Les nombreuses facettes des relations entre le Japon et la Chine

Les problèmes maritimes et l’avenir des relations sino-japonaises

Politique

Kôda Yôji [Profil]

Dans le contexte de tension permanente qui règne autour des îles Senkaku, le passage de navires chinois dans les eaux qui entourent les îles Ryûkyû constitue un nouveau sujet de préoccupation pour la sécurité régionale du Japon. Kôda Yôji, vice-amiral en retraite des Forces maritimes d’autodéfense du Japon, propose ici une analyse de l’état actuel des relations sino-japonaises et une réflexion sur les moyens à employer pour instaurer un climat de confiance mutuelle.

Tokyo et Pékin ne veulent pas voir la situation se détériorer davantage

Le litige entre le Japon et la Chine à propos des îles Senkaku a brusquement émergé dans la seconde moitié des années 1960. Puis les tensions se sont peu à peu aggravées jusqu’en 2008, après quoi la situation s’est rapidement détériorée. La décision japonaise de nationaliser les îles a mis les relations à rude épreuve et marqué un point culminant dans l’histoire du litige. Mais, depuis le milieu de l’année 2013, la situation en reste plus ou moins au niveau de la surveillance à vue entre navires de patrouille expédiés par les deux pays dans les parages des Senkaku. On peut y voir un signe de la volonté de Tokyo et de Pékin d’empêcher la situation de se détériorer davantage et de maintenir le statu quo en préalable à l’amélioration des relations bilatérales. Des efforts ont été consentis de part et d’autre pour apaiser l’opinion publique et la Chine, en particulier, a pris des mesures pour réprimer les excès du nationalisme et de l’hostilité au Japon.

En témoigne le fait que ni les FMAD ni la marine chinoise n’ont déployé de navires au voisinage des îles, se contentant toutes deux d’apporter un soutien à des activités telles que la surveillance maritime et de stationner des navires en alerte à distance pour parer aux imprévus. On est en droit de considérer que cette réaction modérée suggère que Pékin a adopté une tournure d’esprit raisonnable, pragmatique, que l’état actuel de ses relations avec Tokyo l’inquiète aussi et que, dans l’espoir de les améliorer, les Chinois ne souhaitent pas voir s’envenimer le litige à propos des Senkaku. Ce signal est bienvenu, mais le Japon n’en doit pas moins rester sur ses gardes et se tenir prêt au cas où les événements prendraient une tournure exigeant le recours à la contrainte ou à la persuasion.

Suite > La tension monte dans l’archipel des Ryûkyû et le Pacifique occidental

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Kôda YôjiArticles de l'auteur

Vice-amiral en retraite des Forces maritimes d’autodéfense du Japon (FMAD). Né en 1949 dans la préfecture de Tokushima. Diplômé de l’Académie nationale de défense en 1972, il a rejoint les FMAD. A suivi une formation au US Naval War College (École navale des États-Unis) en 1992. A été directeur général du Bureau interarmes de l’état-major, commandant du district de Sasebo et commandant en chef de la Flotte d’autodéfense. A pris sa retraire en 2008. Associé principal au Centre pour l’Asie de l’Université Harvard.

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