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Le cénotaphe et le musée Himeyuri : transmettre les affres de la bataille d’Okinawa et la valeur de la paix

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Tout le sud de l’île principale d’Okinawa a été le théâtre de la bataille terrestre la plus intense sur le sol japonais de toute la Seconde Guerre mondiale. Le cénotaphe et le musée Himeyuri continuent de transmettre les valeurs de paix et de vie par une abondante documentation sur l’expérience tragique des étudiantes qui furent mobilisées sur le front en tant que personnel infirmier.

Le cénotaphe pour les étudiantes, érigé sur le site d’un hôpital-souterrain

« Himeyuri » vient du surnom que s’étaient données deux établissements, l’École secondaire pour filles n°1 de la préfecture d’Okinawa d’un côté, et l’École normale pour jeunes filles d’Okinawa, de l’autre. C’était des écoles prestigieuses, qui rassemblait les jeunes filles les plus brillantes de tout l’archipel d’Okinawa. Le nom de Himeyuri (lys d’étoile) était symbole de fierté pour les élèves et anciennes élèves de ces établissements.

Dès le début de la bataille d’Okinawa, peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, les étudiantes de Himeyuri ont été mobilisées en tant que personnel infirmier dans un hôpital militaire. Leur mission était très dure, et se termina par la mort tragique d’un grand nombre de ces jeunes vies. Le cénotaphe Himeyuri se dresse aujourd’hui sur le site du bunker chirurgical n°3 d’Ihara, dans la commune d’Itoman, à l’extrême sud de l’île d’Okinawa. C’est là qu’environ 80 personnes, cachées dans un gama (« une grotte » dans le dialecte d’Okinawa) sont mortes, dans une attaque des forces américaines. Parmi elles se trouvaient 42 étudiantes et enseignants de Himeyuri.

Le cénotaphe Himeyuri se dresse non loin de l’hôpital fortifié n°3 d'Ihara.
Le cénotaphe Himeyuri se dresse non loin de l’hôpital fortifié n°3 d’Ihara.

Un premier cénotaphe Himeyuri a été érigé en 1946.
Un premier cénotaphe Himeyuri a été érigé en 1946.

Le musée Himeyuri de la Paix a été construit à côté comme une reproduction de l’école d’origine, qui a de fait brûlé pendant la guerre. Le musée expose des photos et des documents illustrant la vie scolaire de l’époque, un diorama des hôpitaux-souterrains et des messages des survivantes. Himeyuri résonne aujourd’hui dans tout le Japon comme un écho de la tragédie de la guerre, de la vie précieuse et de la valeur de la paix.

Le musée Himeyuri de la paix a ouvert ses portes en 1989. La cour au centre de la photo est dédiée aux étudiantes et enseignants décédés.
Le musée Himeyuri de la paix a ouvert ses portes en 1989. La cour au centre de la photo est dédiée aux étudiantes et enseignants décédés.

Quand la jeunesse monte au champ de bataille en tant que personnel infirmier

Dans le hall du musée est exposée une photographie prise le jour de la cérémonie de remise des diplômes en mars 1944, un an avant le début de la bataille d’Okinawa. C’était déjà la guerre, mais les visages sont souriants, empreints d’une confiance radieuse en l’avenir. Mais l’année suivante, il n’y eut pas de cérémonie de remise des diplômes à Himeyuri.

Saisissante photo des visages des étudiantes pleines d'espoir dans le hall.
Saisissante photo des visages des étudiantes pleines d’espoir dans le hall.

L’exposition commence par des photographies et des illustrations qui racontent la vie scolaire à l’École normale et à l’École secondaire pour filles n°1. Un aperçu de la vie étudiante comme tous les jeunes peuvent l’avoir vécue, qui reste gravée dans votre esprit parce que cela aurait pu être la vôtre.
L’exposition commence par des photographies et des illustrations qui racontent la vie scolaire à l’École normale et à l’École secondaire pour filles n°1. Un aperçu de la vie étudiante comme tous les jeunes peuvent l’avoir vécue, qui reste gravée dans votre esprit parce que cela aurait pu être la vôtre.

Le 23 mars 1945, juste avant la cérémonie de remise des diplômes, les bombardements de très forte intensité de l’armée américaine sur Okinawa commencent. Dans la nuit, 222 élèves de Himeyuri, âgées de 15 à 19 ans, sous la conduite de 18 enseignants, sont déplacées sous couvert de l’obscurité jusqu’à l’hôpital de Haebaru, à 5 km au sud-ouest de Naha. Elles pensaient servir dans un hôpital sous le drapeau de la Croix Rouge, à l’abri des combats. De fait, il s’agissait d’un trou creusé à flanc de colline, avec des lits superposés alignés, et c’est tout. D’hôpital, il n’avait que le nom.

Le 1er avril, les troupes américaines débarquent sur l’île principale d’Okinawa. Les blessés arrivent du front à flot continu. Les étudiantes de Himeyuri, outre les soins aux blessés, sont également chargées du transport de la nourriture et de l’eau, de l’élimination des excréments et de l’enterrement des morts. Pour transporter la nourriture, par exemple, elles étaient obligées de sortir du bunker au milieu des obus qui volaient de partout. Sous l’effrayant bruit des bombes, elles travaillent jour et nuit dans la puanteur, transportant les aliments et l’eau avec précaution pour ne rien renverser.

La deuxième salle d'exposition, « Le champ de bataille des Himeyuri », raconte comment se déroulaient les soins infirmiers. À gauche, un diorama de l’hôpital-souterrain de Haebaru.
La deuxième salle d’exposition, « Le champ de bataille des Himeyuri », raconte comment se déroulaient les soins infirmiers. À gauche, un diorama de l’hôpital-souterrain de Haebaru.

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