Le Dôme de la bombe atomique de Hiroshima, patrimoine mondial
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Le Dôme de la bombe atomique, pour la paix dans le monde
6 août 1945, 8 heures 15. La bombe atomique Little boy est larguée sur Hiroshima. 90% des quelque 76 000 bâtiments de la ville sont détruits ou incendiés et sur 350 000 civils et militaires, 140 000 mourront avant la fin de l’année. La ville est ravagée ; les maladies causées par les radiations nucléaires feront souffrir les victimes durant de longues années encore.
L’édition du 8 août 1945 du Washington Post relayait l’opinion du professeur Harold Jacobson : « Hiroshima, contaminée par la radioactivité, va devenir une terre stérile sur laquelle rien ne poussera pendant 75 ans. » Au Japon aussi, la propagande américaine diffusait un message similaire : Hiroshima serait inhabitable pendant 75 ans, il serait suicidaire d’y envoyer des scientifiques pour évaluer les dégâts, un message repris par de nombreux médias japonais.
Le Hall de promotion industrielle de Hiroshima, avant la tragédie qui en fera le Dôme de la bombe atomique. (Photographie : Musée du mémorial pour la paix)
Ainsi condamnée à devenir une terre stérile, Hiroshima peut s’enorgueillir de sa renaissance ; environ 70 ans après la guerre, c’est une grande ville, avec 1,18 million d’habitants. Près de l’épicentre de l’explosion se dressent le Parc et le Musée de la paix, ainsi qu’un mémorial, comme voulu par la loi du 6 août 1949 pour la reconstruction de la Cité de la paix. Cet endroit verdoyant est aujourd’hui un haut lieu touristique. Le Musée de la paix et le Dôme de la bombe atomique figuraient en première place du classement 2012 des lieux touristiques du Japon les plus appréciés des étrangers, établi par le site de notation de services touristiques TripAdvisor.
Tous les 6 août, jour commémoratif, Hiroshima prie pour les victimes de la bombe atomique, mais aussi pour l’éradication des armes nucléaires et pour une paix durable dans le monde.
Le Dôme de la bombe atomique (mémorial de la paix)
Le mémorial de la paix de Hiroshima, appelé Dôme de la bombe atomique par les habitants en raison de la forme de la structure métallique arrondie qui le surmonte. C’était à l’origine le Palais de l’exposition commerciale de Hiroshima, inauguré en avril 1915 et rebaptisé, à l’époque du bombardement, Hall de promotion industrielle de Hiroshima.
Situé à la pointe est du pont Aioi — la cible du bombardement atomique — et à seulement 160 mètres au nord-ouest de l’épicentre, le bâtiment a subi de plein fouet, presque verticalement, le souffle de l’explosion et les rayonnements thermiques. L’armature métallique du dôme central, les murs extérieurs et la structure ont échappé à la destruction par miracle.
Après-guerre, l’édifice menaçait de s’effondrer et certaines voix réclamaient sa démolition, parce qu’il rappelait trop l’expérience terrible de l’irradiation. Néanmoins, quand les bâtiments témoignant du bombardement atomique ont disparu les uns après les autres au fil de la reconstruction de Hiroshima, il a été décidé de conserver le dôme pour en faire un mémorial. Des travaux de renforcement ont été effectués à plusieurs reprises et le bâtiment a été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en décembre 1996.
Cérémonie pour la paix et Cénotaphe du Parc de la paix
Le nom officiel de cette cérémonie est « Cérémonie du cénotaphe de la paix de Hiroshima et prière pour la paix ». Chaque année, le 6 août, date commémorative du bombardement atomique, une cérémonie est organisée devant le Cénotaphe du Parc de la paix pour le repos des victimes de la bombe A et pour une paix durable dans le monde.
En 2013, environ 50 000 personnes — des proches des victimes et des habitants de Hiroshima bien entendu, mais aussi le premier ministre Abe Shinzô, l’ambassadeur américain au Japon John Roos et le cinéaste Oliver Stone — y ont participé. Une minute de silence a été observée à 8 heures 15, heure à laquelle la bombe a été larguée. La Déclaration pour la paix, lue par le maire de Hiroshima tous les ans pendant la cérémonie et envoyée aux nations du monde entier, plaide pour l’éradication des armes nucléaires et l’avènement d’une paix durable dans le monde.
