De nouveaux horizons pour l’économie japonaise

La redynamisation de l’agriculture japonaise sous l’angle de la compétitivité internationale

Économie

Dans le cadre des négociations sur la participation au Partenariat transpacifique (TPP), la compétitivité internationale de l’agriculture japonaise fait actuellement débat. Comment redynamiser le secteur agricole ? Nous allons examiner les problèmes et les enjeux liés à cette question, en particulier en ce qui concerne la production de riz.

Pour une redynamisation de l’agriculture

Le déclin et le vieillissement de la population ainsi que l’évolution des habitudes alimentaires du Japon vont se traduire par une baisse continue de la consommation. Dans ce contexte, afin de redynamiser l’agriculture et d’être compétitif au niveau international, il est nécessaire de s’intéresser au thème crucial qu’est l’amélioration de la productivité agricole.

Premièrement, il convient de sortir de la spirale d’improductivité actuelle. Il est avant tout nécessaire de résoudre le problème du nombre élevé de riziculteurs à temps partiel, une structure improductive préjudiciable à l’intensification agricole, ainsi que celui de l’augmentation du nombre de friches, contraire à l’amélioration du rendement des terrains agricoles. Concrètement, des réponses doivent être apportées à la politique de réduction de la production et au faible coût de la détention de terrains agricoles.

Deuxièmement, il convient de mettre à profit le dynamisme des entreprises. Depuis quelques années, le ministère de l’Agriculture met en œuvre des mesures destinées à encourager les entreprises à s’implanter dans le secteur agricole. Cependant, les limitations sont encore nombreuses et les entreprises ne peuvent pas s’impliquer pleinement dans ce secteur.

Examinons maintenant la situation sous ces deux angles.

1 – Sortir de l’improductivité : l’abandon des mesures de réduction de la production

Les mesures de réduction de la production (aujourd’hui régulation de la production) constituent un « cartel » voué au maintien des prix élevés du riz, qui doit être supprimé pour fixer les prix selon les lois du marché. Dans ce cas, les riziculteurs à temps partiel, foyer de l’improductivité, se trouveront face à quatre choix : (1) continuer la riziculture au détriment de la rentabilité, (2) choisir une autre culture, (3) abandonner l’agriculture parce que ce n’est pas rentable (cas de réduction de la production pour une consommation familiale compris) ou (4) louer leur terrain à des cultivateurs professionnels plus productifs.

La première solution a le mérite de permettre à la population de payer le riz moins cher, puisque les prix baisseront en vertu des lois du marché. En revanche, les agriculteurs à temps partiel dont le rendement est faible pourront difficilement maintenir leur activité et seront, à terme, contraints de choisir l’une des autres solutions. La deuxième possibilité, le choix d’une autre culture, présentant le désavantage de demander plus de travail, elle incite à choisir entre les solutions (3) et (4). Dans le cas (3), si le coût de détention d’un terrain agricole reste faible, l’apparition de friches sera favorisée et le problème actuel renforcé. Il est donc crucial de modifier le système afin de réévaluer le statut des terrains non cultivés et de les imposer au même taux que les terrains habitables, ainsi que de renforcer la gestion du recouvrement des taxes.

L’arrivée au pouvoir du Parti démocrate (PDJ) a été marquée par l’introduction d’un système de subvention personnalisée. Ce système, qui a pour objectif de renforcer la compétitivité sur les marchés, est largement mis en œuvre au niveau mondial. Cependant, dans le cadre de la politique actuelle, le problème est que les mesures de réduction de la production rizicole subsistent et conditionnent l’obtention de la subvention personnalisée. Le système de subvention personnalisée prévoyait de verser une enveloppe supplémentaire aux producteurs pour compenser l’abandon des mesures de réduction de la production et la baisse du prix du riz, afin de maintenir de facto les prix élevés du riz ; il s’agissait donc de faire baisser les prix du riz tout en protégeant les agriculteurs. Les prix auraient ainsi été plus compétitifs et, dans l’éventualité d’une participation au TPP, le riz japonais d’excellente qualité aurait été compétitif au niveau international.

Cependant, le versement de la subvention personnalisée pour la production de riz est actuellement conditionné aux mesures de régulation de la production (mesures de réduction de la production) et de rotation des cultures (depuis 2012, la subvention personnalisée est également appliquée aux cultures autres que le riz).

  • Système de subvention personnalisée pour le riz : subvention versée (aux producteurs participant à la régulation de la production) selon la superficie de riziculture
  • Mise en valeur des rizières : subvention versée selon la superficie de rizières dévolues à d’autres cultures

Dans la situation actuelle des finances publiques, plutôt que d’effectuer un saupoudrage de subventions touchant la totalité des agriculteurs, il vaut mieux faire évoluer le système de subvention personnalisée pour le limiter aux exploitations dépassant une superficie donnée et conditionner son versement à l’agrandissement des exploitations, source d’amélioration de la productivité.

2 – Mettre à profit le dynamisme des entreprises

Le ministère de l’Agriculture, afin de dynamiser le secteur agricole en perte de vitesse, a réformé en 2009 la loi sur les terrains agricoles et rationalisé les règles de détention des terrains agricoles.

(a) Les obstacles législatifs à l’entrée dans le secteur de l’agriculture

La réforme de 2009 de la loi sur les terrains agricoles a assoupli les conditions d’entrée dans le secteur pour les entreprises non-agricoles. Le plafond de l’investissement dans les structures agricoles a été porté à 25% et les limitations à l’entrée sur le marché par le biais de la location de terrains ont été levées. Cependant, les obstacles restent importants, et les entreprises qui ont investi dans des structures agricoles considèrent difficile de réellement s’engager, le plafond de 25% des parts ne leur permettant pas de disposer du droit de gestion.

Par ailleurs, concernant la location des terrains agricoles, on peut noter que des problèmes subsistent : le risque inhérent au renouvellement du contrat et la difficulté à obtenir les meilleures terres. L’implication des entreprises venues d’autres secteurs, importante pour la formation de la nouvelle génération d’agriculteurs, doit être davantage encouragée, notamment en supprimant les restrictions d’investissement.

(b) Les enjeux de la politique d’intensification agricole

En 2009, en réponse au problème des friches, un plan de rationalisation de la propriété agricole régissant les transactions sur les terrains et le rôle des intermédiaires a été mis en œuvre. Cette activité a été confiée aux structures de rationalisation de la propriété agricole, formées par les collectivités locales et les coopératives agricoles, soit 47 entreprises agricoles départementales publiques, 160 organismes facilitateurs (anciennement entreprises agricoles locales publiques) et 380 coopératives agricoles. Ces mesures, limitées à l’année 2009, ont eu un impact modéré. De nombreuses structures ont été créées, mais, du fait que les entreprises du secteur privé en ont été écartées, on voit surtout là une tentative de s’approprier des privilèges et des budgets.

Les friches représentent un problème important, qui va continuer à enfler. Il est d’autant plus indispensable d’ouvrir ce secteur aux entreprises du privé pour mettre à profit leur savoir-faire en matière de transactions et de gestion immobilières.

Suite > Les négociations d’adhésion au TPP, une dernière chance ?

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