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À travers les meilleures sources thermales du Japon [23] : Dôgo Onsen, à Ehime

Tourisme

Les illustres sources thermales de Dôgo (Dôgo Onsen), dans la ville de Matsuyama, sont intimement liées au roman classique Botchan, écrit par Natsume Sôseki. Après six années de rénovations, le bâtiment principal de Dôgo Onsen est prêt à accueillir de nouveaux visiteurs, dans un édifice riche du charme d’antan.

Des visiteurs de renom : Natusme Sôseki et Matsuoka Shiki

Dôgo est l’attraction touristique phare de la préfecture d’Ehime. Situé à deux kilomètres du centre de Matsuyama, la capitale préfectorale, le quartier thermal regorge d’auberges traditionnelles (ryokan) et de restaurants proposant des spécialités locales.

À gauche : Tama no Ishi, la pierre sur laquelle la divinité Sukunahikona aurait dansé après avoir retrouvé la santé grâce aux eaux thermales de Dôgo. À droite : l’horloge mécanique Botchan, et un bain de pieds situé sur la place juste en face de la gare.
À gauche : Tama no Ishi, la pierre sur laquelle la divinité Sukunahikona aurait dansé après avoir retrouvé la santé grâce aux eaux thermales de Dôgo. À droite : l’horloge mécanique Botchan, et un bain de pieds situé sur la place juste en face de la gare.

La Dôgo Haikara-dôri, l’arcade commerçante reliant la gare de Dôgo au bâtiment principal de Dôgo Onsen.
La Dôgo Haikara-dôri, l’arcade commerçante reliant la gare de Dôgo au bâtiment principal de Dôgo Onsen.

Selon la légende, Dôgo, réputée comme étant la plus ancienne source thermale du Japon, aurait été découverte lorsqu’un héron blessé s’y est baigné et en est ressorti guéri. Au fil des siècles, de nombreuses figures éminentes s’y sont associées, des divinités Ôkuninushi et Sukunahikona de l’époque des mythes, au prince Shôtoku (574-622) et à l’impératrice Saimei (594-661). Sa renommée est telle qu’il est mentionné dans des œuvres littéraires classiques comme le Man’yôshû, le Nihon Shoki et le Dit du Genji.

De nos jours, Dôgo est surtout lié à l’œuvre classique Botchan de Natsume Sôseki. Ce roman, inspiré des expériences de l’écrivain lorsqu’il enseignait dans une école secondaire de Matsuyama en 1895, évoque les bains publics du Dôgo Onsen Honkan, rénovés juste un an auparavant. Le protagoniste, un jeune enseignant simplement désigné par le pronom ore (« moi »), y relate des anecdotes humoristiques, comme le fait d’être réprimandé pour avoir nagé dans le bain ou encore d’être moqué par ses élèves. Des attractions locales telles que le train Botchan et les confiseries Botchan dango tirent leur nom de ce célèbre ouvrage.

Le train Botchan des chemins de fer Iyotetsu. Il s'agissait à l'origine d’une simple locomotive à vapeur parcourant un itinéraire urbain, qui a été équipée d’un moteur diesel lors de sa restauration.
Le train Botchan des chemins de fer Iyotetsu. Il s’agissait à l’origine d’une simple locomotive à vapeur parcourant un itinéraire urbain, qui a été équipée d’un moteur diesel lors de sa restauration.

L’inscription « Botchan, ne nagez pas », qui se trouve dans le bain Kami no Yu du bâtiment principal fait référence à un célèbre épisode du livre.
L’inscription « Botchan, ne nagez pas », qui se trouve dans le bain Kami no Yu du bâtiment principal fait référence à un célèbre épisode du livre.

Natsume Sôseki et son ami Masaoka Shiki, poète et natif de Matsuyama, fréquentaient régulièrement Dôgo dans l’espoir de renforcer leur santé fragile. Après leurs bains, ils se reposaient dans un endroit plus tard appelé « salle Botchan », où se trouvent aujourd’hui un buste et des photos de Sôseki.

Dans la salle Botchan, des photos de son amoureuse Madonna ainsi que d’autres personnages du livre sont également exposées.
Dans la salle Botchan, des photos de son amoureuse Madonna ainsi que d’autres personnages du livre sont également exposées.

Le bâtiment principal, ou Honkan, est constitué de quatre bâtiments interconnectés, construits entre 1894 et 1935, dont l’extérieur évoque un château ou un temple. En 1994, ces structures modernes ont été désignées comme bien culturel important, une première pour un bain public au Japon.

