À travers les meilleures sources thermales du Japon [20] : les eaux préhistoriques d’Arima, à Kobe

Un lieu illustre apprécié des empereurs et des seigneurs

Selon le Nihon Shoki (Annales du Japon), l’un des plus anciens textes existant au Japon, qui date de 720, l’empereur Jomei serait resté à Arima pendant trois mois en 631. Sei Shônagon, auteur des Notes de Chevet (vers l’an 1000), et l’érudit confucéen de l’époque d’Edo Hayashi Razan ont également célébré ces sources.

Un classement des sources chaudes de l’époque d’Edo affiché dans l’établissement Kin-no-yu d’Arima. Et justement, Arima y est classé à égalité avec les bains thermaux de Kusatsu, dans la préfecture de Gunma.

Les fondations du canton ont été posées par l’éminent prêtre bouddhiste Gyôki dans les années 700. Mais c’est le shogun Toyotomi Hideyoshi (1537–98), visiteur régulier de la région, qui a vraiment développé l’endroit. Lorsqu’un violent tremblement de terre en 1596 a endommagé de nombreux bâtiments et provoqué une augmentation de la température des eaux de source, Hideyoshi a entrepris une importante et efficace revitalisation d’Arima. Ses sources ont ainsi fonctionné pendant 350 ans sans qu’il soit nécessaire d’apporter de nouvelles améliorations à l’infrastructure de base des thermes, et de nombreux bâtiments et spécialités locales portent le nom de Hideyoshi, en signe de gratitude de la communauté envers l’homme qui a posé les bases de plusieurs siècles de prospérité.

Une statue de Hideyoshi au pied du pont Taikô, sur la rivière Arima

Le parc Shinsui de la rivière Arima vu du pont Taikô. Remarquez l’étang en forme de calebasse, qui était l’une des armoiries de Hideyoshi.

Se baigner dans une source préhistorique

La raison de l’existence même de la source a longtemps été un mystère. Alors que l’importante activité géothermique du Japon est dû à sa condition d’archipel parsemé de volcans, il n’en existe aucun autour d’Arima. Ce n’est qu’en 2003 qu’une théorie a émergé pour expliquer la présence d’une source thermale dans une zone sans volcans : les îles du Japon chevauchent quatre frontières de plaques tectoniques. Lorsque la plaque de la mer des Philippines se déroule sous la plaque eurasienne sur laquelle se trouve le Japon, l’humidité contenue dans les roches, qui se trouvent à 60 kilomètres sous la surface, est réchauffée par le manteau terrestre et jaillit vers le haut... Cela a donné la source d’Arima.

Puisque les plaques se déplacent très lentement, il faut environ 6 millions d’années pour que l’eau de mer se transforme en source géothermique. Les minéraux des roches, en se dissolvant dans l’eau pendant des millénaires, font de la source d’Arima l’une des meilleures du Japon.

De la vapeur s’échappe de l’une des sources d’Arima.

Les thermes publics Kin-no-yu. (Photo avec l’aimable autorisation de l’Office de tourisme de Kobe)

Une source d’or et une source d’argent

Arima est situé à 30 minutes des stations de métro Sannomiya ou Shin-Kobe. Il existe également un service de bus direct qui vous conduira à cette charmante station thermale en seulement 45 minutes depuis Sannomiya. Depuis Osaka, le trajet dure environ une heure. Arima constitue un endroit idéal pour une évasion d’une journée sans trop s’éloigner de la ville.

La zone thermale rétro de Yumotozaka se trouve à seulement 3 minutes à pied de la gare d’Arima Onsen, sur la ligne Kobe Electric Railway.

Il existe deux principaux types de sources thermales à Arima Onsen. L’une est très acide, riche en sels de fer, connue sous le nom de « source d’or » (kinsen), car elle s’oxyde au contact de l’air et prend une couleur brun rougeâtre caractéristique. L’autre est une source carbonée qui ne change pas de couleur après le surfaçage, connue sous le nom de « source d’argent » (ginsen). Il existe de nombreuses installations d’hébergement dans la région offrant à la fois des chambres pour la nuit et un accès par jour aux eaux. Les établissements Kin-no-yu et Gin-no-yu (respectivement une « source d’or » et une « source d’argent »), qui sont tous deux ouverts aux visiteurs d’un jour, sont de bonnes options peu coûteuses. De nombreux visiteurs achètent un billet à 850 yens qui donne accès aux deux installations afin de pouvoir profiter des deux types de sources.

Deux bains de pieds gratuits sont installés à l’extérieur de Kin-no-yu, et la zone de baignade se situe à l’étage de l’établissement, avec un bain chaud à 44°C ainsi qu’un bain (un peu) plus frais, à 42°C...

L’établissement Kin-no-yu, qui est une « source d’or »

Il vous suffit juste d’une petite serviette pour profiter du bain de pieds. Il se trouve à proximité du Kin-no-yu.

L’établissement Gin-no-yu contient un mélange de dioxyde de carbone et de sels de radium. L’établissement propose également un sauna à vapeur et des jets d’eau en cascade qui peuvent être utilisés pour masser les épaules.

Ce puits produit de grandes quantités d’eau riche en gaz carbonique à 18,6°C.

Gin-no-yu est entourée de nombreux sanctuaires et temples.

