[Galerie photos] Le Meiji-mura : un musée géant en plein air sur la modernisation du Japon

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Nakano Yûko [Profil]

L’ère Meiji (1868-1912) a vu le Japon s’ouvrir au monde et entamer son processus de modernisation. Le Meiji-mura est un musée en plein air de la taille d’une ville qui rassemble et conserve des bâtiments historiques de cette époque.

Un mobilier d’intérieur divers et varié

En plus des bâtiments historiques, le Meiji-mura recherche activement des meubles et autres objets historiques. Il compte actuellement plus de 30 000 pièces dans sa collection, dont certaines exposées à l’intérieur des bâtiments. Le musée possède des meubles du Rokumeikan, des palais Meiji et Akasaka, ainsi que d’autres conçus par Frank Lloyd Wright, Takeda Goichi ou Endô Arata : la taille de la collection est inégalée au Japon. Dans chaque bâtiment, le bureau et la salle à manger sont meublés de manière appropriée et les visiteurs du musée sont autorisés à s’asseoir et découvrir les pièces telles qu’elles étaient originellement conçues.

À gauche, une chaise à dossier en forme de ballon dans un style populaire en Grande-Bretagne au XIXe siècle, décorée de motifs de fleurs de cerisier japonais en laque makie, provenant de la maison de Saigô Tsugumichi ; à droite une chaise paon conçue par Frank Lloyd Wright, exposée dans le hall de l'Hôtel impérial.
À gauche, une chaise à dossier en forme de ballon dans un style populaire en Grande-Bretagne au XIXe siècle, décorée de motifs de fleurs de cerisier japonais en laque makie, provenant de la maison de Saigô Tsugumichi ; à droite une chaise paon conçue par Frank Lloyd Wright, exposée dans le hall de l’Hôtel impérial.

Le musée présente aussi des équipements industriels qui ont contribué à fonder les bases du Japon moderne, notamment une machine à vapeur Brunat de type monocylindre, ainsi que trois biens culturels importants : une raboteuse de sceau du chrysanthème, une machine à filer à anneaux britannique et une pompe centrifuge de style Inokuchi construite à l’aube de l’ère ferroviaire japonaise à l’usine Shinbashi des chemins de fer nationaux. Des guides bénévoles sont présents sur place pour activer certaines de ses machines et expliquer leur fonctionnement.

Une machine à filer à anneaux de la société britannique Platt Brothers.
Une machine à filer à anneaux de la société britannique Platt Brothers.

Des archives de la Croix-Rouge japonaise

Le Meiji-mura possède aussi près de 5 000 documents, livres et photographies de la Croix-Rouge japonaise (JRC), qui ont été sauvés avant la destruction et la reconstruction du siège de l’organisation. Ils comprennent des archives des principales activités de secours de la JRC lors de catastrophes naturelles, ainsi que les premières activités d’aide humanitaire du Japon en faveur des orphelins polonais, constituant des données historiques précieuses qui témoignent des activités de l’organisation.

Une photographie immortalisant les efforts de secours de la Croix-Rouge japonaise après le tremblement de terre de Nôbi en 1891.
Une photographie immortalisant les efforts de secours de la Croix-Rouge japonaise après le tremblement de terre de Nôbi en 1891.

Un orgue et une locomotive

En 2018, grâce à une campagne de financement participatif, le musée a pu payer les réparations et la restauration d’un grand orgue à anches américain datant de 1890. L’orgue est aujourd’hui joué par les membres du personnel, offrant aux visiteurs un aperçu de la musique de l’ère Meiji.

Un orgue américain datant de 1890, toujours opérationnel grâce à une campagne de restauration.
Un orgue américain datant de 1890, toujours opérationnel grâce à une campagne de restauration.

Le Meiji-mura expose aussi une locomotive à vapeur qui circulait entre Shinbashi et Yokohama à l’époque des premiers chemins de fer, ainsi que le premier tramway du Japon, le Kyoto City Tram. Les visiteurs peuvent monter à bord de ces trains pour être transportés à l’ère Meiji grâce au sifflet à vapeur, le grondement du tramway et la fumée qui s’élève de la locomotive.

Une locomotive à vapeur britannique Sharp Stewart, qui circulait autrefois entre Shinbashi et Yokohama.
Une locomotive à vapeur britannique Sharp Stewart, qui circulait autrefois entre Shinbashi et Yokohama.

L’auteur allemand Johann Wolfgang von Goethe aimait dire que « l’architecture, c’est de la musique figée », signifiant par-là que la beauté de la musique s’estompe après qu’elle a été jouée, tandis que l’architecture confère à cette beauté une forme visible et pérenne. Tout ce qui a une forme finira par être détruit un jour. La préservation de ces importants bâtiments de l’ère Meiji représente un effort d’une valeur incommensurable, aussi longtemps que les visiteurs continueront de venir au musée pour apprendre d’eux.

(Photos et vidéos : © Meiji-mura)

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photo photographie architecture musée Aichi

Nakano YûkoArticles de l'auteur

Conservatrice du musée Meiji-mura (préfecture d’Aichi) peu après l’obtention de son diplôme universitaire. Elle mène des recherches sur les bâtiments et les matériaux qui y sont conservés et organise des expositions sur les résultats de ses travaux. Plus récemment, en 2021, elle a mené une enquête interdisciplinaire sur un laboratoire scientifique transféré au Meiji-mura, étudiant le bâtiment d’un point de vue architectural, physique, chimique et de l’histoire de l’éducation, puis a conçu une exposition autour de ses résultats. Elle a également effectué des recherches dans de nombreux autres domaines, notamment sur le mobilier d’origine du palais d’Akasaka de Tokyo (désormais résidence officielle des hôtes d’État) au moment de sa construction, ainsi que les opérations de secours lors de sinistres pendant l’ère Meiji.

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