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Le site de Sannai Maruyama : l’exhumation des fascinants vestiges de la préhistoire japonaise

Tourisme Histoire

Le site de Sannai Maruyama, au nord-est du pays, offre un aperçu de la vie des habitants de la préhistoire japonaise. Les visiteurs de ce lieu classé au patrimoine mondial de l’Unesco peuvent découvrir des reproductions d’habitations et des artefacts authentiques de cette époque reculée.

Un regard loin dans le passé du Japon

C’est en 2021 que Sannai Maruyama ainsi que 16 autres sites datant de la période Jômon, sur l’île de Hokkaidô et le nord de la région du Tôhoku (nord-est), ont été inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. On estime que le vaste site de 42 hectares, situé le long de la rivière Okidate, dans la ville d’Aomori, a été habité de 5 900 à 4 200 avant notre ère. Les fouilles ont mis jusque-là à jour des ruines d’habitations, ainsi que d’autres structures, des dépotoirs, et des sépultures.

La période Jômon a commencé aux alentours de -16 500 et a duré jusqu’à environ l’an 300 de notre ère. Les habitants de l’époque vivaient de chasse, cueillette, pêche et un peu de culture, bien que, comme ailleurs dans le monde, il n’y avait pas vraiment d’agriculture ou d’élevage. Le peuple Jômon fabriquait des récipients en terre-cuite et se servait d’outils en pierre, ainsi que d’arcs et de flèches. Les gens vivaient dans de petits villages et pratiquaient même du commerce avec des communautés assez lointaines. Les objets en terre-cuite datant de l’époque indiquent aussi une culture spirituelle assez profonde.

Le site de Sannai Maruyama
Le site de Sannai Maruyama

La grande structure sur piliers, sur la gauche,  et la reconstruction d’une habitation semi-enterrée sont devenus les symboles du site de Sannai Maruyama.
La grande structure sur piliers, sur la gauche, et la reconstruction d’une habitation semi-enterrée sont devenus les symboles du site de Sannai Maruyama.

Les fouilles ont commencé à Sannai Maruyama en 1992 et elles ont beaucoup approfondi les connaissances sur la culture Jômon. Le site a été découvert par hasard lors du travail de fond pour la construction d’un nouveau terrain de baseball. Il se situe à environ trois kilomètres au sud-ouest de la gare JR d’Aomori. La visite de Sannai Maruyama permet de s’imbiber dans le passé lointain du Japon de manière ludique, à travers ses habitations semi-enterrées et autre structures, ainsi que les objets exposés au musée Sanmaru et les ateliers qui y sont proposés.

L’entrée principale du site de Sannai Maruyama
L’entrée principale du site de Sannai Maruyama

Un diorama du site accueille les visiteurs à l’entrée du centre culturel Jômon de Sannai Maruyama.
Un diorama du site accueille les visiteurs à l’entrée du centre culturel Jômon de Sannai Maruyama.

Une multitude de découvertes

Il existe des archives vieilles de plusieurs siècles au sujet d’objets trouvés sur le site de Sannai Maruyama. Le Eiroku Nikki (Journal d’Eiroku) de 1565 parle d’objets en terre-cuite et de figurines en argile découvertes dans le village de Sannai. Malgré cela, les archéologues ne se sont pas vraiment intéressés au site jusqu’à ce que le projet d’expansion d’un terrain de sports préfectoral révèle un peuplement Jômon de grande envergure.

Les fouilles de Sannai Maruyama ont révélé des détails nouveaux et étonnants sur le peuple de la période Jômon. Le climat septentrional sévère réglementait de nombreux aspects de la vie quotidienne comme, par exemple, où et quand les habitants pouvaient chasser. Mais les découvertes ont aussi permis de comprendre qu’ils cultivaient les châtaignes et distillaient des boissons alcoolisées à partir de fruits locaux. La variété d’arrêtes de poissons indique de même qu’ils avaient su profiter de l’abondance de la nature qui les entourait pour s’installer sur le site de façon définitive.

Un tableau au musée Sanmaru reconstitue la vie pendant la période Jômon.
Un tableau au musée Sanmaru reconstitue la vie pendant la période Jômon.

Le tertre de Kitanotani. Le sol frais et humide a aidé à la préservation d’objets dans ce dépotoir. Les fouilles ont révélé des déchets de la vie quotidienne comme des objets en laque, des ustensiles en bois, des noix et des graines, ainsi que des os d’animaux et des arrêtes de poissons.
Le tertre de Kitanotani. Le sol frais et humide a aidé à la préservation d’objets dans ce dépotoir. Les fouilles ont révélé des déchets de la vie quotidienne comme des objets en laque, des ustensiles en bois, des noix et des graines, ainsi que des os d’animaux et des arrêtes de poissons.