Afin de préserver le Honkan pour les générations futures, la ville de Matsuyama, qui gère l’établissement, a lancé en janvier 2019 des travaux de renforcement sismique et de rénovation. Les espaces de détente ont été fermés, mais les bains sont restés accessibles. Le bâtiment, cœur du quartier thermal de Dôgo, était enveloppé de bâches, et les restrictions liées à la pandémie de coronavirus ont plongé la zone dans un calme inhabituel. Cependant, lors de sa réouverture le 11 juillet 2024, les inconditionnels des onsen ont fait la queue dès la veille pour être les premiers à profiter des bains. Aujourd’hui, le quartier a retrouvé son atmosphère animée.

L’architecture distinctive du Honkan. Le bain public du film Le Voyage de Chihiro serait inspiré de ce bâtiment.
L’architecture distinctive du Honkan. Le bain public du film Le Voyage de Chihiro serait inspiré de ce bâtiment.

Le dôme Shinrokaku illuminé en rouge. Le tambour Tokidaiko suspendu à l’intérieur résonne trois fois par jour, à 6 h 00, 12 h 00 et 18 h 00.
Le dôme Shinrokaku illuminé en rouge. Le tambour Tokidaiko suspendu à l’intérieur résonne trois fois par jour, à 6 h 00, 12 h 00 et 18 h 00.

Un bain impérial à découvrir

Le Honkan abrite les bains Kami no Yu et Tama no Yu. Les deux se trouvent au premier étage, mais l’accès au Tama no Yu se fait par des escaliers séparés pour hommes et femmes au deuxième étage, ce qui peut dérouter les novices. Et les couloirs labyrinthiques reliant les quatre bâtiments ajoutent à cette confusion. En raison de l’âge des structures, les plafonds sont bas et les escaliers raides, mais ces particularités contribuent au charme ancien des lieux.

Le bain Tama no Yu. L’eau thermale alcaline, douce pour la peau, provient directement de la source sans être chauffée ou diluée.
Le bain Tama no Yu. L’eau thermale alcaline, douce pour la peau, provient directement de la source sans être chauffée ou diluée.

Pour pleinement apprécier l’atmosphère historique de ce trésor culturel qu’est Dôgo, les visiteurs peuvent se rendre dans la grande salle de détente ou dans les espaces privés au deuxième étage, accessibles avec un billet combiné bain et détente. Après le bain, ils revêtent un yukata en coton loué et savourent un thé vert rafraîchissant.

En haut à gauche : la salle de détente Kami no Yu au deuxième étage peut accueillir 70 personnes. En haut à droite : la salle Tama no Yu accueille 20 occupants. En bas à gauche : le troisième étage de Tama no Yu comporte 8 salles de détente. En bas à droite : la location d’une salle inclut un yukata, du thé vert et, selon la salle, une serviette.
En haut à gauche : la salle de détente Kami no Yu au deuxième étage peut accueillir 70 personnes. En haut à droite : la salle Tama no Yu accueille 20 occupants. En bas à gauche : le troisième étage de Tama no Yu comporte 8 salles de détente. En bas à droite : la location d’une salle inclut un yukata, du thé vert et, selon la salle, une serviette.

Au troisième étage, deux salles auparavant destinées à d’autres usages ont été transformées en espaces de détente privés. Elles sont accessibles par un escalier dédié et isolées des couloirs et autres pièces, et offrent une intimité totale.

La salle Shirasagi (en haut à gauche), pour 18 occupants, et la salle Hishô (en haut à droite), pour 10 occupants, offrent une vue rapprochée de l’aigrette, symbole de Dôgo, surplombant le dôme.
La salle Shirasagi (en haut à gauche), pour 18 occupants, et la salle Hishô (en haut à droite), pour 10 occupants, offrent une vue rapprochée de l’aigrette, symbole de Dôgo, surplombant le dôme.

Pour un supplément, les visiteurs peuvent découvrir le Yûshinden, le bain réservé à la famille impériale, achevé en 1899. Parmi les éléments de luxe impressionnants, on trouve le granit blanc d’Aji dans le réceptacle de la source chaude et les panneaux dorés des portes coulissantes de la salle de détente.

En haut : la salle de détente Yûshinden. À gauche : le vestiaire donne sur un jardin intérieur. À droite : le bain Oyudono.
En haut : la salle de détente Yûshinden. À gauche : le vestiaire donne sur un jardin intérieur. À droite : le bain Oyudono.

Dôgo facturait auparavant des frais équivalents à ceux des bains publics ordinaires, mais le site a depuis augmenté ses tarifs de 50 % afin de couvrir les coûts accrus dus à l’inflation et aux travaux de préservation. En contrepartie, les services ont été améliorés, notamment avec un système de chauffage et de climatisation centralisé, ainsi que du shampoing et du savon fournis gratuitement.

Le bâtiment étant un bien culturel, aucune signalisation ne peut être accrochée aux murs. Les directions sont projetées sur le sol.
Le bâtiment étant un bien culturel, aucune signalisation ne peut être accrochée aux murs. Les directions sont projetées sur le sol.

