La question des manuels d’histoire japonais

Le système des manuels scolaires d’histoire au Japon

Politique Société

En ce qui concerne le traitement des manuels scolaires, l’inspection pour autorisation des manuels d’histoire au Japon soulève de nombreuses critiques aussi bien dans le pays qu’à l’étranger. Comment les manuels d’histoire utilisés dans l’éducation publique sont-ils réalisés et inspectés ? M. Mitani Horishi, professeur à l’Université de Tokyo, lui-même auteur de manuels d’histoire actuellement utilisés dans les collèges et les lycées, nous explique ce processus.

Réalisation des manuels scolaires par les maisons d’édition privées

Les manuels scolaires au Japon sont réalisés et mis en vente par des maisons d’édition privées, conformément aux critères des Directives d’enseignement établies par le ministère de l’Éducation. Chacune des maisons d’édition envisage une révision du manuel approximativement tous les cinq ans et engage les préparatifs pour la rédaction du manuel suivant. Le comité de rédaction qui se réunit à cet effet se compose, pour un manuel, de 2 ou 3 employés de la maison d’édition, de chercheurs en histoire à l’université et de professeurs ayant enseigné ou enseignant actuellement l’histoire dans les collèges et lycées.

Le contenu de ces manuels est rédigé conformément aux Directives d’enseignement mais ces directives ne donnant elles-mêmes que des orientations très sommaires, il doit être décidé concrètement lors des réunions du comité de rédaction. Après avoir décidé du contenu et des auteurs, des réunions du comité de rédaction sont organisées 10 fois environ et la révision est mise à l’étude, tout en intégrant les changements sociaux ou de perspective qui sont intervenus entretemps. Il est important, en particulier, de savoir où placer les points clés, comment faciliter l’apprentissage et la lecture, de sélectionner des sujets convenant à l’étape du développement mental des élèves et de trouver de procédés ingénieux pour les modes d’expression. Les entreprises chargées des manuels scolaires doivent, deux ans avant le début de l’utilisation de la version révisée du manuel, préparer les textes en un an environ, les imprimer, les relier et les soumettre à l’inspection du ministère de l’Éducation pour approbation.

Inspection du ministère de l’Éducation pour approbation

Les textes ainsi réalisés et présentés sont examinés par le ministère de l’Éducation qui décide de leur admission ou de leur refus. C’est le Conseil de recherche pour l’autorisation des manuels, établi au sein du Ministère, qui est responsable de cet examen et la décision est prise par le ministre de l’Éducation sur la base du rapport qui lui est présenté par le conseil. Dans l’administration au Japon, il est très rare que le ministre renverse une décision du conseil. La conclusion du conseil est donnée aux environs du mois de novembre de l’année de la soumission à l’inspection. Dans la plupart des cas, les livres présentés ne sont pas admis tels quels, la décision reste en suspens et des rectifications sont requises.

Les maisons d’édition peuvent faire objection à ces demandes de correction mais, dans la majorité des cas, elles servent principalement à signaler des idées erronées par rapport à des faits objectifs, des maladresses d’expression, des ambiguïtés de phraséologie ou des difficultés de lecture et il est rare que les maisons d’édition argumentent sur ces points. Le Conseil de recherche examine la version révisée présentée par la maison d’édition qui est avertie de la décision finale au nom du ministre.

Les critères de décision pour les manuels de sciences sociales sont principalement (1) de ne pas porter de jugement catégorique sur des phénomènes d’actualité qui n’ont pas été confirmés, (2) de prendre dûment en considération le point de vue de la compréhension et de la coopération internationale pour traiter des événements de l’histoire contemporaine récente en relation avec les pays voisins de l’Asie et (3) de choisir comme référence, le cas échéant, des textes d’auteur ou des documents historiques dont la réputation est établie ou extrêmement fiables et de les utiliser à bon escient.

Ces critères d’inspection demandent globalement que la rédaction des manuels soit effectuée objectivement et de manière équilibrée dans la mesure du possible. S’il faut admettre que la prudence de ce système rend les manuels scolaires japonais insipides à la lecture, une attention soutenue est toutefois apportée du point de vue de l’impartialité de la procédure.

Dans le cas des manuels d’histoire pour les écoles primaires, huit ouvrages ont été soumis durant l’année 2010 et sept ont été admis. Lorsque la notification d’admission est reçue, la maison d’édition réalise et présente un échantillon de manuel qui est examiné et sélectionné l’année suivante par les zones d’adoption (582 zones) dans chacune des régions du pays.

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