Le château de Bitchû Matsuyama, un chef-d’œuvre médiéval qui redevient célèbre grâce à un chat

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Le château de Bitchû Matsuyama se dresse sur les hauteurs de la ville de Takahashi (préfecture d’Okayama, sud-ouest de l’île principale du Japon). Entre la fin du mois de septembre et le début du mois d’avril, il est souvent enveloppé par une épaisse brume matinale qui le transforme par moments en « château dans le ciel » flottant sur une mer de nuages. Après être resté à l’abandon et avoir failli tomber en ruines, il a fini par être restauré et retrouver son apparence d’origine grâce à la ferveur d’un professeur d’histoire. Et depuis quelques temps, il attire de nouveau l’attention grâce à Sanjûrô, un chat errant qui est devenu le nouveau « maître du château ».

Un « château dans le ciel »

Le château de Bitchû Matsuyama a été édifié au sommet du mont Komatsu, à 430 mètres d’altitude. C’est l’une des douze places fortes de l’Archipel qui ont conservé leur donjon d’origine, et la seule à être bâtie sur une montagne (yamashiro). Du côté de l’ouest, il surplombe le fleuve Takahashi si bien qu’entre le début de l’automne et la fin de l’hiver, il devient parfois le théâtre d’un spectacle fantastique au lever du jour, pour peu qu’il fasse beau et qu’il y ait du brouillard. Éclairé par les rayons du soleil levant, il semble alors flotter sur une mer de nuages, dans la lumière froide du petit matin.

Le château de Bitchû Matsuyama vu depuis le poste d’observation aménagé à proximité sur le mont Tenjin no maru, au moment où il semble flotter au-dessus des nuages, dans la lumière du petit matin. La ville de Takahashi, qui se trouve au bas de la montagne, est quant à elle plongée dans le brouillard. Ce phénomène relativement rare dure à peine quelques heures. Il se produit au lever du soleil lorsque certaines conditions sont réunies à savoir, un temps clair et une chute brutale de la température.
Le château de Bitchû Matsuyama vu depuis le poste d’observation aménagé à proximité sur le mont Tenjin no maru, au moment où il semble flotter au-dessus des nuages, dans la lumière du petit matin. La ville de Takahashi, qui se trouve au bas de la montagne, est quant à elle plongée dans le brouillard. Ce phénomène relativement rare dure à peine quelques heures. Il se produit au lever du soleil lorsque certaines conditions sont réunies à savoir, un temps clair et une chute brutale de la température.

Le paysage fantastique constitué par le château de Bitchû Matsuyama au lever du soleil est encore plus saisissant quand on sait que rien n’a changé depuis l’époque d’Edo (1603-1868).
Le paysage fantastique constitué par le château de Bitchû Matsuyama au lever du soleil est encore plus saisissant quand on sait que rien n’a changé depuis l’époque d’Edo (1603-1868).

Depuis quelques années, on assiste à une sorte d’engouement pour les « châteaux dans le ciel » (tenkû no shiro) de l’Archipel, à commencer par le château de Takeda (préfecture de Hyôgo), surnommé le « Machu Picchu du Japon ». Et il y a aussi le château d’Echizen Ôno (préfecture de Fukui), et celui de Tsuwano (préfecture de Shimane). Malheureusement beaucoup d’entre eux sont en ruines, notamment celui de Takeda. Le château de Bitchû Matsuyama constitue une exception à cause de son donjon encore intact.

Les vestiges de l’entrée principale du château de Bitchû Matsuyama tels qu’ils apparaissent, après intervention d’un système d’infographie, au début du feuilleton historique Sanada maru programmé par la NHK en 2016. L’escalier de pierre est délibérément tortueux de façon à empêcher toute attaque directe de l’ennemi.
Les vestiges de l’entrée principale du château de Bitchû Matsuyama tels qu’ils apparaissent, après intervention d’un système d’infographie. L’escalier de pierre est délibérément tortueux de façon à empêcher toute attaque directe de l’ennemi.

Une place forte réputée imprenable

Le château de Bitchû Matsuyama se trouve tout en haut du mont Komatsu, un des quatre sommets de la chaîne du Gagyû. Au cours de l’époque de Kamakura (1185-1333), la famille Akiba a fait construire des fortifications sur le mont Ômatsu, le sommet le plus au nord du Gagyû, à 470 mètres d’altitude. Pendant la période des provinces combattantes (sengoku jidai 1467-1573), le seigneur de la guerre Mimura Motochika (?-1575) a transformé l’endroit en une véritable place-forte couvrant trois des sommets du Gagyû.

Le château actuel de Bitchû Matsuyama a été achevé en 1683 après trois ans de travaux effectués par Mizunoya Katsutaka (1623-1689), daimyô (grand seigneur féodal) du fief de Bitchû Matsuyama.

