Une forêt japonaise vestige de l’époque préhistorique
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Un contraste de verts brillants
Cette forêt laurifère primaire, la plus vaste du Japon, s’étend sur 2 000 hectares. Elle a été inscrite en 2012 dans la liste des biosphères de l’Unesco. J’y suis allé pour la première fois en automne, et j’ai découvert une étendue vert sombre qui couvrait les flancs de monts aux formes douces. J’ai alors eu du mal à croire qu’elle était composée de tant d’espèces différentes ! Puis, lorsque j’y suis retourné au printemps suivant, j’ai été stupéfait de découvrir un paysage qui n’était pas du tout conforme à ce que j’attendais. Le nouveau feuillage de printemps de la forêt d’un vert profond dont tous les arbres m’avaient paru semblables montrait une infinie variété de verts. Celui pâle et doux des nouvelles feuilles brillait sur le fond plus sombres des anciennes. Un grand nombre d’arbres laurifères ont sur la surface de leurs feuilles un cuticule qui les rend brillantes. C’est ce que j’avais sous les yeux : des feuilles reflétant la lumière... Mes visites dans cette forêt pendant des années m’ont convaincu que le contraste créé par cette variété de verts est un de ses grands attraits.
Une forêt à feuillages persistants riche en gradations
La forêt laurifère composée essentiellement d’arbres à larges feuilles comme le Castanopsis [arbre à feuillage persistant, entre le chêne et le châtaignier], le Cyclobalanopsis [une variété de chêne], ou le Machilus thunbergii [sous-genre des Machilus, appartenant à la famille des Lauracées] couvrait autrefois la moitié ouest de l’archipel japonais. On dit qu’à la période Jômon (entre 11 000 ans av. J.-C et 400 ans av. J.-C.), elle s’étendait jusqu’à la côte de l’extrémité nord de l’île principale Honshû. Si l’on avait pu voir du ciel l’archipel du Japon à cette époque, il aurait sans aucune doute été uniformément couvert de forêts d’un vert profond. Mais avec les années, l’activité humaine s’est étendue. Les hommes ont défriché la forêt dans les zones de plaine pour la transformer en terre arable et y habiter, et la forêt primaire a décliné, remplacée dans les zones montagneuses par des cryptomeria, ou cèdres du Japon, et des cyprès du Japon. Aujourd’hui, la forêt laurifère primaire ne subsiste que dans des espaces limités. Au plan mondial cependant, peu de pays offrent une gradation aussi riche avec autant de types de forêts allant la zone subtropicale à la zone subarctique, et il existe très peu d’exemples de forêts à feuillages persistants à une latitude aussi haute.
Il est bien connu que les variétés des espèces végétales s’enrichissent à mesure que l’on descend vers le sud. C’est la même chose dans le cas des forêts laurifères du Japon. Nous ne devons pas oublier que cette diversité naturelle a apporté divers bienfaits aux hommes...