La réforme du travail va-t-elle transformer le Japon ?

Les nouvelles modalités du travail vont-elles faire évoluer le Japon ?

Société Économie

Kuroda Sachiko [Profil]

La Diète a voté en faveur du projet présenté par le gouvernement en vue de réformer les modes de travail en vigueur au Japon. Mais la nouvelle législation aura-t-elle vraiment l’effet souhaité  ? Certaines des nouvelles réglementations ne risquent-elles pas d’aggraver les choses ? Dans cet article, cinq questions clefs sont mises à l’étude.

Contraindre les travailleurs à prendre des congés

Pour ce qui est du deuxième point, certaines clauses adoptées dans le cadre de la révision récente de la Loi sur les normes du travail visent à encourager les travailleurs à faire un plus grand usage de leurs congés payés annuels.

Dans le cas des employés qui perçoivent une indemnité de congés payés calculée sur la base de dix jours par an, cinq de ces journées devront désormais être prises au cours d’une période définie. Cette mesure a attiré moins d’attention que le plafonnement des heures supplémentaires, mais elle constitue elle aussi un pas important vers la modification des modalités du travail au Japon.

À l’heure actuelle, les travailleurs japonais prennent en moyenne environ huit jours de congés payés par an. C’est moins de la moitié de ce à quoi ils ont droit en théorie. J’ajoute qu’il y a entre 10 et 20 % des travailleurs qui n’en prennent absolument aucun pendant une année entière… Pourquoi un tel extrême ? Parce que jusqu’à maintenant, le choix des dates de congés reposait entièrement sur les employés.

Dans ce contexte, pour pouvoir faire usage des congés payés auxquels ils avaient droit, les employés devaient impérativement demander la permission. Sur les lieux de travail, cela avait tendance à générer une atmosphère dans laquelle ils hésitaient à demander un congé si leurs collègues et leurs supérieurs n’en prenaient pas. Le changement récemment introduit fait obligation aux employeurs de « contraindre » les employés à prendre au moins cinq jours de congés par an, qu’ils le veuillent ou non. Il s’agit censément d’une première étape, à l’issue de laquelle les taux de jours de congés annuels effectivement pris devraient augmenter de façon plus sensible.

(Lire également notre article Pourquoi les Japonais ne prennent-ils pas de congés payés ?).

Suite > Le salaire indexé sur les résultats : les incitations adéquates sont la clef

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Kuroda SachikoArticles de l'auteur

Professeur à la Faculté de l’enseignement, des sciences et des arts intégrés de l’Université Waseda, où sa spécialité est l’économie du travail. Née en 1971. Diplômée et titulaire d’un doctorat de l’Université Keiô. Occupe son poste actuel depuis 2014, après avoir travaillé à la Banque du Japon et été professeur associée à l’Institut des sciences sociales de l’Université de Tokyo. Auteur de divers ouvrages, dont Rôdô jikan no keizai bunseki (Une analyse économique des heures de travail).

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