
La modernité de l’esthétique traditionnelle
Fujiyoshida : au pied du mont Fuji, la ville qui fait honneur au textile de qualité
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Devenir « la ville des tisserands » grâce aux jeunes créateurs
Les tissus de Fujiyoshida ont continué à prospérer après la Restauration de Meiji (1868), mais pendant la Seconde Guerre mondiale, les métiers à tisser ont été réquisitionnés pour leurs métaux, et la production s’est arrêtée pendant un temps. Suite à un nouvel essor durant les années 50, les gens venaient de tout le pays acheter des tissus aux marchés qui se tenaient tous les cinq jours. Les tissus haut de gamme se vendaient comme des petits pains.
« Malheureusement, ce renouveau n’a pas duré bien longtemps » raconte Kobayashi Shinji, le président de Tenjin Factory, un fabriquant spécialisé en lin. L’avalanche de tissus importés vers la fin de l’ère Shôwa (1926-1989) a eu un effet négatif, et nombreux producteurs ont fermé ou fait faillite. Entre la fin des années 1970 et la fin des années 1980, 40 % des effectifs en textiles de la région ont disparu suite à l’élimination de métiers à tisser. Des années difficiles ont suivi, et de nos jours, environ 200 maisons travaillent avec un millier de métiers à tisser, bien loin des 6 000 maisons et 20 000 métiers de la période la plus prospère.
Kobayashi vérifie le bon fonctionnement d’un métier à tisser. Certains métiers anciens sont mieux adaptés à tisser certains tissus.
Des produits en lin de Tenjin Factory
Malgré ces revers, les artisans de Fujiyoshida ont continué à transmettre leurs compétences et préserver ce savoir-faire local. Kobayashi raconte comment, il y a une dizaine d’années, ils ont commencé à travailler avec des étudiants de l’Université des arts Zôkei de Tokyo, ce qui les a mené à développer des nouvelles idées comme des magasins d’usine. Quelques jeunes tisserands ont même commencé à commercialiser leurs propres griffes.
Kobayashi explique que « notre savoir-faire est très particulier et on nous demande souvent de créer des tissus qui ne peuvent être produits en quantité ». Depuis l’ère Meiji (1868-1912), Fujiyoshida fournit principalement du tissu pour les doublures, les cravates et les parasols, ce qui fait que les ateliers sont presque tous à petite échelle. C’est le manque de grosses entreprises, et de production de tissus extérieurs, qui ont fait que Fujiyoshida reste plutôt inconnue comme centre de production de textiles.
Une belle variété de cravates de la boutique spécialisée Hadachû Orimono
Makita Shôten fabrique des tissus mais également des parasols.
Cette enseigne pour un grossiste en soie de Kai date de plus de 150 ans.
Les artisans de Fujiyoshida ont un savoir-faire hors-pair : c’est ce qui a mené les étudiants à vouloir travailler avec eux et faire rayonner leurs traditions. Le site exceptionnel de Fujiyoshida, au pied du mont Fuji, a donné envie à certains de ces étudiants de venir s’y installer à la fin de leurs études. Dynamisés par cet enthousiasme, certains jeunes tisserands ont voulu mettre leurs produits plus en valeur et proposer des créations originales.
C’est donc en collaborant avec des jeunes créateurs de la préfecture ou même en dehors, que Fujiyoshida commence à se faire connaître en tant que « ville des tisserands ».
« Nous avions oublié ce qui fait de Fujiyoshida un site exceptionnel » dit Kobayashi. « Si l’on en prend de nouveau conscience, c’est grâce à ces jeunes venus d’ailleurs... un peu comme les étrangers qui ont découvert la beauté de la pagode Chûreitô et qui nous l’ont rappelée. »
Kobayashi Shinji, de Tenjin Factory, est fier de ses produits en lin.
La boutique de Tenjin Factory. Le vélo est un moyen pratique de visiter la ville, et beaucoup de magasins sont équipés de parcs à vélo.
Des animations artistiques et une option gastronomie
Le festival de textiles de Fujiyoshida a lieu tous les ans en octobre, et attire des exposants de tout le Japon. En plus des produits exposés, des ateliers de textiles sont proposés, ainsi que des conférences qui communiquent l’importance de la ville en tant que véritable centre de l’industrie textile.
L’exposition Fuji Textile Week 2021 (Semaine des textiles Fuji 2021), a eu lieu de fin décembre 2021 à début janvier 2022. Des œuvres d’art en textiles ont été exposées le long de l’avenue Honmachi et aux alentours, pour communiquer le nouveau potentiel de Fujiyoshida en tant que ville de tisserands.
L’installation artistique de Ohmaki Shinji, Toki no Kage (l’ombre du temps), lors du Fuji Textile Week 2021.
Des tissus et divers produits fabriqués par les tisserands de Fujiyoshida étaient aussi exposés.
Une des spécialités gastronomiques locales est le Yoshida Udon. Les pâtes épaisses sont particulièrement moelleuses et ont aussi un lien avec l’industrie des textiles. Dans le passé, c’était principalement les femmes qui travaillaient aux métiers à tisser, et les hommes préparaient le repas de midi. Pour bien rassasier les tisseuses, les hommes pétrissaient la pâte pour la rendre moelleuse au maximum. Et c’est de là que sont nées les nouilles udon les plus moelleuses du Japon.
Flâner dans les rues de Fujiyoshida, et gouter à un plat de Yoshida udon, est un moyen agréable de mieux découvrir la ville et comprendre la richesse qui vient du mont Fuji, ainsi que la tradition des tisserands locaux.
Le Yoshida udon est normalement servi avec de la viande de cheval et du chou bouilli, ainsi qu’une pâte épicée comme assaisonnement. Les personnes qui souhaitent notamment goûter à la texture moelleuse des udon préfèrent les consommer avec une sauce séparée.
(Reportage, texte et photos de Nippon.com. Photo de titre : une œuvre d’art de Nishio Yoshinori, présentée à l’événement Fuji Textile Week 2021)