Les trésors historiques du grand temple Tôdai-ji de Nara
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L’ancienne capitale de Heijô-kyô a été établie en 710 dans ce qui est maintenant la préfecture de Nara, et elle est restée le siège du pouvoir impérial jusqu’en 794. Durant cette période, elle a été le site d’un épanouissement culturel et politique profond grâce à l’avalanche de nouvelles idées importées des civilisations du continent asiatique.
La plupart des temples et sanctuaires de Heijô-kyô ont perduré à travers les siècles. Parmi eux, le Tôdai-ji est celui où se trouve la plus grande statue de Bouddha du Japon. Le site a été inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1998 dans le cadre des « Monuments historiques de l’ancienne Nara ».
Le vaste complexe de Tôdaij-i est situé au pied du mont Wakakusa, à l’intérieur du parc de Nara où sont regroupés plusieurs temples et sanctuaires historiques. Il faisait partie du réseau des temples Kokubun-ji à travers le Japon, dont il est devenu le temple principal sous le nom de Sô-Kokubun-ji. Pendant l’époque Heian (794-1185), il a été un centre de hasshû kengaku, l’étude des huit principales écoles de bouddhisme qu’on trouvait au Japon à l’époque. De nos jours, il est le temple principal de l’école Kegon.
La construction d’un Bouddha géant
Tout au centre du complexe de Tôdai-ji se trouve le pavillon Daibutsu-den, où trône le Grand Bouddha de Nara. Le pavillon a été incendié plusieurs fois au fil des siècles, et la structure qu’on voit aujourd’hui a été édifiée en 1709. Elle mesure 48 mètres de haut, 57 mètres de large et sa profondeur est de 50 mètres, ce qui en fait l’une des plus grandes structures en bois au monde. Le pavillon, ainsi que la statue du Bouddha qui se trouve à l’intérieur sont classés trésors nationaux.
La statue de Nara figure parmi les plus grandes représentations du Bouddha au monde, à 15 mètres de hauteur. Elle représente le Bouddha Vairocana, « celui qui éclaire l’univers de la lumière de sa sagesse et de sa compassion ». Il n’est normalement pas possible de voir la statue de l’extérieur, mais le jour de l’An et durant l’O-bon (fête des ancêtres, en été), une lucarne faisant face à l’allée sandô et au portail principal est ouverte.
Les origines du Tôdai-ji remontent au temple Kinshôsan-ji, construit en 728 pour le repos de l’âme du fils de l’empereur Shômu (701-756). Après plusieurs années de catastrophes naturelles et d’instabilité politique, Shômu proclame en 743 la construction d’un bouddha colossal dans l’espoir d’apaiser le pays. La tâche est énorme et c’est le grand prêtre du Kinshôsan-ji, Gyôki, qui se charge de lever les fonds nécessaires et regrouper des travailleurs d’un peu partout dans le pays. La tâche est accomplie en 749, et la cérémonie de kaigen (ouverture des yeux du Bouddha) a lieu trois ans plus tard. La construction du pavillon Daibutsu-den est aussi terminée à la même époque et le nom de Tôdai-ji est attribué au temple.
Le Grand Bouddha a été sévèrement endommagé plusieurs fois. Les forces de Taira no Shigehira ont mis le feu au pavillon en 1180 et la partie supérieure de la statue s’est écroulée, mais a pu être réparée en quatre ans. En 1567, durant la période des Provinces en guerre, le complexe est presque intégralement détruit dans la guerre entre les clans Matsunaga et Miyoshi, et la statue est longuement restée exposée aux éléments, ce qui l’a détériorée encore plus. Les travaux de restauration n’ont démarré sérieusement qu’en 1684 et ont duré 25 ans.
Le Grand Bouddha que l’on admire aujourd’hui est un amalgame de travaux entrepris pendant quatre périodes de l’histoire du Japon. La poitrine et le piédestal datent de sa première construction durant l’époque de Nara, l’assise de l’époque de Kamakura (1185-1333), la partie supérieure de l’époque des Provinces en guerre (1467-1568), et la tête de l’époque d’Edo. Un œil attentif pourra noter que le bronze du visage est en bien meilleur état que celui de la poitrine, ce dernier ayant plusieurs siècles de plus.