Les eaux de Gin-no-yu font partie de la source d’argent, réputée pour ses qualités rajeunissantes. (Photo avec l’aimable autorisation de l’Office de tourisme de Kobe)

Kin-no-yu

• Adresse : 833 Arimachô, Kita-ku, Kobe-shi
• Horaires : 8 h 00 à 22 h 00 (dernière entrée à 21 h 30). Fermé le deuxième et quatrième mardi du mois et le lendemain d’un jour férié ainsi que le 1^er janvier.
• Tarifs : 650 yens pour les collégiens et au dessus. 340 yens pour les élèves de primaire.

Gin-no-yu

• Adresse : 1039-1 Arimachô, Kita-ku, Kobe-shi
• Horaires : 9 h 00 à 21 h 00 (dernière entrée à 20 h 30). Fermé le premier et troisième mardi du mois et le lendemain d’un jour férié ainsi que le 1^er janvier.
• Tarifs : 550 yens pour les collégiens et au dessus. 290 yens pour les élèves de primaire.

À la rencontre des geisha du coin

Arima est connu pour être le seul endroit de la préfecture de Hyôgo où vous pouvez trouver des geisha. Elles sont sollicitées lors des banquets dans les auberges ryokan et exécutent des danses, des chants traditionnels ainsi que d’autres arts. Cependant, les geisha sont hors de portée du simple touriste, qui ne saurait combien il en coûte pour louer les services de l’une d’entre elles ou quelles sont les règles de courtoisie attendues... Il existe cependant un endroit qui a changé la donne, Geiko Cafe Ito (geiko est l’autre nom pour geisha). Ouvert depuis 2015, l’établissement souhaite offrir aux visiteurs étrangers un avant-goût de la culture des geisha, en leur faisant recontrer ces authentiques artistes pendant la journée.

Les geisha Ichimari (à gauche) et Ichiharu devant le Geiko Café Ito

« Contrairement à Kyoto, où un nouveau visiteur ne peut pas rentrer dans une maison de geisha sans être appuyé par un intermédiaire, ici, vous pouvez simplement demander à votre hôtel ou ryokan de faire venir une geisha pour vous divertir. Beaucoup de nos clients sont en fait des femmes. Elles sont intéressées par les kimonos, le maquillage, et posent de nombreuses questions », explique Ichimari. Celle-ci nous informe également que l’établissement sert du thé vert, du café, des gâteaux japonais à des prix similaires à ceux des cafés locaux, permettant aux clients de discuter avec les artistes d’une manière qu’ils n’auraient jamais cru possible. Le café propose des danses et d’autres performances sur sa scène spécialement conçue. Les clients apprécient particulièrement de pouvoir se faire prendre en photo avec une geisha.

Les performances mettent en valeur le style attrayant du kimono et les gestes élégants de la geisha.

Geiko Cafe Ito

• Adresse : 821 Arimachô, Kita-ku, Kobe-shi
• Horaires : 11 h 00 à 15 h 00. Fermé le mercredi et jeudi. Peut occasionnellement fermer d’autres jours.
• Tarifs des performances dansantes : à partir de 1 500 yens.

Des temples fascinants

À Onsen-ji, initialement construit au VIII^e siècle, les visiteurs peuvent réserver des cours de méditation zen et profiter d’un cours de fucha ryôri, un style de cuisine bouddhique végétarienne originaire de Chine. Le temple Gokuraku-ji, construit par le prince Shôtoku (574-622), est le site où les ruines du palais Yunoyama de Hideyoshi ont été découvertes.

Il est fortement recommandé aux visiteurs de se rendre au Nenbutsu-ji, construit à l’époque de Muromachi (1333-1568). Le site sur lequel se trouve ce temple aurait abrité l’une des résidences de l’épouse de Hideyoshi, Nene. En juin 2019, un salon de thé nommé Citta a été ouvert dans le temple, offrant aux clients un endroit pour déguster une boisson tout en admirant le jardin orné de grands sals, des arbres originaires d’Asie du sud. La porte en pierre remonte aux années 1600. Un plat particulièrement populaire est le curry sec, fabriqué par la femme de l’ancien prêtre en chef, qui ne cuisine que 10 portions par jour. Aucune eau n’est utilisée pour faire le curry, qui est cuit pendant six heures dans le jus des pommes et des légumes utilisés, avec un peu de vin.

Le bâtiment principal du temple Nenbutsu-ji

Savourez un délicieux curry sec tout en admirant le jardin. Même les cornichons sont faits maison.

Salon de thé Citta du temple Nenbutsu-ji

• Adresse : 1641 Arimachô, Kita-ku, Kobe-shi
• Horaires : 9 h 00 à 17 h 00. Fermé le jeudi.

Pour ceux qui souhaitent emprunter la route panoramique, il est possible de se rendre aux sources chaudes d’Arima via le téléphérique Rokkô et Rokkô Arima. Les amateurs de randonnée peuvent grimper jusqu’au sommet des monts Rokkô, avant d’apaiser leur fatigue dans les eaux vieilles de 6 millions d’années au sein de la célèbre source thermale.

Le téléphérique Rokkô Arima glisse au-dessus des fleurs d’automne. (Photo avec l’aimable autorisation de l’Office de tourisme de Kobe)

Kobe face à la mer, depuis la terrasse du jardin Rokkô. (Photo avec l’aimable autorisation de l’Office de tourisme de Kobe)

(Photo de titre : la source thermale à l’intérieur du sanctuaire Arima Tenjin. Photo avec l’aimable autorisation de l’Office de tourisme de Kobe. Reportage et texte de Nippon.com. Photos de Nippon.com sauf mention contraire)