Les sept décennies de l’après-guerre au Japon

Japon, Corée du Sud : le moment est venu de construire une nouvelle relation

Politique

Kimura Kan [Profil]

L’année 2015 marque non seulement le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi le 50e anniversaire de la normalisation des liens du Japon avec la Corée du Sud. Au cours du demi siècle qui s’est écoulé depuis 1965, les relations internationales ont été le théâtre de grands changements et l’ancien schéma bilatéral n’est plus vraiment pertinent. Le spécialiste de la Corée Kimura Kan passe en revue les problèmes qui affectent la relation bilatérale et propose quelques idées pour y remédier.

Améliorer les relations bilatérales en les fondant sur un nouveau dispositif

Si l’on considère que l’idée d’une commission d’arbitrage formellement constituée au titre de cet accord serait trop difficile à mettre en œuvre sur le plan concret ou trop risquée politiquement parlant, une autre option consisterait à fonder une commission, ou tout autre forme d’instance collégiale, « au fonctionnement plus informel ». Des organes juridiques d’arbitrage international tels que la Cour internationale de justice et d’autres commissions officielles ne sont rien de plus que des groupes de spécialistes éminents du droit international et d’anciens diplomates, et il ne serait certainement pas difficile de mettre sur pied un groupe de ce genre, qui pourrait constituer une « pseudo commission d’arbitrage ». Les jugements prononcés par cette instance pourraient alors nous servir d’outils pour faire avancer les tribunaux et le public des deux pays vers un consensus en vue de construire une nouvelle relation bilatérale. Les conclusions de cette commission pourraient pour le moins fournir un précieux matériau de référence pour aider les tribunaux, les gouvernements et, par dessus tout, les peuples des deux pays à prendre conscience du regard que le reste de la communauté internationale porte sur le débat qui les occupe. Cela donnerait en outre aux gouvernements en place à Tokyo et Séoul, paralysés l’un comme l’autre par la ligne dure affichée par leurs opinions publiques, une ouverture cruciale pour procéder à un changement de cap.

Le pas le plus essentiel pour nous consiste à regarder bien en face l’état actuel de la relation bilatérale fondée sur le traité de base de 1965, et à admettre que, au bout d’un demi siècle, elle a cessé de fonctionner correctement, après quoi nous pourrons nous mettre sincèrement en quête de solutions pour la réparer. Dans le monde d’aujourd’hui, les anciennes relations verticales sont en train de laisser place à des relations horizontales, et ce processus de nivellement génère quantité de nouveaux problèmes. Vue sous cet angle, la relation entre le Japon et la Corée du Sud est un microcosme du monde d’aujourd’hui.

Dans le contexte des changements majeurs intervenant dans les relations internationales, comment pouvons-nous mettre sur pied un nouveau dispositif apte à garantir la stabilité que nous procurait l’ancien ? La réponse que nous trouverons à cette question sera à la mesure de notre sagesse.

(D’après un original en japonais du 7 janvier 2015. Photo de titre : la présidente sud-coréenne Park Geun-hye assise à côté du premier ministre japonais Abe Shinzô lors du sommet de l’« Asean+3 » au Myanmar en novembre 2014. Xinhua /Aflo)

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Kimura KanArticles de l'auteur

Professeur à l’Université de Kobe ; président du Forum Pan-Pacifique. Titulaire d’un doctorat de droit de l’Université de Kyoto. A été expert invité à l’Université Harvard, à l’Université de Corée et à l’Institut Sejong. Auteur de plusieurs ouvrages, dont Kankoku ni okeru « ken'ishugiteki » taisei no seiritsu (La mise en place du système autoritaire sud-coréen), qui a reçu le Prix Suntory pour les sciences sociales et humaines.

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