[Galerie photos] La mer intérieure d’une saison à l’autre
Vie quotidienne- English
- 日本語
- 简体字
- 繁體字
- Français
- Español
- العربية
- Русский
Une profusion d’îles
Nichée entre les îles de Honshû, Shikoku et Kyûshû, trois des îles principales du Japon, la mer intérieure de Seto est célèbre pour son paysage parsemé d’îles. Cette voie d’eau importante depuis les temps anciens héberge 727 îles, tant habitées qu’inhabitées.
Philipp Franz von Siebold (1796-1866), un médecin allemand qui a séjourné au Japon à l’époque d’Edo (1603-1868), a parlé de la mer intérieure en ces termes dans son livre Reise nach dem Hofe des Sjogun im Jahre 1826 (Voyage à la cour du shôgun en 1826) : « À chaque changement de cap du navire, apparaissait une nouvelle vue enchantée des belles îles. Les paysages littoraux du Japon [Honshû] et de Shikoku, dont nous avions un aperçu entre les îles et les rochers, n’ont jamais cessé de m’étonner. »
Le paysage qu’a contemplé Siebold se déploie sous nos yeux aujourd’hui comme hier, pratiquement inchangé.
Vivre en unité avec la mer
J’ai grandi dans une zone montagneuse de la préfecture de Wakayama d’où l’on voyait la mer intérieure de Seto. Ces eaux, qui constituaient pour moi une part omniprésente de la vie, occupaient une place spéciale dans mon cœur. Quand j’ai décidé de parcourir les îles du Japon entre mes errances en Asie du Sud-Est, auxquelles je me livrais depuis que j’avais 18 ans, j’ai commencé par les îles de mon propre département. J’ai alors entrepris de visiter celles qui parsemaient la mer intérieure de Seto, car on pouvait y accéder à partir de Kyoto, où je vivais depuis mes années de collège, et c’est ainsi que ma vie de photographe insulaire a pris son envol.
Ce qui me fascinait au cours de mes déplacements d’île en île, c’était le fondement naturel des modes de vie des gens que je rencontrais. Inspiré par leur façon de vivre côte à côte avec la mer, je suis devenu un visiteur assidu des îles de la mer intérieure où ils avaient élu domicile.
Apprendre à connaître les insulaires
À mesure de mes visites répétées sur les îles, je me suis aperçu du rôle central que jouent dans la vie des habitants l’appréciation des changements apportés par les saisons, la fidélité à leur foi et l’amour des liens mutuels qui les unissent à leurs ancêtres. La vie dans les îles est douce, tout comme la mer où elles baignent. Pour quelqu’un qui passe ses journées dans l’agitation d’une ville, les îles semblent presque une utopie.
Les îles, par ailleurs, prenaient une allure inhabituelle le jour de leur fête annuelle. Elles étaient chargées d’énergie, même en l’absence de tout podium tape-à-l’œil ou feu d’artifice. Je me rendais compte que chacun était fier du festival de son île et que chaque festival avait son charme. C’est ainsi que mon attirance pour le mode de vie des insulaires, à savoir leur façon de passer chacune de leurs journées emplis de gratitude envers la mer, s’est renforcée.
Je me suis rendu sur la quasi-totalité des îles habitées qui sont desservies par le ferry. Ceci fait, j’ai passé un permis de navigation dans l’idée de visiter les îles qui ne sont pas desservies. J’espère rencontrer de plus en plus de gens vivant sur les rives de la mer intérieure et faire de nouvelles découvertes. Avec un peu de chance, je continuerai de photographier la vie sur les îles pendant quelques décennies, tant ses aspects changeants qu’immuables.
(Photos et texte : Kuroiwa Masakazu)