Le royaume du thon : dégustations mémorables au port de Misaki

Gastronomie Tourisme

Kawamoto Daigo [Profil]

Une excursion d’une journée à Miura, que l’on appelle la « ville du thon », est une excellente occasion pour goûter du poisson tout frais pêché à prix très raisonnable. Un journaliste spécialiste du sujet nous emmène à la découverte du port de Misaki.

Un accès simple et rapide depuis Tokyo

Le port de Misaki, à l’extrémité sud-ouest de la péninsule de Miura, dans la préfecture de Kanagawa, a longtemps prospéré en tant que base de pêche en haute mer. Il abrite des navires de pêche de tout le pays, dont beaucoup viennent pour trouver le thon dans les riches eaux côtières. Ce n’est pas par hasard que la ville de Miura, où se trouve le port, est surnommé « ville du thon » (maguro no machi).

Le port est facilement accessible en train depuis Tokyo et ses environs sur les lignes Keikyû. Depuis la grande gare de Shinagawa par exemple, il faut 90 minutes pour atteindre la gare de Misaki-guchi, où les passagers peuvent ensuite prendre un bus à destination du port de Misaki (Misaki-kô) pour un trajet de 15 minutes. Les visiteurs trouveront la zone autour du port remplie de curieux venus essayer les restaurants spécialisés dans les plats de thon, ou visiter l’île pittoresque de Jôgashima et le parc marin Keikyû Aburatsubo.

Le panneau de la gare de Misakiguchi contient des lettres rouges écrites en hiragana phonétique qui changent la lecture en « Misaki Maguro Station » (Misaki Tuna Station), un clin d'œil humoristique à la renommée du port en tant que base pour la pêche au thon. (Photo de l'auteur)
Le panneau de la gare de Misaki-guchi. En haut à gauche de l’idéogramme « 口 » sont inscrits deux petits caractères katakana en rouge, qui forment avec l’idéogramme « 口 »  le mot « thon » (maguro). Un clin d'œil humoristique à la renommée du port en tant que base pour la pêche au thon. (Photo de l’auteur)

L'arrêt de bus du port de Misaki, situé en face du petit bâtiment à gauche, est entouré de restaurants spécialisés dans le thon.
L’arrêt de bus du port de Misaki, situé en face du petit bâtiment à gauche, est entouré de restaurants spécialisés dans le thon.

Un imposant marché de thon

À côté du port de Misaki se trouve une grande installation que les habitants appellent simplement le marché aux poissons de Misaki. Achevé au printemps 2018, il s’agit du premier marché japonais de thon congelé en gros. Certains jours, pas moins de 900 thons congelés bordent le marché, un nombre rivalisant avec le célébrissime marché aux poissons de Toyosu, à Tokyo.

Le marché aux poissons de Misaki est à 5 minutes à pied de l'arrêt de bus Misakikô. Le bâtiment à l'extrême droite est l'installation frigorifique où se déroulent les enchères de thon.
Le marché aux poissons de Misaki est à 5 minutes à pied de l’arrêt de bus du port de Misaki. Le bâtiment à l’extrême droite est l’installation frigorifique où se déroulent les enchères de thon.

La vente aux enchères de thon du marché de Misaki commence à huit heures du matin. Il m’est arrivé de visiter le site un samedi, lorsque le volume a tendance à être faible. Pourtant, il y avait 190 thons obèses (Thunnus obesus) et 10 thons rouges du sud (Thunnus maccoyii), dont beaucoup portaient des étiquettes indiquant qu’ils provenaient d’un navire taïwanais. Les acheteurs se promenaient pour vérifier soigneusement la qualité de la chair rouge exposée dans les sections transversales du marché.

Contrairement au style d’enchères animé du vaste marché de Toyosu, les acheteurs écrivent ici leurs offres de prix au kilo sur un bout de papier et les placent dans une boîte. Les résultats des enchères sont montrés sur un panneau d’affichage électrique situé sur un mur de la salle des ventes. Le thon obèse se vend généralement entre 500 et 1 800 yens le kilo (entre 4 et 14 euros). Le poisson le plus cher est utilisé pour les sushis et les sashimis, tandis que le thon au prix de 800 yens (6 euros) ou moins le kilo est généralement utilisé dans les rouleaux de thon haché et les aliments transformés.