Monument de la paix des enfants
Ce monument a été édifié en 1955, suite au décès de Sasaki Sadako (12 ans) d’une leucémie, à la mémoire de tous les enfants victimes de la bombe atomique.
Sadako, irradiée à l’âge de deux ans, n’avait souffert d’aucune blessure externe et était une fillette gaie et sportive. Mais en sixième année de cours élémentaire, elle a soudain développé une leucémie, due à la « pluie noire » contaminée qui était tombée pendant que sa mère fuyait, Sadako sur son dos, l’incendie qui dévastait Hiroshima. Pendant son hospitalisation, la fillette, émue par les grues en origami envoyées pour lui souhaiter un prompt rétablissement, a elle aussi fait des pliages de grues en espérant guérir à la millième, suivant le dicton populaire. Les grues en origami suspendues dans sa chambre d’hôpital ont dépassé ce chiffre, mais son vœu n’a pas été exaucé.
Le Monument de la paix des enfants a été construit grâce à la campagne nationale de dons initiée par ses camarades de classe. Chaque année, environ dix millions de grues en papier venues du Japon et de l’étranger sont déposées autour du monument, surnommé la « tour aux mille grues ».
(Voir notre article : Les grues en papier : un message de paix et d’espoir pour le monde entier)
Le pont Aioi
Ce pont, cible du bombardement atomique, enjambe la Honkawa et son affluent, la Motoyasugawa, à leur point de confluence au cœur de la ville.
Avec le pont ferroviaire de la ligne de tramway qui longe l’avenue Aioi d’est en ouest et, à peu près au milieu, la passerelle d’accès au Parc de la paix qui s’étend vers le sud, le pont Aioi forme un T. Cette forme particulière, facilement repérable depuis le ciel, en a fait une cible privilégiée pendant la guerre à cause des nombreuses installations militaires, et notamment du commandement militaire de la région du Chûgoku, situées à son nord-est, près du château de Hiroshima.
Le Musée du mémorial de la paix
Musée édifié au sud du Parc de la paix, pour transmettre aux générations futures l’horreur du bombardement atomique, conformément à la loi sur la reconstruction de la Cité de la paix.
La collecte de documents sur la tragédie et d’objets d’époque a été conduite par les bénévoles de l’Association de compilation des documents sur le bombardement atomique (actuelle Association pour la conservation des documents sur le bombardement atomique), avec la participation de nombreux citoyens. Sont également présentés des documents et photographies montrant Hiroshima avant et après la tragédie, des dioramas et de grandes maquettes, ainsi que des explications sur le monde à l’ère du nucléaire. L’exposition vise à l’avènement d’une société pacifique, sans armes nucléaires. Ce musée conçu par l’architecte Tange Kenzô, constitué d’un bâtiment principal et d’une annexe, est inscrit sur la liste du patrimoine culturel national important. D’importants travaux de réfection sont prévus entre 2013 et 2018 ; cette photographie est donc un précieux témoignage du musée actuel.
Lanternes flottantes
Depuis les berges aménagées du fleuve Motoyasu, sur la rive opposée au Dôme de la bombe atomique, des lanternes multicolores portant des messages à la mémoire des victimes et pour la paix sont déposées sur les eaux, en direction du pont Aioi, là où ont péri de nombreuses personnes irradiées qui recherchaient de l’eau. Généralement, les cérémonies avec des lanternes flottantes sont organisées le dernier jour de la fête des morts (16 août), mais, à Hiroshima, c’est le 6 août, en fin d’après-midi.
Les lanternes sont allumées à la « flamme de la bombe atomique », des braises trouvées par Yamamoto Tatsuo, un soldat affecté à Hiroshima, dans les décombres de la librairie de son oncle, un mois après le bombardement. Cette flamme est aujourd’hui conservée à Hoshino, petit village dans la préfecture de Fukuoka. Les lanternes sont fabriquées avec du papier recyclé à partir des grues déposées au Monument de la paix des enfants.
Avec la coopération de : Hiroshima Film Commission, Mairie de Hiroshima, Musée du mémorial de la paix de Hiroshima, Chûgoku Shimbun
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