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Le pont Kintai d’Iwakuni : une architecture en cinq arches remplie d’histoire
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Un endroit stratégique aux courbes étonnantes
Situé à Iwakuni, à l’extrême sud-ouest de l’île principale du Japon, le pont en bois Kintai enjambe de ses cinq grandes arches la Nishiki, un cours d’eau limpide connu pour sa pêche au cormoran. Mesurant 193,3 mètres de long, le pont a pour caractéristique de ne pas reposer sur des piliers, ses trois voûtes centrales sont seulement posées sur des culées en pierre. Sa construction ayant uniquement eu recours à des techniques de charpenterie, aucun clou n’a été utilisé. Le paysage, classé au patrimoine national, est de toute beauté, on y contemple la rivière Nishiki et le château féodal de Iwakuni juché sur la colline de Yokoyama (haute de 200 mètres).
Ses courbes étonnantes donnent l’impression que le pont a été construit juste pour la beauté de la forme, mais le fait est que cette silhouette est née d’un besoin, celui que l’ouvrage ne soit pas « emporté par les crues ».
Pendant l’époque d’Edo (1603-1868), le fief d’Iwakuni dans la province de Suô est aux mains des Kikkawa, eux-mêmes vassaux des Môri du domaine de Chôshû. Un des tout premiers Kikkawa, Kikkawa Hiroie, choisit d’utiliser la Nishiki en guise de douve extérieure et construit le château d’Iwakuni (achevé en 1608) au sommet d’une colline sur la rive droite du cours d’eau. Au pied du mont, il installe son état-major qui prend ses quartiers à Yokoyama non loin de sa propre résidence et celles de ses principaux vassaux.
C’était un endroit stratégique, une place-forte, mais qui n’était pas pour arranger les guerriers de seconde classe. En effet, eux qui vivaient dans la ville basse sur la rive gauche, devaient traverser tous les jours la Nishiki pour rejoindre leur poste. Or la rivière ne faisait pas moins de 200 mètres de large et son débit était rapide. Les crues faisaient souvent s’effondrer le pont, les obligeant à faire la traversée par bateau ce qui était bien peu commode.
Un « pont indéracinable »
Quand Kikkawa Hiroyoshi, troisième du nom, fait ériger le pont de Kintai, il veut un ouvrage qui résiste longtemps et ne soit pas emporté par les crues. La technique de pont en arc ne reposant pas sur des culées existait déjà, mais à l’époque elle n’était utilisée que pour des cours d’eau dont le lit était étroit et il a fallu se creuser la tête pour trouver une solution...
La clé du problème résidait dans un dessin du lac de l’Ouest de Hangzhou qui lui fut montré par un moine de retour de la Chine des Ming. On y voyait quatre îlots à l’horizon, reliés par un pont à cinq arches et sans pilier aucun. Ce dessin lui donnera l’idée de remplacer les îlots par de solides culées en pierre.
Le premier pont Kintai est achevé en 1673. L’année suivante il est emporté par une inondation, mais il est rapidement reconstruit et les culées renforcées. Amélioré depuis à maintes reprises, le pont Kintai a tenu bon pendant 276 ans. Lui qui avait résisté pendant toute l’époque d’Edo, a fini avalé par les eaux boueuses du typhon Kezia en 1950.
Un paysage de toute beauté que même les samouraïs n’ont vu qu’en rêve
Le pont de Kintai tel que nous pouvons l’admirer aujourd’hui a été achevé fin 1957. Les résidents ayant refusé qu’il soit remplacé par un ouvrage en béton, le pont à cinq arches a été restauré. Les culées ont seulement été surélevées d’un mètre et renforcées par des structures en béton et en acier.
Traversons le pont Kintai en direction du centre-ville d’Iwakuni, on découvre alors le quartier de Yokoyama et ses bâtiments de l’époque féodale essaimés aux alentours du parc Kikkô. De nombreux sites touristiques retiennent l’attention : le musée des archives Kikkawa mais aussi l’Iwakuni-Chôkokan qui présentent des documents historiques ainsi que des objets d’art et de tradition populaire ayant appartenu à la famille Kikkawa. Citons également le sanctuaire shintô de Kikkô sur le site de la résidence des Kikkawa ou le parc Momiji-dani que vous trouverez dans le secteur des temples.
Le château d’Iwakuni est à 10 minutes à pied de l’arrivée du téléphérique.
Pendant l’époque d’Edo, Iwakuni était un domaine bénéficiant d’une certaine autonomie. Pour le régime du bakufu (le gouvernement dirigé par les samouraïs), ces terres constituaient un fief. Les Kikkawa, alors vassaux des Môri, pouvaient se targuer du titre de propriétaire terrien. Mais en 1615, sept ans seulement après sa construction, le château d’Iwakuni dût être démoli après la promulgation de l’édit « Une province, un château ». En d’autres termes, le donjon n’existait déjà plus quand fut érigé le pont Kintai.
En somme, il aura fallu attendre le XXe siècle pour pouvoir apprécier dans le même paysage le pont Kintai et le château d’Iwakuni. Cerisiers au printemps, pêche aux cormorans et feux d’artifice en été, feuillages dorés d’automne, hiver enneigés : saison après saison, ce site somptueux se métamorphose. Venez admirer ce paysage spectaculaire que même les guerriers du fief d’Iwakuni n’ont vu qu’en rêve.
Pont Kintai
- Adresse : Iwakuni, Iwakuni-shi, Yamaguchi-ken
- Heures d’ouverture des caisses : de 8 h à 17 h (18 h pendant la saison touristique et jusqu’à 19 h en été). Note : le pont reste accessible 24 heures sur 24, il vous suffit de déposer le montant dans les urnes prévues à cet effet.
- Prix d’entrée : adultes : 310 yens, enfant en primaire : 150 yens. Note : il existe également un ticket groupé comprenant la visite du château d’Iwakuni, le pont et le téléphérique.
(Reportage, texte et photos de Nippon.com)
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