
« Nada go-gô » : à la découverte de la plus grande région productrice de saké du Japon
Visiterle Japon
Gastronomie Région- English
- 日本語
- 简体字
- 繁體字
- Français
- Español
- العربية
- Русский
À la recherche de l’eau idéale
Sakura Masamune, maison fondée en 1717 à Nada, possédait deux sites à Uozaki-gô et Nishinomiya-gô. Ils utilisaient exactement les mêmes ingrédients et méthodes de brassage mais, tous les ans sans exception, le saké venant de Nishonomiya se trouvait être le meilleur. Et le résultat était resté le même malgré un changement de maitre-brasseur et d’ouvriers par Yamamura Tazaemon, qui était la sixième génération de la famille à gérer l’opération. Après bien des tâtonnements, il décida alors d’utiliser la même eau dans les deux endroits
Yamamura se mit à transporter de l’eau puisée à Nishonimiya le long des sept kilomètres qui séparaient les deux sites avec des attelages de bœufs. Les moqueries ne se firent pas attendre, nombreux étant ceux qui trouvaient qu’il perdait son temps. Le résultat fut toutefois au rendez-vous : le même saké délicieux put être produit sur les deux sites. L’eau faisait ainsi toute la différence, et elle reçut finalement le nom de miyamizu (abréviation de Nishinomiya et de mizu, qui signifie « eau »).
Sakura-en, dans l’arrondissement de Higashi-Nada, à Kobe, est le musée commémoratif de la marque Sakura Masamune. On y trouve d’anciens équipements de brassage de saké ainsi que de vieilles pancartes et bouteilles. Les visiteurs peuvent apprendre l’historique de la marque, profiter du restaurant et du café, et bien entendu déguster le saké.
Une boutique au sein de Sakura-en propose des sakés de la marque ainsi que des spécialités régionales qui s’allient bien avec la boisson.
Auparavant, le saké était principalement produit en hiver, et il perdait son goût après l’été, car le fer contenu dans l’eau menait à une atténuation de pigmentation et de goût. Mais l’eau miyamizu, bien que riche en minéraux, se trouve être très pauvre en fer. Le saké produit avec cette eau gardait non seulement son goût mais était encore meilleur en automne. Ce phénomène, qu’on appelle aki-bare (l’épanouissement d’automne) a permis d’augmenter davantage l’engouement pour le saké.
Les brasseurs de Nada go-gô se sont tous mis à creuser des puits pour profiter de l’eau de Nishinomiya. De nos jours, tous les puits creusés par les grandes maisons de saké sont concentrés sur une superficie de 500 mètres carrés seulement !
Un petit monument en pierre marque le site de la découverte de l’eau miyamizu.
Des anciennes traditions et des nouvelles
Vers la fin du XIXe siècle, les brasseurs de Nada ont commencé à se servir de moteurs à vapeur et ont pu lancer la production de masse. Ils ont aussi été les premiers à employer des bouteilles en verre, désormais omniprésentes. Si le saké de Nada n’est plus aussi populaire qu’il ne l’a été, les brasseurs de la région continuent à prospérer grâce à des méthodes innovantes et une bonne gestion.
Un historique des emballages de saké. Au départ, on utilisait des bouteilles en porcelaine qui avaient la forme de bouteilles occidentales, puis ce fut le tour des bouteilles en verre produites au Japon. L’évolution des bouchons est une indication des difficultés à trouver l’emballage idéal.
Gotô Mamoru, le directeur du musée de Kiku-Masamune nous explique : « De nos jours, des marques comme Kiku-Masamune et Hakutsuru ont une image de saké grand public, mais je pense que les brasseurs de Nada continuent de prospérer en alliant tradition et innovation. En dehors de nos sakés à bas prix, nous continuons le brassage traditionnel kimoto sans rajout d’acide lactique pour accélérer la fermentation. Le brassage kimoto est plus lent et chronophage mais c’est ce savoir-faire qui nous permet de produire de bons sakés à des prix abordables. »
Des sakés populaires tels le Kikumasa-pin avec son motif de chrysanthèmes, et le Maru de Hakutsuru, vendus en cubi, ainsi que One-Cup Ôzeki en portions individuelles, se vendent bien depuis des années grâce à leurs prix raisonnables et leur bon goût. Même si la région de Nada a prospéré grâce à son saké et maintient ses traditions, ses brasseurs restent ouverts aux changements. Nada a tiré profit de sa situation géographique et des richesses de la nature, mais ce succès a été soutenu par l’esprit d’entreprise et la perspicacité de familles tels les Kanô et les Yamamura, qui ont su exploiter les opportunités qui se sont présentées.
La production de Kiku-Masamune rassemble tradition et innovation. À gauche, le Hyakumoku, élaboré à 100 % avec du riz Yamada-nishiki venant des meilleures rizières. Au milieu, le Taru Sake qui vise à reproduire le goût du saké en fût exporté vers la capitale pendant l’époque d’Edo. À droite, le Shiboritate Ginpaku qui, malgré son conditionnement en carton reproduit la fraicheur d’un saké fraichement brassé.
Pour beaucoup de Japonais, le nom Nada évoque Nada kôkô , l’un des meilleurs lycées du Japon. Cet établissement a été fondé en 1927 grâce à des dons provenant des familles Hon Kanô, Haku Kanô et Yamamura. Il est dit que le fondateur du judo Kanô Jigorô, qui était à l’époque directeur de l’établissement Tokyo Higher Normal School (devenu par la suite l’Université de Tsukuba) a pris en charge la politique éducative et le recrutement des enseignants. Cette approche qui donnait la priorité au côté humain traduisait bien l’esprit de la région de Nada go-gô.
Le musée de la brasserie Kiku-Masamune
Musée de la brasserie Kiku-Masamune
- Adresse : 1-9-1 Uozaki-nishimachi, Higashi-Nada-ku, Kobe-shi, Hyôgô-ken
- Fermeture annuelle : du 30 décembre au 4 janvier
- Horaires : Ouvert de 9 h 30 à 16 h 30. Une réservation est nécessaire pour les groupes.
- Entrée : Gratuite
- Accès : 10 minutes à pied de la gare d’Uozaki par Hanshin Electric Railway, ou 2 minutes à pied de l’arrêt Minami-Uozaki sur la ligne Rokkô Liner.
Le musée commémoratif de Sakura-en
- Adresse : 4-3-18 Uozaki Minamimachi, Higashi-Nada-ku, Kobe-shi, Hyôgô-ken
- Fermé le mardi
- Horaires : Le café Sakura Kura est ouvert de 10 h à 19 h. Le restaurant Sakura-en est ouvert de 11 h 30 à 15 h et de 17 h à 22 h. Le bar à saké Sanbai-ya est ouvert de 17 h 00 à 22 h. Les dernières commandes sont acceptées une heure avant la fermeture.
- Accès : 5 minutes à pied de la gare d’Uozaki par Hanshin Electric Railway, ou 5 minutes à pied de l’arrêt Minami-Uozaki par la ligne Rokkô Liner.
Source de l’eau miyamizu
(Reportage, texte et photos de Nippon.com. Avec l’aimable collaboration de l’Office de tourisme de Kobe.)