Les carpes « nishiki-goï » : comment ce poisson ornemental peut-il regagner l’intérêt des Japonais ?

Culture

Alors qu’à l’étranger le nombre de fans des nishiki-goï, les carpes de brocart, ne cesse de croître, au Japon au contraire, l’on craint que ce poisson unique en son genre soit de moins en moins recherché, voire même qu’il sombre dans l’oubli. Des voix s’élèvent pour demander que le nishiki-goï soit élevé au rang de poisson national du Japon, afin de réveiller l’intérêt pour cette espèce.

Un lieu phare pour se familiariser avec les nishiki-goï

« Nishiki-goï no Sato », un lieu touristique situé à Ojiya, dans la préfecture de Niigata, offre aux visiteurs l’opportunité de s’informer sur diverses facettes de la carpe ornementale, notamment son histoire, les variétés existantes et les techniques d’élevage. Juste à côté de la zone d’exposition se trouve un jardin japonais doté d’un grand bassin où nagent plus de 300 poissons.

L'entrée de Nishikigoi no Sato. Les tickets coûtent 520 yens pour les adultes et 310 pour les écoliers et les collégiens. L'agence est à environ 10 minutes de bus de la gare d'Ojiya, sur la ligne Jôetsu de la compagnie JR des chemins de fer japonais.
L’entrée de « Nishiki-goï no Sato ». Le site est à environ 10 minutes de bus de la gare d’Ojiya.

Le « Nishiki-goï no Sato » a ceci d’unique qu’environ 250 des carpes exposées appartiennent à des particuliers. Les acheteurs de nishiki-goï élevées sur place ont la possibilité de laisser leurs poissons pour au moins un an aux bons soins de l’établissement. À l’issue de ce délai, les propriétaires qui jugent que leurs poissons ont atteint une taille adéquate peuvent les ramener chez eux. Cette formule a le double mérite de garantir que l’effectif des carpes d’élevage augmente et de donner au public l’occasion de voir les poissons. Les visiteurs sont autorisés à nourrir les poissons exposés dans la mare, et les jeunes enfants apprécient particulièrement cette activité.

Ces Nishikigoi en train de nager dans une mare extérieure vont être transférés dans des bassins intérieurs au mois de novembre, quand le temps se refroidit.
Ces carpes en train de nager dans une mare extérieure vont être transférés dans des bassins intérieurs au mois de novembre, quand le temps se refroidit.

L'aire d'observation, les jeunes enfants sont fascinés par les nishikigoi.
L’aire d’observation, avec de jeunes enfants fascinés par les nishiki-goï.

Les carpes au secours des rizières en terrasse

L’essor de l’élevage de carpes a en outre permis de préserver certains environnements naturels de Niigata, qui constituent par eux-mêmes une attraction touristique. Prenons par exemple la riziculture en terrasses. À mesure du vieillissement des riziculteurs, la méthode agricole traditionnelle tombe en désuétude, en raison des lourdes contraintes qu’elle impose. Mais la conversion des rizières en mares à carpes a permis de préserver le paysage idyllique.

En 2017, des fermes de riziculture en terrasses de la région de Niigata ont été inscrites sur la liste du patrimoine agricole japonais en reconnaissance de l’adoption de dispositifs utilisant la neige pour permettre à la fois la riziculture et l’élevage des carpes. En 2020, le village de Yamakoshi a synchronisé son spectacle d’inauguration montrant des rizières en terrasses sous éclairage électrique avec le célèbre Festival des feux d’artifice de Nagaoka.

.  Rizières en terrasses et mares éclairées à l'électricité pendant le spectacle d'inauguration. (Avec l'aimable autorisation de Nagaoka Incorporated Association of Tourism and Conventions)
Rizières en terrasses et mares éclairées à l’électricité pendant le spectacle d’inauguration. (Avec l’aimable autorisation de l’Association de tourisme de Nagaoka)

Le célèbre Festival des feux d'artifice de Nagaoka. (Avec l'aimable autorisation de Nagaoka Incorporated Association of Tourism and Conventions)
Le célèbre Festival des feux d’artifice de Nagaoka. (Avec l’aimable autorisation de l’Association de tourisme de Nagaoka)

Le nishiki-goï bientôt poisson national du Japon ?

Les efforts en vue d’obtenir la reconnaissance du nishiki-goï en tant que poisson officiel du Japon gagnent du terrain. En 2019, le Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir) a constitué une ligue de parlementaires dédiée à la promotion de la culture liée au nishiki-goï et de l’ensemble de ce secteur d’activité. La même année, un dessin à l’encre de Tanaka Kakuei représentant une carpe illustrée du mot kokugyo (poisson national) figurait sur l’affiche de l’Association panjaponaise de promotion du nishiki-goï.

Les acteurs de ce secteur d’activité espèrent fermement que l’accroissement de la demande étrangère de nishiki-goï va réveiller l’intérêt des Japonais pour ce poisson et favoriser son accession au statut de trésor national.

L'entrée d'un passage souterrain proche de la gare d'Ojiya a la forme d'un nishikigoi.
L’entrée d’un passage souterrain proche de la gare d’Ojiya a la forme d’une carpe.

(Voir également notre article : Les carpes « nishiki-goï », bijoux aquatiques de Niigata et trésors de la clientèle étrangère)

(Reportage, texte et photos de Nippon.com, sauf mentions contraires. Photo de titre : des carpes nageant dans le bassin de « Nishiki-goï no Sato »)

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