Les acheteurs font la queue pour examiner la qualité du thon congelé. Le compteur en arrière-plan est l'endroit où les offres écrites sont soumises. (Photo de l'auteur)
Les acheteurs font la queue pour examiner la qualité du thon congelé. Le compteur en arrière-plan est l’endroit où les offres écrites sont soumises. (Photo de l’auteur)

Les visiteurs sont normalement autorisés à observer les enchères de thon depuis une galerie vitrée au deuxième étage, mais le marché de gros a été fermé au grand public pendant la pandémie de coronavirus et une date de réouverture n’a pas encore été décidée. Lors de la reprise des ventes aux enchères, les visiteurs peuvent demander à être accompagnés d’un bénévole qui leur expliquera le fonctionnement du marché de gros.

La vue de la vente aux enchères de thon depuis la galerie des visiteurs au deuxième étage. Actuellement, le marché est fermé au public. (Photo de l'auteur)
La vue de la vente aux enchères de thon depuis la galerie des visiteurs au deuxième étage. Actuellement, le marché est fermé au public. (Photo de l’auteur)

C’est l’heure de déguster

Dans la salle à manger située au deuxième étage du marché, les visiteurs peuvent savourer une variété de plats à base de thon frais et d’autres poissons locaux. La salle ouvre à 6 h et est rapidement remplie par des personnes travaillant dans le marché aux poissons ainsi que par des visiteurs qui viennent déguster un plat parmi les nombreuses offres du menu, comme les sashimis, les grillades et le poisson frit. La salle à manger est une des étapes préférées des groupes qui visitent l’ensemble de la péninsule de Miura.

La salle à manger du marché aux poissons propose des coupes de thon particulièrement rares. Elle est ouverte de 6 h 00 à 15 h 00 en semaine et de 6 h 00 à 16 h 00 le week-end et les jours fériés. Elle est généralement fermée le mercredi. (Photo de l'auteur)
La salle à manger du marché aux poissons propose des coupes de thon particulièrement rares. Elle est ouverte de 6 h à 15 h en semaine et de 6 h à 16 h le week-end et les jours fériés. Elle est généralement fermée le mercredi. (Photo de l’auteur)

Le petit-déjeuner spécial du jour comprend un choix de poisson grillé ou de sashimi. Le jour de ma visite, l’offre était composée de maquereau salé et grillé, de riz, de soupe miso, de nattô, d’un petit plat d’accompagnement et de cornichons, le tout pour seulement 610 yens (5 euros). Le personnel m’a dit que l’offre spéciale se vendait rapidement et a conseillé aux visiteurs de venir tôt. Le bol de thon, au prix de 1 400 yens (11 euros), préparé à partir de thon frais débarqué au port de Misaki est particulièrement populaire.

Le bol de thon comprend une généreuse portion de tranches de thon trempées dans une sauce salée et une garniture supplémentaire de délicieuses tranches de thon gras toro sur du riz. (Photo de l'auteur)
Le bol de thon comprend une généreuse portion de tranches de thon trempées dans une sauce salée et une garniture supplémentaire de délicieuses tranches de thon gras (toro) sur du riz. (Photo de l’auteur)

L’élément principal du menu est le plat du jour du marché composé de sashimis et de poisson grillé, coûtant 1 500 yens (12 euros). Le jour de ma visite, l’assiette de sashimi se composait de thon, de poisson mejina, de turban à cornes et de crevettes. Ces plats étaient accompagné de kama salé et grillé, de la chair de thon coupée autour des branchies.

Le deuxième produit le plus populaire est le plat spécial du marché, constitué de poisson frit et de sashimis locaux. L’ensemble comprend du chinchard frit, du bar japonais, des calamars et du stromaté du Japon accompagné d’une assiette de morceaux de thon hachés. Les portions suffisent pour être partagées par plusieurs personnes.

Le plat du jour du marché avec sashimi et poissons grillés. (Photo de l'auteur)
Le plat du jour du marché avec sashimi et poissons grillés. (Photo de l’auteur)

Suite > Urari : la place des spécialités locales

Tags

tourisme gastronomie mer poisson Kanagawa thon

Kawamoto DaigoArticles de l'auteur

Chef du département qui couvre la pêche à Jiji Press. Né à Tokyo en 1967. Diplômé de l’Université Senshû, il a rejoint Jiji en 1991. Suit le dossier du marché de Tsukiji depuis 25 ans. Auteur de Repo : the Tsukiji (Le marché de Tsukiji vu de l’intérieur).

Autres articles de ce dossier