Les femmes dans le Japon d’aujourd’hui

Les femmes japonaises face aux dures réalités du travail et du mariage

Société

Kawaguchi Akira [Profil]

Le gouvernement japonais a annoncé haut et fort qu’il a pris des mesures pour faciliter l’accès des femmes au marché du travail. Mais les Japonaises n’en restent pas moins confrontées à des difficultés spécifiques tant du point de vue économique, que de leur vie professionnelle, du mariage et de l’éducation des enfants. Dans l’article qui suit, le chercheur en études de genre Kawaguchi Akira dresse un tableau de la situation des femmes dans le Japon d’aujourd’hui et en particulier du décalage entre leurs espérances et la réalité.

Une période défavorable au mariage

Comment les attitudes des Japonais ont-elles évolué en ce qui concerne le mariage et le travail ? Si l’on compare les réponses obtenues lors des enquêtes menées respectivement en 1987 et en 2010 par l’Institut national de recherches sur la démographie et la sécurité sociale, le changement est plus flagrant chez les hommes que chez les femmes. En 1987, 38 % des célibataires de sexe masculin concevaient leur future épouse comme une maîtresse de maison à plein temps alors qu’en 2010, ils n’étaient plus que 11 %. Dans le même temps, la proportion de ceux qui préféraient que leur partenaire continue sa carrière est passée de 11 % à 33 %. Si dans le passé, beaucoup de Japonais s’attendaient à ce que leur futur conjoint reste à la maison après le mariage, ils sont aujourd’hui de plus en plus rares.

Au cours de la même période, le pourcentage des célibataires de sexe féminin souhaitant se consacrer à leur foyer après le mariage a régressé de 34 % à 20 % entre 1987 et 2010. La proportion des femmes qui veulent concilier carrière et vie familiale a au contraire augmenté de 19 % à 31 %. En ce qui concerne la faisabilité de leurs vœux, la tendance est la même, le pourcentage des Japonaises qui s’attendent à mener une vie de mère de famille à temps complet passant de 24 % en 1987 à 9 % en 2010 et celui des femmes qui pensent qu’elles pourront mener de front vie professionnelle et vie familiale augmentant de 15 % à 25 %. On constate toutefois une progression remarquable  – de 7 % à 18 % – du nombre des Japonaises célibataires qui s’attendent à ne pas se marier et à continuer à travailler dans la réalité. La vie de femme au foyer à plein temps n’est certes pas vraiment facile. Et concilier les exigences d’un emploi avec les tâches domestiques et l’éducation des enfants n’est pas non plus une occupation de tout repos. Mais dans le Japon d’aujourd’hui, ce qui est de plus en plus difficile c’est tout simplement de se marier.

(D’après un texte en japonais du 21 juillet 2015. Photographie du titre : le quartier Marunouchi de Tokyo, Jiji Press.)
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Kawaguchi AkiraArticles de l'auteur

Né en 1958 dans la préfecture de Kagawa. Professeur à la faculté des sciences politiques de l’Université Dôshisha de Kyoto depuis 2004. Spécialiste de l’économie du travail et des études de genre. Diplômé de la faculté d’économie de l’Université de Kyoto (1982). Titulaire d’un doctorat d’économie de l’Université nationale d’Australie (1990). A donné des cours à la faculté d’économie et de commerce de l’Université de Melbourne, puis à la faculté d’économie de l’Université Ôtemon Gakuin d’Osaka jusqu’en 2004 où il a accédé à son poste actuel. Auteur de divers ouvrages dont Nihon no gender o kangaeru (Réflexion sur l’inégalité entre les hommes et les femmes au Japon, Yûhikaku, 2013) et Jenda keizai kakusa (Le décalage économique entre les hommes et les femmes, Keisôshobô, 2008).

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