Les billets d'entrée ont été redessinés et leurs talons constituent de magnifiques souvenirs.
Les billets d’entrée ont été redessinés et leurs talons constituent de magnifiques souvenirs.

Accueil des visiteurs étrangers

Chaque année, 770 000 personnes passent une nuit à Dôgo, dont 55 000 visiteurs étrangers. Bien que le Honkan soit un lieu prisé pour les photos, beaucoup de touristes internationaux, après avoir admiré l’extérieur, hésitent encore à venir s’y baigner.

Pour certains, l’idée de se dénuder devant des inconnus peut être inconfortable. En apprenant que le bain est uniquement collectif, nombre d’entre eux rebroussent chemin. Beaucoup optent alors pour des hébergements à proximité avec des bains privés.

D’autres, en revanche, accueillent avec enthousiasme l’occasion de s’immerger pleinement dans cette facette de la culture japonaise. Dôgo espère bien voir davantage de visiteurs étrangers apprécier cette expérience unique, en se baignant dans une eau thermale pure au sein d’un cadre culturel particulièrement riche.

Le Tsubaki no Yu (au premier plan) et l’Asuka no Yu, annexes proches du Honkan, sont également des bains publics gérés par la ville.
Le Tsubaki no Yu (au premier plan) et l’Asuka no Yu, annexes proches du Honkan, sont également des bains publics gérés par la ville.

L’annexe Asuka no Yu, ouverte en 2017, allie commodités modernes et services similaires à ceux du Honkan. Son bain spécial (une réplique du Yûshinden impérial) permet aux visiteurs de se baigner vêtus d’un yukata-bira, ancêtre du yukata moderne, afin de goûter aux bains à la manière des nobles d’autrefois.

L’annexe Tsubaki no Yu, voisine de l’Asuka no Yu, est un lieu de détente prisé des habitants de Matsuyama depuis son ouverture en 1953. Rénové en 2017, son espace est désormais plus lumineux et accueillant, ce qui en fait une destination incontournable pour les amateurs d’onsen.

En haut à gauche : le grand bain collectif. En haut à droite : un bain qui peut être réservé pour un usage privé. En bas à gauche : la grande salle de détente. En bas à droite : une salle de détente privée ornée d’artisanat traditionnel. (Avec l’aimable autorisation du consortium de Dôgo)
En haut à gauche : le grand bain collectif. En haut à droite : un bain qui peut être réservé pour un usage privé. En bas à gauche : la grande salle de détente. En bas à droite : une salle de détente privée ornée d’artisanat traditionnel. (Avec l’aimable autorisation du consortium de Dôgo)

L’annexe Tsubaki no Yu dispose d'une salle simple et sans fioritures. (Avec l’aimable autorisation du consortium de Dôgo)
L’annexe Tsubaki no Yu dispose d’une salle simple et sans fioritures. (Avec l’aimable autorisation du consortium de Dôgo)

Matsuyama regorge de sites liés à la culture des onsen. Sur une colline voisine du Honkan se dresse le sanctuaire Yu, protecteur du quartier thermal. À proximité, dans le parc Dôgo, une collection de récipients yugama datant du VIIIᵉ au XIXᵉ siècle a été rassemblée. Ces récipients, déplacés du Honkan, sont vénérés de la même manière qu’au sanctuaire Yugama Yakushi. Flâner dans la région est une excellente façon de s’imprégner de l’atmosphère historique de Dôgo.

En haut à gauche : un point de vue surélevé avec un bain de pieds offre une belle vue sur le Honkan. En haut à droite : le sanctuaire Yu, dédié aux divinités Ôkuninushi et Sukunahikona. En bas à gauche : le parc Dôgo, sur le site d’un ancien château médiéval. Le musée Shiki, en l’honneur du poète Masaoka Shiki, se trouve à l’entrée nord du parc. En bas à droite : le château de Matsuyama et la ville sont visibles depuis la plateforme d’observation du parc.
En haut à gauche : un point de vue surélevé avec un bain de pieds offre une belle vue sur le Honkan. En haut à droite : le sanctuaire Yu, dédié aux divinités Ôkuninushi et Sukunahikona. En bas à gauche : le parc Dôgo, sur le site d’un ancien château médiéval. Le musée Shiki, en l’honneur du poète Masaoka Shiki, se trouve à l’entrée nord du parc. En bas à droite : le château de Matsuyama et la ville sont visibles depuis la plateforme d’observation du parc.

Consultez le site officiel de Dôgo Onsen pour connaître les tarifs et les informations pratiques concernant le Honkan, l’Asuka no Yu et le Tsubaki no Yu.

(Reportage et texte de Nippon.com. Photo de titre : une splendide vue du Dôgo Onsen Honkan. Toutes les photos : Nippon.com, sauf mentions contraires)

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