Une reconstitution présentant des objets découverts dans différentes couches du sol.
Une reconstitution présentant des objets découverts dans différentes couches du sol.

Des vestiges d’environ 650 habitations semi-enterrées ont été exhumés, la plus grande mesurant 32 mètres de long et 9,8 mètres de large. Les experts pensent que ce village ancien pouvait abriter jusqu’à 500 personnes. Une avenue large de 12 mètres de large et 420 mètres de long a aussi été mise au jour, et reliait sans doute Sannai Maruyama à la côte. Des fouilles dans les sépultures tout le long de l’avenue ont dévoilé des objets funéraires tels des pointes de flèche et des pendentifs faits à la main.

La découverte d’objets en obsidienne venus de l’île de Hokkaidô et de l’île de Sado, ainsi que des objets en jade venant d’Itoigawa, dans la préfecture de Niigata, et en ambre venant de Kuji, dans la préfecture d’Iwate, indiquerait que le village était loin d’être isolé et faisait du commerce avec des régions éloignées.

Une reconstruction d’habitation semi-enterrée. Ces résidences simples avaient un foyer au milieu du sol.
Une reconstruction d’habitation semi-enterrée. Ces résidences simples avaient un foyer au milieu du sol.

Les vestiges d’une large habitation semi-enterrée. On pense que ces grandes structures servaient aussi pour les rassemblements et le travail.
Les vestiges d’une large habitation semi-enterrée. On pense que ces grandes structures servaient aussi pour les rassemblements et le travail.

Plusieurs reconstructions de structures sur pilotis à Sannai Maruyama.
Plusieurs reconstructions de structures sur pilotis à Sannai Maruyama.

L’origine de nombreux objets découverts à Sannai Maruyama démontre que le village faisait partie d’un large réseau comprenant le nord du Japon et l'île de Hokkaidô.
L’origine de nombreux objets découverts à Sannai Maruyama démontre que le village faisait partie d’un large réseau comprenant le nord du Japon et l’île de Hokkaidô.

Les vestiges d’une structure à piliers et une figurine en argile

La découverte sans précédent sur le site a été celle de trous à piliers pour une large structure qu’on estime à 20 mètres de hauteur. Les trous étaient alignés en deux rangées parallèles de trois, et espacés de 4,2 mètres, apportant la preuve que les constructeurs possédaient des techniques d’arpentage sophistiquées. Plusieurs des trous avaient encore des restes de piliers en châtaigner d’un mètre de diamètre, qui avaient été brûlés à la base pour les rendre plus résistants au sol humide, une technique efficace qui a contribué à les préserver jusqu’à nos jours. L’utilisation de la structure n’est pas claire mais certains pensent qu’elle servait dans les rituels. Quelque soit son rôle, l’échelle de la structure fait preuve du savoir-faire technique des bâtisseurs Jômon.

Les visiteurs peuvent admirer les trous de piliers qui sont préservés  sous un dôme de protection.
Les visiteurs peuvent admirer les trous de piliers qui sont préservés sous un dôme de protection.

Une reproduction de la structure sur piliers se trouve à côté du site original.
Une reproduction de la structure sur piliers se trouve à côté du site original.

La découverte des trous de piliers en 1994 a attiré l’attention de la presse et suscité l’intérêt du public pour la culture Jômon. Le gouverneur d’Aomori, Kitamura Masaya, a réagi en annulant le projet de terrain de baseball, et s’est mis à travailler plutôt sur la préservation et l’étude du site. En 2000, le gouvernement l’a désigné site historique national spécial du Japon. Dans les trois années qui ont suivi, près de 2 000 objets découverts sur le site ont été désignés biens culturels importants. Ceci servira à donner l’élan à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.

L’exposition « Cœur du peuple Jômon » au musée Sanmaru comprend de nombreux objets désignés biens culturels importants.
L’exposition « Cœur du peuple Jômon » au musée Sanmaru comprend de nombreux objets désignés biens culturels importants.

Une grande figurine plate en argile exhumée à Sannai Maruyama. Cet objet, désigné bien culturel important est l'une des découvertes les plus connues du site.
Une grande figurine plate en argile exhumée à Sannai Maruyama. Cet objet, désigné bien culturel important est l’une des découvertes les plus connues du site.

Suite > Un face à face avec la culture Jômon

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