Comment restaurer l’intégrité financière du Japon

Pourquoi la taxe à la consommation japonaise est-elle inférieure à la moyenne de l’OCDE ?

Économie

Le taux de 8 % en vigueur aujourd’hui au Japon pour la taxe à la consommation est plutôt bas en comparaison avec les autres pays avancés. Cette situation s’explique par la préférence que le ministère des Finances affiche depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale pour les politiques fiscales axées sur l’impôt sur le revenu, ainsi que par les reculs électoraux enregistrés par les gouvernements qui ont cherché à introduire une taxe généralisée à la consommation, ou à augmenter le taux de la taxe existante.

La taxe à la consommation et l’avenir de la politique japonaise

L’échec de l’impôt sur le chiffre d’affaires et les recommandations Shoup ont retardé l’introduction d’une taxe généralisée à la consommation quand la direction de la politique fiscale était aux mains des fonctionnaires. Après avoir rompu avec la politique axée sur le revenu, le Bureau des impôts en vint à penser que l’augmentation de la taxe à la consommation serait plus facile si elle portait sur une taxe généralisée plutôt que sur des taxes spécifiques. Mais les gouvernements résolus à introduire une taxe généralisée à la consommation ont perdu les élections à plusieurs reprises. C’est ainsi que, dans les milieux politiques, le sentiment qu’il fallait une énorme détermination pour embrasser la cause de la taxe à la consommation s’est répandu. À l’apogée du pouvoir des politiciens liés à des groupes d’intérêts, dont beaucoup provenaient de circonscriptions électorales stables, il arrivait que certains d’entre eux en viennent à prendre des décisions impopulaires. Mais à partir du moment où le Bureau du Premier ministre a assumé la direction de la politique fiscale, le Premier ministre, en tant que chef de parti, se devait de prendre en considération l’intégralité du parti à l’heure de faire des choix.

Ceci dit, il est indéniable que la victoire du gouvernement Abe lors de l’élection générale de 2017 (voir notre article lié) sur un programme intégrant l’augmentation de la taxe à la consommation, accompagnée d’une modification de l’utilisation du supplément de recettes, a constitué un événement majeur. Peut-être le vent de la politique est-il en train de tourner au Japon.

À mesure que la commission fiscale du parti perdait de l’influence au sein du PLD, le Kômeitô, son partenaire de coalition, affirmait plus fortement sa présence. En décidant du passage de la taxe à la consommation à 10 %, M. Abe s’est conformé aux vœux du Kômeitô en décidant d’inclure une réduction du taux de la taxe pour les aliments, les boissons et les abonnements aux journaux. Le Kômeitô a tendance à envisager la taxe à la consommation dans la perspective des tranches basses de revenus, qui constituent sa base électorale. Tant que le pouvoir restera aux mains de la coalition PLD-Kômeitô, les tendances à l’œuvre au sein de ce dernier mériteront qu’on leur prête attention.

Quoi qu’il en soit, les déplacements du centre de gravité du processus décisionnel en matière de taxe à la consommation reflètent ceux qui affectent l’ensemble de la politique japonaise. Les domaines où la direction des opérations appartenait aux ministères et agences du gouvernement central sont passés aux mains des politiciens liés à des groupes d’intérêts, avant d’être repris par le Bureau du Premier ministre. Si ce modèle continue de prévaloir, c’est entre les mains du dirigeant du Japon que repose désormais l’avenir de la taxe à la consommation.

(Photo de titre : une réunion non partisane d’opposants à la taxe à la consommation au Musée parlementaire de Nagatachô, à Tokyo, en juin 2012. Jiji Press)

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