Deux statues Niô
Nandai-mon, la grande porte sud, figure aussi parmi les trésors nationaux du Tôdai-ji. Reconstruite pendant l’époque de Kamakura selon un modèle provenant de la Chine des Song (960-1279), c’est l’une des plus grandes portes du Japon, mesurant 25 mètres de haut et plus de huit mètres de large. Nandai-mon est le site des kongô-rikishi, deux immenses sentinelles en bois créés en 1203 par les sculpteurs Kaikei et Unkei.
Les deux sentinelles, appelées Niô en japonais, sont Agyô, à la bouche ouverte et montrant les dents, et Ungyô, à la bouche fermée. Elles sont positionnées des deux côtés de la porte, leur aspect puissant et terrifiant conçu pour inspirer la révérence des visiteurs. Le fait que les deux statues monumentales ont été taillées simultanément en seulement 69 jours est une véritable prouesse.
D’autres trésors historiques
Le plus ancien parmi les trésors architecturaux du Tôdai-ji est le Hokke-dô, ou Pavillon du Lotus, qui date du VIIIe siècle. Classé trésor national, il est nommé ainsi comme on y commémore tous les ans en mars la toute première récitation du sûtra du Lotus (Hokke-kyô) au Japon. L’intérieur contient plusieurs statues de l’époque de Nara classées trésors nationaux, à commencer par celle de Fukûkensaku Kannon, la divinité principale qui y est vénérée.
À l’ouest du pavillon du Grand Bouddha se trouve le Kaidan-dô, la salle des ordinations qui fait partie du Kaidan-in, où se trouvent des statues des quatre rois célestes appelés shitennô, datant de la période de Nara et classés trésors nationaux.
Le Shigatsu-dô, aussi appelé Sanmai-dô, se trouve à l’est du Grand Bouddha et abrite une statue de Jûichimen Kannon (Kannon à onze têtes) classée bien culturel important, ainsi que d’autres chefs-d’œuvre datant de l’époque de Heian. Non loin de là, le Kaisan-dô est un pavillon dédié à la mémoire de Rôben, premier supérieur de Tôdai-ji. Sa statue, classée trésor national, n’est visible au public qu’un jour par an, le 16 décembre. Les thermes de Ôyuya ont été construites pour les moines lors de l’époque de Muromachi (1333-1568). Classées biens culturels importants, elles ne sont malheureusement pas ouvertes à la visite.
Construit à l’origine au VIIIe siècle, le pavillon Nigatsu-dô a brulé au XVIIe siècle et a été rebâti en 1669. Ce trésor national est le site d’un rituel bouddhiste annuel complexe nommé shuni-e qui se tient chaque année en mars depuis 752. Dans le O-taimatsu, des torches de pin sont brandies pour repousser les mauvais esprits, et dans le O-mizutori, l’eau de source sacrée du temple est transférée dans deux jarres dont l’une contient un peu d’eau de tous les festivals au fil des année, pour une offrande à la déesse Kannon.
Deux autres sites marquent l’histoire tumultueuse du Tôdai-ji. De la salle de lecture Kô-dô, il ne reste que la fondation en pierre, et la pagode de l’est a également disparu. Au-delà de l’intérêt historique, le complexe propose aussi aux visiteurs des cerisiers en fleur au printemps, les célèbres daims de Nara et leurs faons en début d’été, et son magnifique feuillage d’automne.
Bien que surtout connu pour son Grand Bouddha, le Tôdai-ji mérite qu’on prenne le temps de découvrir ses trésors d’art et d’architecture qui s’étendent à travers les siècles.
Temple Tôdai-ji
- Adresse : 406-1 Zôshi-chô, Nara-shi, Nara-ken
- Horaires : Le pavillon du Grand Bouddha (Daibutsu-den) est ouvert de 7 h 30 à 15 h 30 d’avril en octobre, et de 8 h à 17 h de novembre à mars. Les pavillons Hokke-dô et Senju-dô (Kaidan-in) sont ouverts de 8 h à 17 h. Le musée du Tôdai-ji est ouvert de 9 h 30 à 17 h 30 d’avril en octobre, et de 9 h 30 à 17 h de novembre à mars. (Dernière entrée à 30 minutes avant la fermeture)
- Tarifs : 800 yens pour les adultes, collégiens, lycéens. 400 yens pour les élèves du primaire. Le prix comprend la visite du Daibutsu-den, du Hokke-dô, du Senju-dô et du musée du Tôdai-ji.
- Transport : 20 minutes à pied de la gare de Nara (ligne Kintetsu Nara)
(Texte et reportage de EditZ. Toutes les photos © EditZ, sauf mentions contraires)