours, la plus longue de toutes, était prévue.

En avril 1987, lors de la conférence de presse donnée pour ses 86 ans, le souverain avait déclaré : « Au cours de mes déplacements dans les années 50, j’ai souvent souhaité me rendre à Okinawa. J’aurais ainsi pu me recueillir à la mémoire des victimes de guerre et réconforter les habitants pour les souffrances subies durant de longues années. »

L’empereur Hirohito assiste à la cérémonie célébrant le retour d’Okinawa dans le giron du Japon, en mai 1972 au Budôkan à Tokyo. (Jiji Press)
L’empereur Hirohito assiste à la cérémonie célébrant le retour d’Okinawa dans le giron du Japon, en mai 1972 au Budôkan à Tokyo. (Jiji Press)

Hirohito savait sans doute que, dans la situation complexe où se trouvaient les habitants de l’île, certains étaient opposés à sa visite. Douze ans plus tôt, quand le prince héritier et son épouse (l’actuel couple impérial) s’étaient rendus pour la première fois sur l’île, un groupe extrémiste avait lancé un cocktail molotov dans leur direction. Le souverain souhaitait néanmoins aller se recueillir sur le théâtre des combats et réconforter les habitants qui avaient reconstruit la région, c’était pour lui un « dernier devoir à accomplir ».

Cependant, il dut subir une intervention chirurgicale un mois avant la date prévue pour sa tournée à Okinawa. Lorsque le grand sénéchal de l’Agence de la maison impériale, Tomita Tomihiko, lui annonça que sa visite était annulée, le souverain lui demanda quand il lui serait possible de s’y rendre.

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