50 ans depuis le retour d'Okinawa sous la souverainté japonaise

50 ans après le retour d’Okinawa au Japon : un rôle clé vers une prospérité de la zone Asie-Pacifique

Politique

Au cours de sa longue histoire, Okinawa a souvent été ballottée par les événements dramatiques de la politique internationale. Après un examen des progrès accomplis à ce jour, 50 ans après son retour sous souverainté japonaise, l’auteur de l’article, dont les parents sont originaires de l’île, explique qu’il est nécessaire de lancer des initiatives politiques et diplomatiques pour faire d’Okinawa un lieu au cœur de la paix et de la prospérité régionale.

De l’accord pour le retour de la base de Futenma à la confrontation avec le gouvernement

En réponse à cette situation, le Premier ministre de l’époque, Hashimoto Ryûtarô, en avril 1996, a annoncé de manière fracassante qu’un accord avait été conclu avec la partie américaine pour la restitution de la base de Futenma. Grosse surprise de la population, qui n’avait jamais entendu parler de pourparlers en cours dans ce sens. Les gouvernements japonais et américains s’attelaient-il enfin à la question de la diminution des bases américaines à Okinawa ?

Or, si l’annonce originale ne faisait état d’aucune compensation concrète pour la partie américaine, mentionnant à peine l’idée d’un héliport à établir sur une autre base déjà existante, ailleurs sur l’île, il fut soudain question de construire une nouvelle base permanente de grande envergure sur la côte de Henoko, dans le nord de l’île d’Okinawa.

La forte opposition locale contre le « retour » de la base de Futenma dans ces conditions, à savoir en échange de la construction d’une nouvelle base géante un peu plus loin, est pour le moins compréhensible. En 2009, un changement de majorité parlementaire a mis Hatoyama Yukio, président du Parti Démocrate du Japon, au pouvoir. Le nouveau Premier ministre promit que si une nouvelle base devait être construite pour compenser la fermeture de Futenma, cette nouvelle base serait établie hors d’Okinawa, dans une autre préfecture. Malheureusement, il s’avéra incapable de réunir un consensus sur ce point parmi son administration, et rien ne fut fait dans ce sens. Au retour de l’ancienne majorité au pouvoir (PLD, parti libéral-démocrate), le second gouvernement Abe commença l’acquisition des terrains sur le littoral de Henoko, malgré l’opposition locale, avec en prime des calomnies qualifiant la défiance systématique d’Okinawa vis-à-vis du gouvernement « d’anti-japonaise ».

Okinawa, « miroir » de la zone Asie-Pacifique

Depuis la fin de la Guerre Froide, l’environnement international où baigne le Japon est devenu graduellement instable. À la crise nucléaire nord-coréenne s’ajoutent les tensions avec la Chine au sujet des îles Senkaku, et, ces dernières années, les rumeurs d’une possible situation d’urgence à Taiwan.

Il peut certes sembler naturel que le Japon se dote d’un dispositif pour faire face à cette situation. Néanmoins, si le monde politique se gargarise de formules fortes et viriles comme « Quand il y a urgence à Taiwan, il y a urgence au Japon », on ne voit aucun effort pour désamorcer ces tensions par le dialogue, qui est pourtant le privilège de la voie diplomatique.

Le Japon croit se mettre à l’abri par une politique sécuritaire. Il est évident que s’il est demandé à la nation de s’unir sous cette bannière, c’est Okinawa qui en souffrira le plus. Le cas échéant, ce n’est pas à Tokyo où se trouvent les décideurs politiques que « l’urgence » sonnera, c’est d’abord à Okinawa, tout proche de Taiwan et de la Chine, et surchargé de bases militaires américaines.

Une détérioration de la confiance en Asie du nord-est pourrait de son côté conduire à des tensions et à une course aux armements. Et dans la mesure où la région devrait connaître un vieillissement rapide de sa population et un déclin de sa main d’œuvre, cela ne pourrait que provoquer le déplacement du centre de gravité de la croissance vers la « jeune » Asie, à savoir l’Asie du Sud-Est et du Sud. A-t-on réellement envie de lire sous la plume des historiens du futur que l’Asie de l’Est a laissé passer son apogée dans une expansion militaire sous l’aveuglement d’une rivalité régionale ?

Okinawa est le miroir de l’ordre régional Asie-Pacifique. Malgré un passé marqué par les ravages de la guerre et les conflits entre des puissances qui la dépasse de beaucoup, son climat et sa culture attirent de nombreuses personnes en période de paix. Du 50e anniversaire du retour d’Okinawa au Japon, jusqu’au milieu du XXIe siècle, nous devrions plutôt regarder vers l’avenir de la région. Nous verrions alors que les avantages comparatifs d’Okinawa pourraient briller, et rimer avec stabilité et prospérité de la région.

(Photo de titre : la base aérienne de Kadena de l’US Air Force vue depuis la plateforme d’observation, le 24 octobre 2021. Reuters).

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