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Le patrimoine de Settaya, un précieux paysage architectural fidèle au passé
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Des biens culturels venus du passé
Settaya se trouve à plusieurs kilomètres au sud du centre-ville de Nagaoka, dans la préfecture de Niigata. Le quartier est parsemé de structures historiques qui datent de l’ère Meiji (1868-1912) et l’ère Taishô (1912-1926), dont certains sont toujours utilisés par des fabriquant traditionnels comme, par exemple, un fabriquant de saké ayant 470 ans, ainsi qu’un fabricant de sauce soja assaisonnée de dashi (bouillon) fondé en 1831.
La maison mère du fabricant de sauce soja, Koshino Murasaki, a été bâtie en 1877. Le bâtiment principal ainsi que l’entrepôt ont été classés biens culturels. La cheminée en briques sur la gauche est l’un des fameux « monuments » de Settaya.
Le sanctuaire Takekoma Inari est adjacent à la propriété de Koshino Murasaki. Le bébé renard dans les bras du renard gardien apporte une touche de charme.
Settaya se trouve sur la route de Mikuni (Mikuni Kaidô) qui relayait dans le passé la région à la voie principale de Nakasendô. Les seigneurs locaux et les grands seigneurs féodaux (daimyô) venant du nord traversaient la voie dans le cadre des allez-retours vers Edo (l’ancienne Tokyo), suite au système sankin kôtai. Certains disent que l’origine du nom Settaya provient du fait que le quartier proposait le gîte et le couvert (settai) aux voyageurs.
Bien situé pour le trafic fluvial et routier, Settaya était géré de façon directe par le shogunat, et faisait partie du domaine du Kan’ei-ji, un temple associé au puissant clan dirigeant des Tokugawa. Grâce à cela, Settaya était protégé des lourdes réglementations des fonctionnaires des domaines, permettant l’essor de la production de produits fermentés tels que le saké, le miso et la sauce soja.
Un petit autel dédié à la divinité bouddhique Jizô, devant Koshino Murasaki, servait de signalisation sur la route Mikuni. Le socle porte une inscription pour les voyageurs « à droite vers Edo, à gauche vers les montagnes ».
Un grand bac en bois devant l’établissement Hoshino Honten, un producteur de miso et sauce soja. L’entrepôt sur la gauche, désigné Bien culturel, est remarquable pour ses trois étages.
La prospérité de Settaya a perduré au XXe siècle, et par miracle le quartier a pu échapper aux bombardements de la fin de la guerre qui ont pourtant détruit une grande partie de Nagaoka. Parmi les entreprises continuant la fabrication traditionnelle, cinq ont des bâtiments classés Biens culturels, un hommage à l’attention portée à la préservation de ces structures historiques.
Le bâtiment principal de Hasegawa Shuzô, producteur du saké Echigo Sekkôbai, date de 1886 et a été réstauré dans les années 1920. Il est classé Bien culturel.
L’entrepôt Miso Hoshiroku continue la fabrication de ses produits selon des méthodes traditionnelles. L’établissements, classé Bien culturel, est devenu célèbre après avoir figuré dans la série manga populaire Oishinbo.
Architectures et jardins à préserver à tout prix
Les bâtiments du quartier ont subi des dégâts lors du tremblement de terre de Niigata Chûetsu en 2004, mais la communauté est restée solidaire et a crée un groupe de citoyens pour revitaliser le secteur. Dans le cadre de son travail, l’organisation a redécouvert le site d’un ancien fabriquant de boissons médicinales, Kina Safuran-shu Honpo.
Son fondateur, Yoshizawa Nitarô, est né en 1863 dans un village non loin de là. Alors qu’il travaillait chez un apothicaire à l’âge de 17 ans, il créa une boisson tonique faite d’un mélange de cannelle, clous de girofle et miel. Il lança son produit sous le nom de Kina Safuran-shu, qui se vendit très bien.
À gauche, le bâtiment principal de Kina Safuran-shu Honpo. À droite, son entrepôt avec ses décorations particulières en stuc, du type koto-e.
Les décorations koto-e de la façade nord de l’entrepôt représentent les 12 animaux du zodiaque chinois, ainsi que d’autres motifs.
Le mot kina vient du nom japonais du Cinchona, un arbre dont l’écorce était utilisée pour traiter des maladies, y compris le paludisme. Tout comme le kina, le safran (safuran) était aussi une denrée rare, importée durant l’ère Meiji. L’utilisation des noms de ces deux ingrédients apportait un certain cachet au produit.
Yoshizawa transféra son commerce à Settaya en 1894, et commença a aussi produire du whisky et du vin, ce qui lui fit gagner une fortune. Passionné par la recherche et très dynamique, il put s’épanouir dans l’atmosphère libre de Settaya. Il consacra aussi beaucoup de temps et d’énergie à l’architecture et les jardins, construisant plusieurs bâtiments élégants et un jardin somptueux sur sa propriété immense.
Le jardin, qui n’est ouvert aux visites que le weekend, met en valeur l’esthétique particulière de Yoshizawa Nitarô. Il est dit que c’est Yoshizawa lui-même qui créa plusieurs des statues en pierre.
L’entrée de l’annexe, face au jardin, est surmontée de pignons karafuto ondulants. Dans le temps, les extrémités du toit étaient décorées de shachihoko (créature imaginaire en forme de carpe à tête de tigre), mais ceux-ci furent enlevés avec la crainte qu’un tremblement de terre ne les fasse tomber.
Yoshizawa mourut en 1941, à l’âge de 78 ans, et suite à la Seconde Guerre mondiale, le commerce commença à décliner. Finalement, le coût de l’entretien, y compris des bâtiments et murs du jardin, s’avéra trop élevé, et la propriété tomba en désuétude. Mêmes les habitants du coin oublièrent presque son existence.
Le jardin a été lourdement abimé dans le séisme de 2004, avec la perte de beaucoup de décorations koto-e qui sont tombés de l’entrepôt. Le prix d’une restauration était énorme, bien plus que ne pouvait budgéter un particulier.
Le Ishô-gura (entrepôt de vêtements) avant la restauration. Le tremblement de terre a fait tomber une partie du plâtre qui recouvrait le bâtiment.
Ayant examiné les dégâts suite au tremblement de terre et regardant de près les koto-e des entrepôts, un groupe communautaire a décidé qu’il fallait les préserver pour les générations futures et a commencé les démarches pour classer les bâtiments en temps que Biens culturels. Les bâtiments ont été dûment classés en 2006, et le travail de restauration a pu avancer.
En 2009, des résident locaux ainsi que des étudiants bénévoles se sont mis à désherber et nettoyer le jardin, qui a révélé au fur et à mesure ses structures et l’esthétique de Yoshizawa Nitarô. Le groupe a découvert des documents et objets de valeur dans les bâtiments, et en 2013, une association a été créée pour préserver le site. Le travail de restauration continue, et les jardins sont ouverts au public depuis 2015. Le bouche-à-oreille s’est répandu au sujet des magnifiques koto-e, et rapidement, des visiteurs ont afflué de tout le Japon.
La façade du côté est de l’entrepôt après la restauration, avec les koto-e représentant des animaux réels et imaginaires, ainsi que différentes variétés de plantes. L‘original est l’œuvre du maître plâtrier Kawakami Ikichi, un grand ami de Yoshizawa Nitarô, qui partageait son sens artistique.
L’entrepôt est maintenant une salle d’exposition avec de vieilles enseignes, publicités et des meubles qui y étaient stockés.
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