Le manga et l'anime deviennent des marques

La nature selon Miyazaki Hayao

Culture

Sugita Shunsuke [Profil]

De sa position de leader incontesté, Miyazaki Hayao conduit toute l’animation japonaise de main de maître. La conception de la nature qui sous-tend toute son œuvre, la beauté de sa faune mais aussi sa radioactivité, parfois même sa violence, est celle d’une nature à multiples facettes, complexe et en perpétuelle évolution, en un mot : une conception asiatique de la nature.

Le défi lancé à la nouvelle génération des créateurs de dessins animés

Le dessin animé selon Miyazaki Hayao, Takahata Isao et Suzuki Toshio a été possible grâce au contexte de la croissance rapide de l’après-guerre. Demain, on peut prévoir que l’animation japonaise développera encore plus qu’aujourd’hui sa production dans un contexte international, en Thaïlande, en Malaysie, à Taïwan, au Viet-Nam, etc. Dans les pays d’Asie, le déploiement de forces techniques s’accélère sur le terrain de la production de dessins animés (« Ghibli et le destin de la production artisanale – La guerre du dessin animé en Asie a déjà commencé », éd. Bungei Shunjû / BLOGOS). À en croire Suzuki Toshio, le pessimisme qui prétend que « l’animation japonaise tourne à vide » est une erreur. Bien au contraire, le temps est maintenant venu où une grande œuvre peut être produite globalement en Asie, chaque territoire apportant sa contribution.

La description de la vie et de la nature dans les films de Miyazaki Hayao ne s’est jamais enfermée dans une peinture étroitement chauvine de la beauté de la nature japonaise. Des êtres de natures diverses se mêlent, mûrissent peu à peu, poursuivent leur évolution. Et cette vision est liée aux principes de la nature asiatique dont Miyazaki avait fait la découverte dans sa jeunesse.

Cela nous donne à nous aussi la chance, en ouvrant plus largement notre point de vue, d’accueillir et redécouvrir la culture et le dessin animé de l’Asie (dont le Japon est membre). Naîtront alors des œuvres inouïes, jusqu’à présent inimaginables, grâce à cette nouvelle répartition des fonctions techniques en Asie. Ces nouveaux films panasiatiques ouvriront, n’en doutons pas, notre vision du monde et de la nature un peu trop facilement étroite et fermée, vers une plus grande richesse, plus tournée vers l’extérieur.

(Photo de titre : Miyazaki Hayao à la conférence de presse du 6 septembre 2013. Jiji Press)

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Asie nature agriculture

Sugita ShunsukeArticles de l'auteur

Critique. Né en 1975. Diplômé d’études doctorales en Littérature et Sciences humaines de l’Université Hôsei. Auteur de nombreux essais critiques sur la littérature, le cinéma, le manga et l’animation dans des périodiques culturels comme Subaru, Shinchô, Eureka, etc. Poursuit une intense activité critique tout en travaillant comme aide-soignant pour les personnes handicapées. Parmi ses œuvres principales : Qu’est-ce que la Liberté pour un travailleur précaire ? (Jinbun Shoin, 2005), Sur Miyazaki Hayao : des dieux et des enfants  (éd. NHK, 2014), etc.

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