Réfléchir à Okinawa

Qu’est-ce que l’identité d’Okinawa ?

Politique

Que recouvre l’identité d’Okinawa qui forme le pivot de l’opposition au projet du gouvernement Abe d’imposer le transfert d’une base américaine à Henoko ? Nous présentons ce mouvement fondé sur la reconnaissance de l’histoire des habitants d’Okinawa et des discriminations structurelles subies par cet archipel qui vise à créer une solidarité unissant la société d’Okinawa.

Le modèle du « Claim of Rights » écossais

J’étudie depuis de longues années l’Écosse qui m’apparaît comme un modèle en matière de droit à l’autodétermination. L’Écosse fournit en effet un exemple précieux, celui d’une région qui a été intégrée à un autre pays et qui a ensuite revendiqué son droit à l’autodétermination, a retrouvé sa souveraineté de manière pacifique. L’indépendance de l’Écosse est établie par l’histoire, et les Écossais n’ont jamais renoncé à leur droit à l’autodétermination.

En 1689, à l’occasion de la Glorieuse Révolution anglaise, l’Écosse a proclamé le Claim of Rights, qui définissait les droits des Écossais que le roi devait protéger, et affirmait la nécessité d’établir un gouvernement qui protège ces droits. Telles sont les bases historiques sur lesquelles s’est fondée la Convention de 1989 à laquelle ont participé environ 80 % des élus écossais ainsi que des délégués de pratiquement toutes les municipalités écossaises. Cette Convention a publié une déclaration des droits qui affirmait celui du peuple écossais à former un gouvernement autonome, et elle a ensuite proposé, en tant qu’assemblée constitutionnelle un projet pour une nouvelle forme de gouvernement en Écosse.

L’Écosse a, en d’autres termes, affirmé que les Écossais avaient le droit de se gouverner eux-mêmes, leur droit à l’autodétermination, et la Convention a rédigé une loi fondamentale globale pour l’Écosse. Le parti travailliste qui s’était engagé à mettre en œuvre ce projet a respecté sa promesse lorsqu’il a remporté les élections de 1997 avec Tony Blair à sa tête. Le nouveau Premier ministre a soumis cette proposition de loi au Parlement britannique qui a approuvé le projet de l’assemblée constitutionnelle écossaise sans presque le modifier.

L’Écosse a ainsi conquis une autonomie renforcée qui lui donne le droit de gérer seule ses affaires intérieures, et d’adopter des lois ayant la même validité que celle du Parlement britannique. Les compétences du domaine de la diplomatie, de la défense nationale ou de la macro-économie demeurent du ressort du gouvernement britannique, mais l’indépendance n’est plus une question importante, puisque le droit à l’autodétermination du peuple écossais est reconnu à l’intérieur du pays comme à l’extérieur, et que l’Écosse dispose d’une autonomie renforcée.

En janvier 2013, le gouvernement japonais a reçu un « Mémoire » signé par les maires des 41 municipalités de la préfecture d’Okinawa, les présidents de ses conseils municipaux et les représentants de tous les partis de l’assemblée préfectorale, ainsi que par les représentants du monde économique et des syndicats, dans le cadre d’une démarche proche du Claim of Rights écossais. Ce « Mémoire », centré autour de la fermeture immédiate de la base de Futenma, du retrait des appareils de transport militaires Osprey, et de l’abandon du projet de transfert de la base de Futenma dans la préfecture d’Okinawa, devait servir de point de départ .

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