Le sentier escarpé que l’on doit emprunter aujourd’hui pour se rendre au sommet du mont Komatsu n’est pas vraiment de tout repos. Il faut en effet quelque vingt minutes à pied pour gravir les sept cents mètres qui séparent le château de Bitchû Matsuyama du parking du col de Fuigo, situé à mi-chemin des pentes du Gagyû.
Le sentier escarpé que l’on doit emprunter aujourd’hui pour se rendre au sommet du mont Komatsu n’est pas vraiment de tout repos. Il faut en effet quelque vingt minutes à pied pour gravir les sept cents mètres qui séparent le château de Bitchû Matsuyama du parking du col de Fuigo, situé à mi-chemin des pentes du Gagyû.

Vue plongeante sur la ville de Takahashi recouverte par une mer de nuages. La photographie a été prise du haut des ruines de la tour médiane du tambour (nakataiko yagura) du château de Bitchû Matsuyama. Les vestiges de la tour inférieure du tambour (shimotaiko yagura) se trouvent à proximité du col de Fuigo.
Vue plongeante sur la ville de Takahashi recouverte par une mer de nuages. La photographie a été prise du haut des ruines de la « tour médiane du tambour » (nakataiko yagura) du château de Bitchû Matsuyama. Les vestiges de la « tour inférieure du tambour » (shimotaiko yagura) se trouvent à proximité du col de Fuigo.

Pour aller à pied depuis la ville située au pied de la montagne jusqu’à l’entrée principale du château de Bitchû Matsuyama, il faut compter environ une heure de marche sur un sentier de montagne de 1,5 kilomètre de long particulièrement pentu.

En chemin, on passe devant les vestiges de deux tours appelées respectivement « tour inférieure du tambour » et« tour médiane du tambour ». Elles doivent semble-t-il leur nom au fait que le château et la ville communiquaient par le biais de tambours. Près de l’entrée principale de la place forte, des remparts de pierre de dix mètres de haut s’élèvent à flanc de montagne. Ils sont surmontés par endroits par des murs de pisé percés d’étroites meurtrières permettant de tirer des flèches ou des balles sur les assaillants. Les degrés de pierre donnant accès à la deuxième et la troisième enceinte sont délibérément tortueux de façon à retarder la progression de l’ennemi.

Le donjon (tenshu) qui se dresse fièrement au-dessus des remparts et des tours donne à première vue l’impression de comporter trois niveaux alors qu’en fait, il n’en a que deux, c’est-à-dire bien moins que ceux de la plupart des autres places fortes de l’époque. Mais la réputation de château « imprenable » de Bitchû Matsuyama n’en était pas pour autant moins justifiée.

Les remparts de dix mètres de haut qui entourent la porte principale du château de Bitchû Matsuyama s’élèvent à flanc de montagne et par endroits, celle-ci en fait partie intégrante.
Les remparts de dix mètres de haut qui entourent la porte principale du château de Bitchû Matsuyama s’élèvent à flanc de montagne et par endroits, celle-ci en fait partie intégrante.

Le mur de pisé de l’est de la « troisième tour à un niveau » (san no hira yagura) du château de Bitchû Matsuyama est percé de meurtrières. Il a été classé bien culturel important du Japon. La partie située au premier plan date de l’époque d’Edo (1603-1868). Celle qui borde les marches de pierre a été rajoutée au moment de la restauration des lieux.
Le mur de pisé de l’est de la « troisième tour à un niveau » (san no hira yagura) du château de Bitchû Matsuyama est percé de meurtrières. Il a été classé Bien culturel important du Japon. La partie située au premier plan date de l’époque d’Edo (1603-1868). Celle qui borde les marches de pierre a été rajoutée au moment de la restauration des lieux.

En 1693, le dernier membre de la famille Mizunoya est mort sans laisser de descendance. Le château a été repris pendant un certain temps par Asano Naganori (1667-1701), daimyô du fief d’Akô, dans la province de Harima. Ce guerrier est passé à la postérité pour ses hauts faits relatés dans « La vengeance des loyaux serviteurs » (Chûshingura), un des thèmes favoris de la littérature et du théâtre japonais. Son conseiller Ôishi Kuranosuke (1659-1703), lui aussi très célèbre, a géré les lieux pendant un an. Le château est ensuite passé successivement entre les mains des familles Andô et Ishikawa. Et de 1744 à la fin du shogunat d’Edo (1868), il a été occupé par huit générations successives de la famille Itakura.

Le donjon (tenshu), vu depuis la deuxième enceinte (ninomaru) du château de Bitchû Matsuyama. La cinquième tour à un niveau gonohira yagura (au centre) et la sixième tour à un niveau rokunohira yagura (à gauche) ont été restaurées en 1997.
Le donjon (tenshu), vu depuis la deuxième enceinte (ninomaru) du château de Bitchû Matsuyama. La cinquième tour (au centre) et la sixième tour (à gauche) ont été restaurées en 1997.

Suite > Un chef-d’œuvre médiéval laissé à l’abandon et envahi par des singes

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