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La ville de Takaoka : sous le regard du Grand Bouddha, l’art du cuivre à son apogée
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À la recherche du troisième Grand Bouddha du Japon
L’appellation de « Grand Bouddha », ou daibutsu, rappelle à beaucoup de gens la gigantesque statue du temple Tôdai-ji de Nara ou alors celle de Kamakura, trônant majestueusement en plein air au temple Kôtoku-in. Si elles sont considérées comme les deux Grands Bouddha historiques, les Japonais se cherchent depuis longtemps un troisième daibutsu. Qui sont donc les prétendants au titre ? On trouve parmi eux le Grand Bouddha de Takaoka (temple Daibutsu-ji, Takaoka) le Grand Bouddha de Gifu (temple Shôbô-ji, Gifu), le Grand Bouddha de Hyôgo (temple Nôfuku-ji, Kobe) et le Grand Bouddha de Tokyo (temple Jôren-ji, arrondissement d’Itabashi).
Même si de nombreux facteurs tels que l’histoire, le prestige, la taille et la valeur artistique entrent en ligne de compte dans cette liste, toutes ses statues sont vénérées par leurs communautés, et chacune d’entre elles cherche à vanter ses charmes touristiques afin que leur daibutsu local surpasse ses « concurrents » et devienne le troisième Grand Bouddha du Japon.
Le Grand Bouddha de Takaoka, considéré par certaines comme le troisième Grand Bouddha du Japon, est situé à 10 minutes de la gare de Takaoka.
Le Grand Bouddha de Takaoka, en particulier, symbolise l’artisanat local de la fonderie traditionnelle, qui fructifie à Takaoka depuis le XVIIe siècle. La ville est renommée pour ses objets en cuivre, incluant notamment ceux liés à la cérémonie du thé (sadô), les vases, les accessoires des autels bouddhiques et bien d’autres articles. Quand Maeda Toshinaga (1562-1614), chef du fief de Kaga, construisit un château à Takaoka, il a déplaça dans le village une statue en bois de Bouddha fabriquée au XIIIe siècle, qui se tenait originellement sur le mont Futagami, au nord-ouest de Takaoka. Après que les flammes détruisirent la statue par deux fois, en 1821 et 1900, sa reconstruction en cuivre résistant au feu fut décidée. Crée en partie pour promouvoir l’industrie locale du cuivre, l’actuel Grand Bouddha de Takaoka a été fabriqué par les artisans locaux et complété en 1933.
En comptant sa base, le géant se tient sur 15,85 mètres de hauteur. La statue elle-même mesure 7,43 mètres, soit environ la moitié de la taille du Grand Bouddha de Nara. Représentant le Bouddha Amida (Amitâbha), la statue de Takaoka est connue pour ses jolis traits faciaux et le disque de lumière derrière sa tête, admirablement confectionné. La poète Yosana Akiko, qui a célébré la finesse des traits du Grand Bouddha de Kamakura (Shakyamuni, le Bouddha historique) dans une de ses œuvres, aurait trouvé le Grand Bouddha de Takaoka encore plus beau, après avoir visité la ville peu après l’achèvement de la statue.
La beauté des traits du Grand Bouddha de Takaoka est le testament du talent des artisans de dinanderie de la ville. Le disque de lumière derrière sa tête la rend particulièrement unique.
Kanayamachi, le lieu de naissance de la dinanderie de Takaoka
L’industrie de la dinanderie (le travail du cuivre) de Takaoka est née quand Maeda Toshinaga invita sept artisans de son lieu de naissance à s’installer à Kanayamachi. Au début, la production comprenait essentiellement des outils agricoles ou des articles pour la maison tels que des pots et des bouilloires, mais à partir du XVIIIe siècle, les artisans commencèrent à fabriquer des vases en alliages de cuivre, des articles liés à la cérémonie du thé et des accessoires pour les autels bouddhiques avec des décorations en métal repoussé.
Dans les années 1870, la dinanderie de Takaoka était présentée dans des expositions à l’étranger, où elle s’est attirée de nombreux éloges. Sa popularité n’a cessé de croître depuis lors au Japon comme à l’étranger. Aujourd’hui, la dinanderie de Takaoka compte pour près de 90 % de la production domestique de cuivre, et les artisans de la région fabriquent toutes sortes d’objets, des plus imposants tels que les cloches de temples ou les statues en bronze, aux plus petits tels que les accessoires, ainsi que les vases et les équipements d’autels pour la maison.
Aujourd’hui, si de nombreux artisans des produits issus de la fonderie se sont installés dans le complexe industriel de la métallurgie de Takaoka, certains ont préféré rester à Kanayamachi, officiellement désigné en tant que « district patrimonial ». Il comprend les galeries d’art et les boutiques des artisans, des marchands d’antiquités en cuivre et de bouilloires en fer, ainsi que des restaurants et des cafés. Le premier arrêt conseillé pour les visiteurs devrait être le musée de la fonderie de la ville de Takaoka, situé au début de la rue principale pavée de Kanayamachi, dans lequel ils pourront apprendre l’histoire de la région et mieux comprendre la technologie derrière les fonderies de métaux.
Les bâtiments du district de Kanayamachi comprennent des persiennes verticales appelées samanoko. Les visiteurs peuvent s’amuser à chercher les décorations en métal en forme de cœur éparpillées sur les pavés.
Les équipements et les artefacts en métal coulé de l’époque d’Edo (1603-1868) sont exposés au musée de la fonderie.
Sur le chemin se trouve le Kôryô Kinju-dô, dans lequel la statue en cuivre ayant servi de modèle au Grand Bouddha de Takaoka est exposée. La statue a été créée grâce à l’argent fourni par la communauté, et le sculpteur en aurait fait plusieurs copies pour offrir aux donateurs. La statue exhibée en ces lieux serait l’une d’entre elles.
Parmi les œuvres présentes dans le Kôryô Kinju-dô, on retrouve des créations d’artisans élevés au rang de « Trésor national vivant », tels que Kanamori Eiichi et Ôzawa Kômin. Dans la pièce en tatami à l’arrière de la boutique, des douzaines de magnifiques bouilloires à thé ainsi que des objets collectés de tout le pays valent également le coup d’œil.
Le Kôryô Kinju-dô est situé dans une maison de l’époque Meiji (1868-1912) rénovée avec goût.
Une statue en cuivre utilisée comme modèle pour le Grand Bouddha de Takaoka.
En haut à gauche, une chouette en argent et en bronze avec des incrustations en métal précieux fabriqué par Kanamori Eiichi, un artisan élu « Trésor national vivant ». En bas à droite, un vase en cuivre moulé par Ôzawa Kômin, également « Trésor national vivant ».
Des articles de la cérémonie du thé, fabriqués avec une extrême délicatesse, sont exposées à l’arrière de la boutique.