Le temple Zôjô-ji, une relique du bouddhisme et des shoguns Tokugawa en plein cœur de Tokyo

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Le temple Zôjô-ji est situé en plein cœur de Tokyo. Pendant l’époque d’Edo, il accueillait les shoguns de la dynastie des Tokugawa et abritait de nombreux bâtiments et monuments. Aujourd’hui, ce lieu chargé d’histoire est cependant devenu indissociable de la tour de Tokyo, qui se dresse fièrement non loin de l’édifice. Ce choc de deux époques apporte une touche unique à l’un des sites les plus emblématiques de la capitale nippone.

Une immense superficie

Autrefois, la superficie du temple Zôjô-ji avait atteint jusqu’à 83 hectares, s’agrandissant sans cesse à chaque construction d’un nouveau mausolée. À mesure que le pays s’est modernisé, les nombreux bâtiments et jardins qui se trouvaient autrefois dans l’enceinte du temple ont peu à peu laissé place à des routes et des structures modernes en béton. À l’apogée du temple Zôjô-ji, la porte San-gedatsu-mon était devenue la porte centrale plutôt que l’entrée principale, ce qui donne une idée de la superficie du site. Quant à la porte principale Daimon, elle se trouvait à l’est, à une distance d’exactement 108 ken (environ 200 mètres), un chiffre qui correspondrait au nombre de désirs terrestres dans la pensée bouddhiste. Aujourd’hui, une réplique très réduite marque l’endroit où se trouvait autrefois la grande porte. La porte Daimon a par ailleurs donné son nom à une station de métro.

Au début de la période Meiji, le gouvernement a réduit la taille du temple Zôjô-ji et a fait don du terrain à la ville de Tokyo, qui venait d’être fondée. En 2016, le gouvernement métropolitain a restitué le site du Daimon au temple Zôjô-ji.
Au début de l’ère Meiji, le gouvernement a réduit la taille du temple Zôjô-ji et a fait don du terrain à la ville de Tokyo, qui venait d’être fondée. En 2016, le gouvernement métropolitain a restitué le site de la porte Daimon au temple Zôjô-ji.

Au nord, le temple Zôjô-ji s’étendait jusqu’à Onari-mon, porte réservée aux visites de shoguns. Aujourd’hui, une station de métro porte son nom. Au sud, on trouve maintenant le parc de Shiba et l’hôtel Prince Park Tower, et à l’ouest, la fameuse tour de Tokyo. Les vastes enceintes comptaient 48 sous-temples ainsi qu’une centaine de structures pour abriter, selon certains témoignages, plus de 3 000 moines, disciples au temple. Le contrôle de propriétés dans des zones environnantes et plus lointaines assurait également à l’édifice un revenu substantiel.

La porte Nitenmon marquait autrefois l'entrée du Yûshô-in, le mausolée des shôguns du clan Tokugawa. Désigné Bien culturel d'importance nationale, il se trouve aujourd'hui sur un terrain appartenant au Tokyo Prince Hotel.
La porte Niten-mon marquait autrefois l’entrée du Yûshô-in, le mausolée des shoguns du clan Tokugawa. Désigné Bien culturel d’importance nationale, il se trouve aujourd’hui sur un terrain appartenant au Tokyo Prince Hotel.

Situé sur un terrain qui appartenait jadis au temple Zôjô-ji, le parc Shiba, l'un des premiers parcs publics au Japon.
Situé sur un terrain qui appartenait jadis au temple Zôjô-ji, le parc de Shiba, l’un des premiers parcs publics au Japon.

L’héritage du clan Tokugawa

Des traces des liens jadis profonds du temple Zôjô-ji avec le régime Tokugawa sont visibles encore aujourd’hui, çà et là, dans l’enceinte de l’édifice. Au nord se trouve une ancienne suibansha, lieu où les fidèles se purifient avant de prier. Le conteneur en pierre faisait à l’origine partie du Seiyô-in, le mausolée du fils du shôgun Iemitsu, Tokugawa Tsunashige. Il a été déplacé après que le tombeau a brûlé dans un incendie. En face se trouve un clocher abritant le Dai-bonshô. En 1673, lorsqu’il a été fondu, le Dai-bonshô était l’une des cloches les plus imposantes qu’on puisse trouver dans un temple à Edo et dans les régions environnantes.

Parmi les autres bâtiments liés au clan Tokugawa et qui ont échappé aux ravages de la Seconde Guerre mondiale, citons la porte Kuro-mon, construite au milieu du XVIIe siècle, et un kyôzô, un bâtiment dédié au stockage des sutras, vieux de 200 ans.

Le réservoir d’eau du mausolée de Tokugawa Tsunashige est toujours utilisé par les fidèles pour leurs ablutions.
Le pavillon de purifaction du mausolée de Tokugawa Tsunashige est toujours utilisé par les fidèles pour leurs ablutions.

Le Daibonshô, autrefois l'une des trois plus importantes cloches des temples de la ville d'Edo.
Le Dai-bonshô, autrefois l’une des trois plus importantes cloches des temples de la ville d’Edo (ancienne Tokyo)

La porte Kuromon, au sud de la porte Sangedatsu-mon, donation du troisième shogun Iemitsu.
La porte Kuro-mon, au sud de la porte San-gedatsu-mon, donation du troisième shogun Iemitsu

Le dépôt de sutras du temple Zôjô-ji, construit à l'origine en 1613. Reconstruit en 1799, il est aujourd’hui désigné Bien culturel de Tokyo.
Le kyôzô, où l’on y dépose les sutras du temple Zôjô-ji, construit à l’origine en 1613. Reconstruit en 1799, il est aujourd’hui désigné Bien culturel de Tokyo.

À proximité du pavillon principal Daiden se trouve l’un des édifices les plus importants du temple Zôjô-ji : l’Ankoku-den. Le bâtiment abrite une statue noire du Bouddha Amida. Elle aurait été sculptée par le moine Genshin (942-1017), dont les écrits influencèrent grandement la diffusion du bouddhisme de la Terre pure. Tokugawa Ieyasu lui-même aurait vénéré cette statue et serait venu se recueillir devant elle.

Mais parmi tous les éléments symbolisant le lien fort qui unit le clan Tokugawa au temple Zôjô-ji, le blason de famille est de loin le plus important : le mitsuba aoi. Composé de trois feuilles de mauve, on le retrouve sur les tuiles, les portes ou encore les sculptures en pierre dans l’enceinte du temple.

L'Ankokuden tient son nom du titre bouddhiste donné à Tokugawa Ieyasu, Ankoku-in. Les visiteurs peuvent s’y procurer des porte-bonheur et autres objets utilisés pour divers services bouddhistes.
L’Ankoku-den tient son nom du titre posthume bouddhiste donné à Tokugawa Ieyasu, Ankoku Tôshô Dai-gongen. Les visiteurs peuvent s’y procurer des porte-bonheur et autres objets utilisés pour divers services bouddhistes.

La statue noire du Bouddha Amida ; elle est exposée au public seulement trois fois par an, le 15 janvier, le 15 mai et le 15 septembre.
La statue noire du Bouddha Amida. Elle est exposée au public seulement trois fois par an, le 15 janvier, le 15 mai et le 15 septembre.

Le blason de la famille Tokugawa, orné des trois feuilles de mauve. On le retrouve sous les tuiles onigawara en forme d’ogre, sur le toit de l'Ankokuden.
Le blason de la famille Tokugawa, orné des trois feuilles de mauve. On le retrouve sous les tuiles onigawara en forme d’ogre, sur le toit de l’Ankoku-den.

La porte de bronze Inukimon du mausolée du clan Tokugawa. À l'origine, elle faisait partie du tombeau du sixième shôgun Tokugawa Ienobu
La porte de bronze Inuki-mon du mausolée du clan Tokugawa. À l’origine, elle faisait partie du tombeau du sixième shogun Tokugawa Ienobu.

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